« La spiritualité ignatienne nous pousse à écouter ces petites voix » : éclairage du P. Pierre Molinié sj

Favoriser le bien-être animal, protéger l’environnement ou encore combattre la faim dans le monde… Enseignant au Centre Sèvres, le P. Pierre Molinié sj invite à ne pas opposer ces causes légitimes les unes aux autres mais à chercher au cœur de nos engagements le dialogue et l’écoute, à la lumière de l’encyclique Laudato si’.

« C’est bien de prendre soin de la nature mais il ne faut pas oublier les humains ! » ; « Ok pour ne pas maltraiter les animaux, mais est-ce la priorité alors que tant d’hommes meurent de faim ? » ; « Il ne faudrait pas que l’écologie devienne une nouvelle religion ! » Quel chrétien n’a pas entendu de telles réflexions ou ne les a pas lui-même formulées, confronté à des interlocuteurs jugés trop écolos, trop vegans ou trop militants ? Et pourtant, quand il s’agit de faire du bien, il n’y a pas de « mais » qui tienne.

Il est bien légitime de défendre les droits des enfants, même si d’autres se battent contre les violences faites aux femmes ou pour la défense des migrants. Pas plus qu’on ne songerait à opposer ceux qui s’engagent pour la paix dans deux pays différents. Plus encore : quand le pape François affirme que « tout est lié » (Laudato si’, 139), il nous invite à découvrir qu’au-delà des combats particuliers, il existe un dynamisme de fond qui va vers la vie, la justice et l’amour. Et un autre dynamisme qui divise, qui exclut et qui tue. Or la spiritualité ignatienne nous pousse à écouter ces petites voix qui résonnent en nous, et à repérer si elles sonnent « juste » ou non.

Ne pas opposer les causes les unes aux autres

Nous pouvons aussi écouter ce qui résonne dans le projet d’autrui, ce qui l’anime dans son militantisme apparemment excessif.
Défendre les animaux contre la brutalité des hommes, c’est une manière de lutter contre l’appétit de domination et contre une forme de consommation désordonnée. Se battre pour une forêt ou un bassin fluvial, c’est une manière de s’exercer à protéger les droits de ceux qui n’ont pas la parole, quels qu’ils soient. Il ne s’agit pas d’opposer les causes les unes aux autres : il n’y a pas de concurrence entre elles, mais un même mouvement de conversion qui nous ouvre à toute détresse.

Dieu aime toutes ses créatures

Si d’autres personnes s’engagent pour de telles causes, reconnaissons que sur ce plan elles nous devancent. En les rencontrant, en s’engageant à leurs côtés, nous vivrons un chemin de dialogue et d’écoute mutuelle. Peut-être pourrons-nous témoigner que c’est notre amour du Christ qui nous pousse à les rejoindre dans leur combat. Mais à coup sûr, nous découvrirons des facettes de l’injustice dont nous n’avions pas conscience. Nous pourrons alors relire ces psaumes où les créatures louent Dieu, ces paraboles qui donnent en exemple les oiseaux ou les fleurs des champs. Nous verrons que Dieu aime toutes ses créatures, sans exception. Et que nous, à sa suite, nous sommes invités à aimer chacune comme un don précieux dont nous avons à prendre soin.

P. Pierre Molinié sj,
enseignant au Centre Sèvres-Facultés jésuites de Paris

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Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (automne 2023), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement numérique et papier est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien.

« On sort les voiles ! » : dossier sur l’écologie intégrale

Ecocentre spirituel Châtelard

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Début 2022, les jésuites partageaient un premier état des lieux de la transition écologique et sociale de leur Province. Ce dossier donne la parole du P. Xavier de Bénazé sj, délégué du Provincial pour la transition écologique et s’inscrit dans la continuité de ce mouvement doux et certain. Sont abordés les sujets du bilan carbone de la Province jésuite, de la mise en mouvement des établissements scolaires et de la naissance d’un écocentre spirituel au Châtelard près de Lyon.
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