Les jésuites à Taïwan

Entre Taïwan, Macao, Hong Kong et le « continent » se dessine un espace de circulation pour la formation et la recherche.

La Province de Chine, un petit groupe de prêtres et de frères dont plusieurs ont dépassé « l’âge de la retraite » dans le civil, poursuivent une trace commencée par saint François Xavier, les jésuites portugais de Macao et Matteo Ricci.

La faculté de théologie de Fujen

L’édifice des facultés jésuites sur le campus de l’université Fu Jen

L’institution qui compte le plus dans la Province est la faculté de théologie en bordure de l’Université catholique Fujen à Taïpei. C’est là que sont formés les jésuites destinés à travailler dans la Province. Les Provinces de Corée et du Vietnam y envoient aussi certains de leurs jeunes jésuites. Sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus y enseignent différents ordres religieux et des prêtres séculiers. La possibilité d’y former depuis deux ans des religieuses et des séminaristes venus de l’autre côté du détroit de Taïwan indique que cet espace chinois n’est pas l’agrégat de quatre entités : « le continent », Macao, Taïwan, et Hong-Kong. C’est un espace dans lequel on circule. Des séminaristes du continent chinois viennent étudier la théologie à Taïwan, deux jésuites français enseignent la philosophie dans deux Universités à Canton et Shanghai. Un jésuite suisse a fondé avec des universitaires chinois un Centre pour l’éthique des affaires dans la capitale.

Yves Nalet baptisant dans sa paroisse de montagne

Des initiatives récentes renouent avec la tradition

Un groupe d’universités jésuites américaines propose à leurs étudiants une formation à la Chine en Chine. Pékin Yves Nalet baptisant dans sa paroisse de montagne accueille ce centre dont la mission est de rapprocher futurs ingénieurs et gestionnaires des réalités du pays avec lequel un jour ou l’autre ils seront en contact. La mémoire du Shanghaïen Xu Guang-qi, disciple et ami de Ricci, a été encore évoquée avec l’ouverture à l’Université Fudan de l’Institut pour le Dialogue Xu-Ricci, inauguré le jour du 400ème anniversaire de la mort de Matteo Ricci.

Enseignement et recherche

La Compagnie à Macao, Hong-Kong et Taïwan est directement ou indirectement impliquée dans la gestion de quatre collèges et lycées. Un projet d’Université jésuite réunissant d’autres universités de par le monde pourrait voir prochainement le jour à Hong-Kong.

Ces institutions d’enseignement ou de recherche comme les Instituts Ricci de Macao et de Taïpei doivent faire preuve de souplesse et de créativité pour continuer à offrir une plate-forme qui réunit des laïcs de tous horizons qui tiennent beaucoup à la « marque jésuite » alors que leurs effectifs se raréfient. Seulement huit jésuites français sont présents sur le continent chinois, à Macao, Hong-Kong ou encore Taïwan. Ils apprennent à travailler davantage avec des laïcs et à lancer des initiatives dont le fruit n’est plus leur seul apanage, qu’il s’agisse de publications comme Renlai (Institut Ricci de Taïpei) de Chinese Cross Currents (Institut Ricci de Macao) ou encore des productions du studio de télévision Kuangchi Program Service de Taïpei.

Femme aborigène de Taïwan

Des paroisses

Les ministères traditionnels ne sont pas délaissés. Nous avons la responsabilité de deux grosses paroisses urbaines à Taïpei et d’un district pastoral en zone aborigène dans les montagnes à l’entour de Hsinchu (environ 500 000 sur une population de 23 millions de taïwanais). Cette présence aux deux extrêmes du spectre social marque la volonté de la Compagnie de rester au travail dans le tissu ordinaire de l’Église de l’île. Yves Nalet, quand il ne participe pas aux conseils d’administration de deux centres sociaux à Hsinchu ou à Taïpei, sert une paroisse de montagne très étendue. La population des migrants à Hong-Kong, Macao et Taïwan nous met en contact avec une Asie du sud-est moins avancée dans la voie du développement. Le centre social de Taïpei est souvent un recours pour ces « petites mains » de la croissance économique souvent privées de leurs droits.

La Province de Chine peut sembler une mosaïque composée de reliefs du passé, mais le défi de transformer nos institutions pour les rendre viables, le désir de trouver des moyens nouveaux pour dire la Bonne Nouvelle peut nous garder humbles et ouverts aux attentes de ce monde.

P. Jacques Duraud sj

> En savoir plus :
Le site Erenlai
Les quatre Instituts Ricci en dialogue avec le monde chinois
Le site de l’Institut Ricci de Paris
Le père Lefeuvre († 2011)  : la mémoire jésuite de Taiwan
L’Université catholique Fujen

Photo : © Jésuites PAO

Article publié le 10 mars 2012

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