La régence, un temps de service et de formation : témoignage de Florian Cazenave, scolastique jésuite
Florian Cazenave sj, scolastique jésuite, est en 2e cycle de théologie au Centre Sèvres à Paris et en mission au sein de l’association de volontariat international jésuite Inigo Volontariat. Il a vécu ses deux années de régence à Bordeaux.
Comment se situe la régence dans votre formation de jésuite ?
Après deux ans de noviciat et cinq années de philosophie et de théologie, j’ai été envoyé, après un discernement avec mes supérieurs, à la communauté jésuite de Bordeaux. Ma mission principale était de travailler comme formateur dans un organisme de formation professionnelle, fondé par les jésuites il y a presque cinquante ans. Ce fut pour moi le moment de la « régence ».
Comment avez-vous vécu ce changement ?
Ce changement de contexte et de lieu oblige à se poser un certain nombre de questions et à s’adapter… « Qu’est-ce qu’annoncer et servir l’Évangile à cet endroit, dans un milieu où j’aurais pu travailler sans être jésuite ? » La réponse n’a pas été immédiate. Deux situations différentes ont donné sens à ma mission. La première était d’être auprès de personnes plus pauvres et plus fragiles. Je me souviens en particulier d’une apprenante qui, en fin de formation, nous a dit que le parcours de formation avait été un moment de reconstruction intérieure. D’autres encore nous ont dit aussi cela. La seconde était les rencontres avec les collègues et la profondeur de quelques échanges que nous avons eus et qui, pour certains événements, ont aidé à ma propre croissance spirituelle comme à la leur.
Qu’avez-vous le sentiment d’avoir appris ?
À côté de cette mission, j’ai eu beaucoup de joie à accompagner des groupes de la paroisse confiée aux jésuites Notre-Dame des Anges. Les cinq années d’études de philosophie et de théologie, avant de venir à Bordeaux, m’avaient paru longues, mais j’ai pu me rendre compte que je pouvais parler d’un sujet ou d’un autre relativement facilement. Ces différentes missions ont confirmé des goûts et intérêts : penser une pédagogie, parler en public, animer des groupes, etc.
En vivant dans une communauté jésuite implantée dans une ville plus petite que Paris, j’ai aussi pris conscience de la fragilité de notre présence : il est difficile de tout tenir avec le nombre que nous sommes. Et cependant, tant de choses sont possibles à Bordeaux grâce à ce large réseau de laïcs touchés par la spiritualité ignatienne, qui se sont formés et prennent beaucoup en charge (animation de retraites, de la paroisse, la Communauté de Vie Chrétienne (CVX) et le Mouvement Chrétien des Cadres (MCC), le Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ), etc.). J’ai trouvé ces engagements très impressionnants et encourageants.
Je repars à présent pour deux années supplémentaires d’études – enrichi de questions liées aux situations que j’ai croisées pendant mes deux années bordelaises, qu’il s’agisse de questions de foi ou de société.
Florian Cazenave sj,
scolastique jésuite en 2e cycle de théologie au Centre Sèvres à Paris,
Communauté Alberto Hurtado à Saint-Denis (Basilique)
Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (hiver 2022), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci de consulter ce lien.
Dossier : La formation des jésuites au service de la mission
La formation fait partie des feuilles de route établies par la Province EOF en 2021. Le P. Bruno Saintôt sj, Délégué du Provincial à la formation, explique qu’elle a pour premier objectif de préparer les jésuites à la mission, au-delà de la diversité des profils et des parcours. Enjeu essentiel depuis la fondation de la Compagnie de Jésus, elle s’adapte aujourd’hui à des défis nouveaux et permet ainsi à chaque jésuite d’être pleinement acteur de sa formation. > Lire le dossier