La bande dessinée chrétienne : si riche, mais trop confidentielle

Genre largement méconnu du grand public, la BD chrétienne a entamé un virage majeur pour se démarquer et mieux se faire connaître. L’objectif avoué de l’asbl CRIABD, qui multiplie les initiatives pour amener les maisons d’édition d’importance et le grand public à s’y intéresser de plus près. 

Un article de Philippe Degouy, du journal hebdomadaire Dimanche 

De la bande dessinée chrétienne, les fans du 9e Art connaissent sans nul doute les classiques réalisés par Jijé alias Jospeh Gillain (1914-1980). Comment passer sous silence ses biographies de Don Bosco, Baden Powell, Emmanuel ou Bernadette Soubirous ? Des albums qui restent aujourd’hui encore des classiques indémodables, témoins du talent et de l’expression de la foi de l’artiste, maître incontesté de la BD belge. Depuis, la BD chrétienne a poursuivi son chemin, en se réinventant, sous la plume de nouveaux auteurs. Dont les noms restent inconnus pour beaucoup d’entre nous. Qu’importe, le principal n’est-il pas de souligner la valeur du média pour véhiculer la Bonne Nouvelle? Une BD chrétienne qui se divise en trois grandes catégories: les BD qui adaptent une partie de la Bible, celles qui brossent le portrait de grands témoins de la religion, comme le récent François. Enfin, il y a les albums qui traitent parfois très librement d’un thème religieux. Non sans humour parfois, comme la série Le Voyage des Pères signée David Ratte (éditions Paquet).

Des promoteurs enthousiastes

En Belgique, le CRIABD (Centre Religieux d’Information et d’Analyse de la BD), asbl fondée par le frère jésuite Roland Francart en 1986, ne manque ni d’idées, ni de volonté pour diffuser au mieux ce genre littéraire au sein du grand public. Quelle est la situation de la BD chrétienne actuelle? Le président de l’asbl, Philippe de Mûelenaere livre d’abord quelques chiffres concernant le nombre d’albums publiés : « On tourne entre 25 et 30 albums par an, ce qui est à la fois beaucoup et peu. Il faut comparer ce total à une production de BD francophones de quelque 5000 tomes par an. Ce qui est remarquable depuis quelques années, c’est de voir que des maisons d’édition d’importance publient des albums d’inspiration chrétienne. Dargaud ou Glénat entre autres . »

Certes, mais comment expliquer la relative discrétion de la production chrétienne? « C’est dû notamment au fait qu’une partie des albums sont de diffusion plutôt confidentielle, publiés par des ordres religieux et pas diffusés par des grandes maisons d’édition. Au CRIABD, notre approche est d’encourager les éditeurs d’importance à publier des albums qui véhiculent des valeurs chrétiennes. » Dans cette perspective, Philippe de Mûelenaere est particulièrement satisfait de pouvoir annoncer que l’asbl qu’il préside est en relation avec un éditeur d’importance pour publier avec de grands auteurs une biographie du prêtre jésuite Matteo Ricci. « Une sortie en lien avec le nouveau collège situé à Bruxelles », précise-t-il.

Une BD chrétienne à des fins de partage Du côté des acteurs religieux, on considère en tout ce genre littéraire comme le tremplin idéal pour une réflexion plus profonde sur les valeurs chrétiennes. Sur ce qui doit interroger tout honnête homme. Comme le dit encore Philippe de Mûelenaere, « la BD est une façon idéale de faire partager l’Evangile. Et pas seulement avec les plus jeunes ». Le travail de diffusion est encore long mais la foi peut déplacer des montagnes (de BD).

Source : Journal Dimanche du 15 septembre 2019. Publication avec l’autorisation de l’éditeur. 

À ne pas manquer : le prix européen Gabriel de la BD chrétienne et le CRIABD au festival belge de la BD

Le CRIABD sera présent au festival de la BD qui se tiendra dans le parc Royal de Bruxelles, du 13 au 15 septembre 2019.

Il décernera à cette occasion le prix européen Gabriel de la BD chrétienne. La récompense sera décernée à l’album François, une biographie de Jorge Bergoglio, premier pape sud-américain… et jésuite (éditions Les Arènes). Quant au prix du Coup de cœur, le jury du CRIABD, composé d’une quinzaine de spécialistes de la BD, l’offre à Jean Evesque pour son album Le mystère de l’icône cachée (éditions des Béatitudes).

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