La mission des établissements scolaires jésuites : une belle mission à la saveur partagée
Depuis la réforme de 2008, le réseau des établissements scolaires jésuites de France s’est donné une nouvelle visibilité (Ignace de Loyola – Éducation) et des moyens renforcés pour assurer la mission d’éducation qui lui est confiée.
Année après année, des chantiers se sont succédés pour mettre en musique la réforme désirée : mise à jour des statuts des associations locales (responsables et propriétaires), rédaction des caractéristiques d’un établissement scolaire jésuite, confection d’une charte pastorale (voir encadré à ce sujet) et, dernier chantier en cours, la « jeunesse défavorisée ». (Voir plus bas la mise en œuvre toulousaine du « chantier Jeunesse défavorisée »)
Le réseau a également connu des transformations. Des fusions ont conduit parfois à confier un établissement à une autre tutelle (comme ce fut le cas au Mans en 2012) ou, à l’inverse, d’en accueillir un nouveau (comme c’est le cas cette année 2013 avec l’établissement scolaire Sévigné de Saint-Étienne qui rejoint l’ensemble scolaire Saint-Michel). Trois expressions peuvent faire saisir les enjeux actuels des établissements scolaires jésuites.
Le réseau Ignace de Loyola – Éducation en quelques chiffres
• 14 établissements scolaires,
• 21 000 élèves, dont 2 000 en supérieur,
• Une quarantaine de jésuites impliqués de près ou de plus loin,
• Un centre de formation, le Centre d’études Pédagogiques Ignatien (CEP-I).
Pratiquer le Magis et abandonner les discours sur l’excellence
Ce défi est énorme tant nous sommes habitués depuis longtemps à identifier école jésuite aux mots d’excellence et d’élitisme. Le Père Dominique Salin sj a montré dans une conférence combien ce vocabulaire peu ignatien était lié, en réalité, à la refondation de la Compagnie de Jésus en 1814 (note 1).
Mais à l’origine, il n’en était pas ainsi. La pédagogie jésuite ne parie pas sur l’excellence mais sur une dynamique collective qui pousse chacun à faire un pas de plus (le fameux magis jésuite, qui peut se traduire en français par davantage). Pas de superlatif donc. Il ne s’agit pas d’avoir des élèves qui écrasent les autres, mais des classes qui se soutiennent et s’entraident pour avancer ensemble. Comme chacun sait, la devise des jésuites n’est pas « pour la plus grande gloire de Dieu » mais « pour une plus grande gloire de Dieu » (Ad Majorem – et non maximam – Dei Gloriam). Des pratiques et des mentalités seront sans doute lentes à changer.[note 1 : Conférence à lire sur www.ignace-education.fr/Elitisme-le-mythe-de-l-excellence ]
L’art de collaborer : laïcs-jésuites… et jésuites-laïcs !
Peu le savent : l’identité jésuite d’une œuvre n’est pas seulement liée au nombre de jésuites qui y travaillent. Ignace a fondé beaucoup d’œuvres dont il a tout de suite confié la gestion à des confréries de laïcs. Aujourd’hui encore, des formes de partenariat se cherchent et se trouvent. L’association Ignace de Loyola – Éducation en est un bel exemple : son fonctionnement en réseau, ses débats parfois animés où chacun est bien à sa place, ce
respect et cette bienveillance qui lient les uns et les autres au service de la mission… disent une identité jésuite. Tout cela est beau mais s’entretient et se réinvente sans cesse. L’église bouge, la société se transforme… et les enfants aussi ! Plus que jamais nous avons à apprendre à travailler ensemble et à repérer parmi nous, laïcs et jésuites, ceux qui portent au cœur le feu de la mission pour que les autres puissent collaborer avec eux. Localement, dans une ville, tout se joue (ou se perd) sur la vitalité (ou non) des associations locales.
Les nouvelles frontières du numérique
Nul ne sait encore dans quelle mesure les moyens de communication et de travail numériques (smartphones, tablettes, ordinateurs) modifieront notre rapport à l’espace et au temps. Mais d’ores et déjà, il est patent que les enfants n’apprennent plus à lire, écrire, compter et mémoriser comme ont appris à le faire leurs parents. Petit à petit, comme émergeant du brouillard, nous devinons les nouvelles frontières qu’il va sans doute falloir traverser pour rejoindre les jeunes dans leur culture et le monde qu’ils façonneront. Rendez-vous en 2014 où la Compagnie de Jésus, avec les autres congrégations religieuses ignatiennes, ont missionné le CEP-Ignatien pour mobiliser l’ensemble des enseignants et éducateurs pour prendre le virage numérique.
Un article paru dans le numéro de septembre 2013 de la revue Études montre que l’enjeu est passionnant : « Comment internet m’a réappris pourquoi j’enseigne »?. (note 3)
http://www.revue-etudes.com/Societe/Comment_Internet_m_a_re-appris_pourquoi_j_enseigne/45/15613
Une belle redécouverte qu’il est urgent de partager !
Une mise en œuvre toulousaine du « Chantier jeunesse défavorisée » : le témoignage de Marie-Christine Labarrère
Le Caousou, à Toulouse, s’est inscrit dans le chantier de la jeunesse défavorisée comme tous les établissements du réseau. Le Conseil d’Administration de l’association responsable a constitué une commission élargie aux associés volontaires ainsi qu’aux membres de la communauté éducative intéressés, pour susciter l’envie du plus grand nombre de s’impliquer à nos côtés. En partant d’un état des lieux, la commission a mené une réflexion, imaginant comment pérenniser des actions, afin de permettre à des jeunes motivés d’avoir les moyens d’aller jusqu’au bout de leur projet.
Nous avons sélectionné trois axes de travail :
– Un axe scolaire par l’intégration d’élèves boursiers méritants à l’internat du lycée général ou du BTS Géomètre/Topographe en créant la « La Bourse du Caousou ». Elle est financée par nos fonds propres et par des partenaires déjà engagés à nos côtés.
– Un axe périscolaire pour permettre à des jeunes d’accéder aux activités sportives, culturelles, linguistiques présentes dans l’établissement.
– Un axe de sensibilisation par le biais des « Soirées du Caousou » mobilisant la communauté éducative autour d’un projet pédagogique innovant favorisant l’ouverture sociale.
Une Charte éthique écrite par les élèves définira les règles du bien vivre ensemble au Caousou. La commission a perçu des craintes et des résistances liées aux risques éventuels d’accueillir trop de jeunes en difficulté. Néanmoins, la communauté éducative est majoritairement engagée aux côtés de la commission, consciente de la richesse de ce projet. Pour le volet handicap, nous réfléchissons avec les infirmières et la psychologue aux procédures à mettre en place pour l’accueil d’enfants à besoins spécifiques.