La Nativité célébrée à l’îlet à Malheur : témoignage du P. Stéphane Nicaise sj depuis La Réunion
Depuis l’île de La Réunion, le P. Stéphane Nicaise sj partage sa joie et son émotion lors de la célébration du 25 décembre dans la petite chapelle d’îlet à Malheur. Une messe de la Nativité vécue en communion de prière avec les habitants de Mayotte, durement touchés depuis plusieurs jours par les conséquences dramatiques du passage du cyclone Chido le 14 décembre 2024.
Le 10 décembre dernier, une équipe de quatre peintres professionnels a rénové les toitures de la chapelle, de la sacristie, du logement du prêtre, et de la cloche d’îlet à Malheur. Des restes de fournitures, j’ai conservé les rouleaux en carton des bâches utilisées pour le chantier, et un petit morceau de celles-ci.
Puis est passé le cyclone Chido sur l’archipel de Mayotte – 101e département français, situé entre Madagascar et le Mozambique, à plus d’un millier de kilomètres de l’île de La Réunion. Vents et pluies intenses n’ont laissé aucune chance à l’habitat précaire des milliers de clandestins venus chercher une vie meilleure sur ce petit territoire français.
Alors, au moment de réaliser la crèche, support de la messe de la Nativité que j’allais célébrer le 25 décembre, le lien s’est fait spontanément entre les matériaux de récupérations du chantier de la chapelle, et la misère du monde que le désastre subi à Mayotte venait d’actualiser.
Jésus, Fils de Dieu, n’a pas rejoint notre humanité sous les ors d’un palais, mais bien dans un environnement précaire, loin du domicile protecteur où Marie et Joseph allaient le faire grandir. D’entrée, Dieu marquait sans ambiguïté son séjour parmi nous. Et la célébration de sa Nativité, d’année en année, nous ramène à ces conditions dans lesquelles Il nous invite à le trouver, encore et toujours.
L’assemblée réunie devant moi ce 25 décembre représentait bien la simplicité du dénuement et de la pauvreté. À peine 20 personnes, la plupart venues à pieds d’îlets (villages) voisins, par des sentiers de montagne. D’abord s’est exprimée la joie d’être ensemble, et la liturgie de la Parole nous a conduits au cœur du mystère de la Nativité, non simplement inscrite dans une chronologie (« de la Croix au Crucifiement… « ), mais dans le présent, nous invitant à chercher la présence et l’action de Dieu dans notre monde d’aujourd’hui.
J’avais bien sûr préparé mon homélie, mais comme souvent, je me suis laissé prendre par les motions du moment, en particulier celles que la vision de la crèche me procurait. Je ne me détachais plus du rougeoiement intense que la bâche amplifiait et répandait sur les personnages. Ce rougeoiement d’un cœur inondant le monde de son Amour. Et manifestement, cette évocation a rejoint le sentiment de l’assemblée : sentiment converti en intentions énoncées spontanément au moment de la prière universelle.
Corps du Christ ou bénédiction reçus, la procession de la communion opérait la cohésion de cette petite communauté qui, très paisiblement, se laissait transformer en Pèlerin de l’Espérance.
Il me restait alors à annoncer, avant la bénédiction et l’envoi, que notre petite chapelle d’îlet à Malheur avait été désignée par l’évêque pour être l’une des églises jubilaires du diocèse.
P. Stéphane Nicaise sj,
communauté Saint-Ignace à La Réunion
Découvrir les propositions des jésuites pour l’Avent et Noël
Toutes les propositions portées par les jésuites pour vivre le temps de l’Avent et se préparer à Noël : retraites en centres spirituels jésuites, temps de prière dans les églises, parcours pour les familles, retraite en ligne, méditations et idées de cadeaux qui ont du sens. > Voir le dossier
En savoir + sur l’Avent et Noël
Article publié le 20 décembre 2024
Prière du jour
Articles récents