La mosaïque de la chapelle des jésuites au Sacré-Cœur de Montmartre, guide de découverte – P. Bernard Gillibert sj
En longeant la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre sur la gauche, on arrive à la chapelle de la Compagnie de Jésus reconnaissable facilement à sa grande mosaïque centrée sur la présence du Sacré-Cœur, dans le style de la mosaïque de l’abside centrale de la basilique. Pourquoi, dès l’origine de la construction de la basilique, fut-il décidé de la dédier spécialement à la Compagnie de Jésus en ce lieu ?
Ce livre est un guide de découverte de la mosaïque des jésuites. Grâce à une reproduction pleine page, chaque personnage est identifié et fait l’objet d’une notice par la suite avec une reproduction en grand de sa représentation. Les bas et hauts-reliefs, frises, vitraux, statues, gravures, plaques et blasons qui ornent la chapelle sont aussi étudiés.
Les origines (du renouveau) de la dévotion au Sacré–Cœur de Jésus et le lien avec la basilique de Montmartre
En juin 1671, une jeune fille de la région de Charolles–en–Bourbonnais, Marguerite–Marie Alacoque, entre à la Visitation de Paray–le–Monial. À partir de décembre 1673 et pendant une dizaine d’années, la jeune religieuse est favorisée d’apparitions du Christ qui lui présente son Cœur bafoué et meurtri « par et pour les hommes ». Cette apparition est une sorte de confirmation des intuitions spirituelles de l’École Française de spiritualité initiée par saint Jean Eudes invitant à redécouvrir l’Humanité de Jésus. Un des principaux représentants de cette École est saint François de Sales, fondateur avec sainte Jeanne de Chantal de la nouvelle congrégation de La Visitation à laquelle appartient la jeune Marguerite–Marie. Or le confesseur, qui va conseiller et accompagner Marguerite–Marie dans cette expérience spirituelle hors du commun, est un jésuite : Claude La Colombière. La Compagnie de Jésus est donc liée dès l’origine à ce renouveau du culte du Sacré–Cœur à la suite de ces apparitions de Paray–le–Monial, et plus précisément selon les directives reçues et transmises par la religieuse de la Visitation.
Le 20 décembre 1928, le P. Wladimir Ledochowski sj, Père Général de la Compagnie de Jésus vient à Paris et visite d’abord la chapelle du Martyrium, dite » Chapelle des Vœux » parce qu’Ignace et ses compagnons y prononcèrent des vœux en août 1534, prémices de la future Compagnie de Jésus. Puis, non loin, le Père Général visite bien sûr la toute nouvelle basilique de Montmartre. En faisant le tour du déambulatoire derrière le chœur, le P. Mollat, provincial
de Paris, lui présente la chapelle nouvellement dédiée à la Compagnie de Jésus. Mais la chapelle étant assez sombre, on n’y voyait rien ! Le Père Général fit alors comprendre au P. Mollat et aux trois autres provinciaux de l’Assistance de France qu’il était urgent et nécessaire de faire sortir ce lieu de présence de la Compagnie de Jésus de ses « ténèbres ».
On trouva assez vite un accord sur le choix du style de la mosaïque pour qu’elle soit dans le goût de la mosaïque centrale. Mais quel en serait le sujet ? Il fallait souligner la mission confiée aux jésuites comme auxiliaires de la mission confiée à sainte Marguerite–Marie, selon l’apparition du 2 juillet 1688, transmise par lettre au P. Croiset. Cette mosaïque illustre alors aujourd’hui le rôle de la Compagnie de Jésus dans la propagation de la dévotion au Sacré–Cœur à travers le temps et l’espace.
L’auteur
Le P. Bernard Gillibert sj est le responsable des lieux historiques de la Compagnie de Jésus sur la Butte de Montmartre. Il a publié Promenades dans le Paris ignatien : partir sur les traces d’Ignace de Loyola et découvrir un Paris inédit.
P. Bernard Gillibert sj, La mosaïque de la chapelle des jésuites, Sacré-Cœur de Montmartre : guide de découverte, Éditions jésuites, mai 2022, 99 p.