« La lecture de Laudato si’ a été le ciment dans ma vie » : témoignage d’Alexandre Poidatz
Alexandre Poidatz, responsable de plaidoyer sur les enjeux de climat et d’inégalités dans une ONG, revient sur son parcours de militant et de chrétien et développe sa vision de la « lutte écologique » pour l’Église et la société.
J’ai été militant écolo avant d’être chrétien. La lutte écologique est un combat matériel, mais aussi spirituel. Grâce à la pédagogie ignatienne et aux expériences vécues à Fondacio, j’ai compris que l’écologie n’était pas seulement politique mais aussi humaine : elle nous invite à nous interroger sur nos rapports à soi, aux autres et au monde.
Sobriété et authenticité
La meilleure incarnation de l’écologie humaine est le Christ. L’Évangile m’a fait prendre conscience que la sobriété est liée à l’authenticité. Jésus se contente de peu matériellement et accueille chaque être humain tel qu’il est. Il n’est pas à la recherche d’un pouvoir ni d’une croissance infinie, il voit l’intensité de la vie dans une rencontre. Mais il n’est pas naïf, il lutte aussi contre les injustices.
La lecture de Laudato si’ a été le ciment dans ma vie, cela m’a permis de tout lier. Je me sens en équilibre et authentique lorsque je marche sur mes deux jambes : faire acte de citoyenneté en contribuant à une transformation politique systémique et œuvrer à une transformation éthique personnelle.
Nommer les structures de péché
Selon moi, les milieux écolos ont besoin de contemplation et auraient profit à entendre une parole sur la relation au temps et à la joie.
Ralentir le rythme est important pour lutter contre le système. La lutte écologique ne doit pas faire oublier les humains : aller dans une manifestation pour le climat sans regarder le SDF sur son chemin est incohérent.
L’Église, de son côté, a besoin de lutter. Elle doit entendre la nécessité d’une fermeté face aux structures de péché. Les militants sont très inspirants dans leur capacité à faire acte de citoyenneté et leur invitation à ne pas être consommateurs passifs.
Théorie et pratique
En tant que chrétien, on est appelé à s’engager en faveur de l’intérêt général. Je souhaite que l’Église puisse montrer l’exemple, en théorie mais aussi en pratique. Par cela, j’entends nommer concrètement quelles sont les structures de péché.
Par exemple, en juin 2023, l’Église anglicane a annoncé son désinvestissement des majors du pétrole et du gaz (Shell, BP, Total ) après les avoir prévenues dès 2018 qu’elle les exclurait si elles n’étaient pas alignées sur un scénario limitant le réchauffement à 1,5° C d’ici 2023.
Alexandre Poidatz
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Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (automne 2023), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement numérique et papier est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien.
« On sort les voiles ! » : dossier sur l’écologie intégrale
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Début 2022, les jésuites partageaient un premier état des lieux de la transition écologique et sociale de leur Province. Ce dossier donne la parole du P. Xavier de Bénazé sj, délégué du Provincial pour la transition écologique et s’inscrit dans la continuité de ce mouvement doux et certain. Sont abordés les sujets du bilan carbone de la Province jésuite, de la mise en mouvement des établissements scolaires et de la naissance d’un écocentre spirituel au Châtelard près de Lyon.
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Article publié le 15 septembre 2023