La conversion écologique continue à s’ancrer dans la Province jésuite, et se manifeste par de nombreuses évolutions, petites et grandes. Tout en restant modestes, car le chemin à parcourir est encore conséquent, nous pouvons nous réjouir de ces bonnes nouvelles. Pour Gabrielle Pollet, responsable de la transition écologique, c’est une manière de contribuer chacun à son échelle à la sauvegarde de la Création.

Une alimentation plus végétale

transition écologique Province

Sudhir Lakra sj lors d’un atelier de cuisine végétarienne

Les dîners végétariens se sont généralisés dans de nombreuses communautés jésuites ; la viande rouge y est désormais servie moins souvent, et réservée aux jours de fête. Dans certaines communautés, un déjeuner végétarien, voire deux, a aussi été instauré chaque semaine. C’est le cas rue de Sèvres, à Paris, où le lien de confiance et le travail approfondi avec le cuisinier depuis de nombreuses années ont permis de vraies avancées vers une cuisine plus durable, pour cette communauté d’une trentaine de jésuites. Rue Raynouard, à Paris également, les protéines végétales – légumineuses par exemple – font dorénavant partie des habitudes. À Toulouse, les compagnons qui vivent en HLM dans le quartier de Bagatelle vivent la sobriété heureuse, notamment dans l’attention au végétal dans les menus ; de même à Saint-Denis la Plaine. Dans d’autres communautés, comme à Namur, le ministre [1] et le cuisinier avancent ensemble pour faire progressivement plus de place aux légumes et surtout aux achats en circuit court. Cuisiner végétarien de manière savoureuse, nourrissante et équilibrée demande un apprentissage : le travail continue !

 Ancrer la sobriété énergétique

La plupart des communautés jésuites ont réduit la température de chauffage à 19 °C. La communauté de la rue Raynouard est parvenue à une réduction de sa consommation de gaz de presque 40 % en deux ans, allégeant beaucoup son bilan carbone, grâce à une action déterminée de sobriété énergétique. À Toulouse, où de gros efforts ont aussi été faits, un audit énergétique a été réalisé afin d’éclairer la décision sur la gestion du bâtiment (isolation, énergies renouvelables). À Bruxelles, la communauté de Saint-Michel a pris collectivement la décision de baisser la température de consigne à 19 °C dans les pièces communes, et de réaménager la salle à manger pour fermer la salle de communauté, difficilement chauffable.

Déplacements

La part des voitures électriques augmente dans les communautés jésuites (neuf actuellement côté français). La communauté de Toulouse, par exemple, a choisi à la fois de réduire le nombre de voitures et de passer à l’électrique, en troquant plusieurs vieilles voitures contre deux Zoé. Deux communautés parisiennes d’une quinzaine de membres chacune ont décidé de se contenter d’une voiture commune. Le réflexe du train est de plus en plus fréquent, en remplacement de la voiture ou de l’avion ; en assumant le surcoût, à mettre en regard des vies sauvées par chaque dixième de degré de réchauffement évité.

Réduction des déchets

La majorité des communautés jésuites composte désormais ses déchets. La communauté de Marseille a par exemple installé un compost dans la cour de son immeuble, en centre-ville.

Pour le dîner qui a suivi les ordinations du 20 avril à Paris, le choix a porté sur un traiteur très engagé, proposant des produits bio et une offre végétarienne, mais aussi la livraison à vélo, dans des contenants consignés pour un repas zéro déchet.

Des produits ménagers plus sains

À Saint-Denis la Plaine, le ménage est désormais effectué avec du bicarbonate, du savon noir et du vinaigre blanc, pour protéger la santé des personnes et des écosystèmes.

En chemin

Les itinéraires sont variés, à l’image de la diversité des communautés jésuites (âge, nationalité, localisation, missions…), mais le souci de la transition est toujours présent. La communauté de La Pairelle (à Wépion en Belgique), par exemple, s’est réunie plusieurs fois pour réfléchir à son empreinte écologique et à la manière de l’améliorer. Rue d’Assas à Paris, une dynamique de transition globale a été enclenchée, à la faveur notamment de plusieurs moments forts qui ont nourri la conversion écologique de la communauté : des week-ends au Campus de la Transition, une journée de sensibilisation à une cuisine plus durable…

Quant à la communauté de Luxembourg, c’est notamment dans la mission pastorale des jésuites que la transition écologique s’incarne : le parcours The Week a par exemple été largement déployé, alimentant la conversion écologique au sein de la communauté dominicale du Christ-Roi.

Notes

[1] Le ministre est l’intendant d’une communauté. Il est en charge d’assurer la vie commune, de veiller au bon fonctionnement de la maison et de faire en sorte que ses membres aient ce dont ils ont besoin pour vivre leur mission.

Gabrielle Pollet Gabrielle Pollet,
responsable de la transition écologique dans la Province EOF

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Et moi, à quoi suis-je invité ?

carre de presentation des fiches ecojesuit Peut-être cette lecture me donne-t-elle l’envie de faire un pas de plus dans ma transition écologique : personnellement, en famille ou en colocation, au bureau…

Quelques exemples : m’ouvrir à cuisiner ou goûter de nouvelles recettes végétariennes ? Acheter plus de bio ? Prendre le train plutôt que la voiture pour des vacances (et louer une voiture à l’arrivée si besoin) ? Choisir une destination accessible en train plutôt qu’en avion ? Tester le vélo pour les déplacements du quotidien ? Changer de banque ? Changer de chaudière ou isoler la maison ?

Dans la prière, je peux prendre un temps de relecture sous l’angle de ma façon de prendre soin de la Création, puis chercher à quel magis je me sens appelé. Une demande de grâce peut être : « Seigneur, ouvre mon cœur à tes appels aujourd’hui, et donne-moi le goût pour expérimenter de nouvelles manières de faire ».

On peut trouver un éclairage sur les enjeux et des idées concrètes pour agir dans les fiches Ecojesuit.


Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (été 2024), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement numérique et papier est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien.