La Messe qui prend son Temps, une initiation au trésor de la spiritualité ignatienne
Chaque dimanche soir, près de 200 étudiants et jeunes professionnels de 18 à 35 ans se retrouvent à l’église jésuite Saint-Ignace, 33 rue de Sèvres à Paris, pour la Messe qui prend son Temps, communément appelée la « MT ».
Lancée à Paris, en 1999, elle fête cette année ses 25 ans. Elle a, depuis, largement dépassé les frontières de l’église Saint-Ignace : Toulouse, Lille, Bordeaux, Lyon… mais aussi en Angleterre, Italie, Canada, Suisse…
Fruit de toute une réflexion menée après le concile Vatican II, l’intuition de fondation de la MT s’appuie sur la conviction du cardinal jésuite Mario Martini selon laquelle, dans la société occidentale d’aujourd’hui, complexe et sécularisée, il est très difficile de persévérer dans la foi sans se nourrir personnellement de la Parole de Dieu.
Ce qui fait le cœur de la proposition et la spécificité de la MT : au lieu des 60 minutes habituelles, cette messe s’allonge volontiers d’une demi-heure supplémentaire, dédiée à l’écoute de la Parole, à la prière personnelle et au partage en petits groupes. Après avoir entendu deux fois l’Evangile et avoir reçu des points pour la prière, vingt minutes de silence sont donc offertes aux jeunes pour qu’ils puissent prier personnellement avec la Parole de Dieu à l’aide de la méthode que propose Ignace de Loyola dans les Exercices Spirituels. Chacun est libre de « sentir et de goûter les choses intérieurement », pour reprendre les mots de saint Ignace. Objectif : que les jeunes s’exercent à la contemplation et au discernement.
Je crois qu’il est important d’avoir conscience que, d’un point de vue liturgique, la proposition des vingt minutes de prière personnelle au cœur d’une messe est paradoxale. Nous n’allons pas à la messe pour faire notre prière personnelle. Pour cela, Jésus nous invite plutôt à nous retirer dans notre chambre, à fermer la porte, et là, dans le secret, à parler au Père (Mt 6, 6). La liturgie est tout le contraire ! Étymologiquement, il s’agit d’un service rendu par le peuple de manière collective. Par essence, la liturgie est communautaire ! La proposition faite par la MT est donc osée, mais ce n’est pas par ignorance. Bien au contraire, c’est par souci pédagogique. L’objectif est de faire entrer dans une expérience, l’expérience de se laisser toucher personnellement par la Parole de Dieu, comme nous pouvons l’être lorsque nous vivons une retraite selon les Exercices spirituels. En somme, avec cette proposition, les jésuites offrent une initiation au trésor de ce qui fait le cœur de leur spiritualité.
Après les vingt minutes de silence, un temps est offert pour le partage. Qu’est ce qui m’a touché ? Qu’est-ce que je garde de mon temps de prière ? Chacun est invité à se tourner vers ses voisins, ses voisines, et à dire quelque chose de sa prière. Avec ce partage de la Parole, la célébration retrouve toute sa dimension collective.
La Messe qui prend son Temps s’inscrit aujourd’hui dans un ensemble beaucoup plus large de propositions faites par Magis Paris. La MT, messe pour les jeunes, est portée par les jeunes eux-mêmes. C’est un lieu extraordinaire de synodalité. En plus de l’équipe de prêtres et de religieuses ignatiennes qui assurent les présidences eucharistiques et les permanences de confessions, pour les uns, et les permanences d’écoute pendant la messe, pour les autres, plusieurs équipes de jeunes portent activement la proposition : la music team, l’équipe de la Parole, la diaconie, l’équipe cuisine (car nous dînons régulièrement ensemble après la messe), l’équipe de préparation aux sacrements…
Ce que nous attendons de la visite du P. Arturo Sosa sj
Nous serons heureux de pouvoir faire découvrir la vitalité de notre communauté au Père Général qui nous rendra visite le dimanche 15 septembre prochain.
Benoît Thévenon sj,
coordinateur de MT
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- Site internet de La Messe qui prend son Temps
Article publié le 9 septembre 2024