Transition écologique, les jésuites s’y mettent

Consommation durable, tri et réduction des déchets, modes de déplacement… En de nombreux lieux jésuites, la transition écologique est en route. Témoignage du P.Gabriel Pigache sj sur des initiatives locales et institutionnelles, pour une Église plus verte !

Transition écologique web - Unsplash Elias Morr

Laudato si’ ! Dans notre Province jésuite, une forêt d’initiatives pousse, sans bruit… le tri sélectif entre dans les mœurs, la vaisselle jetable et les bouteilles en plastique disparaissent peu à peu. On ne s’étonne plus de trouver un compost dans le jardin ou sur le balcon d’une communauté. Dans plusieurs d’entre elles, on savoure des fruits et légumes de saison, garantis bio ou sans pesticide. Certains jésuites deviennent végétariens et suscitent des débats autour d’eux ! Dans beaucoup de lieux, on ne mange quasiment plus de viande le soir. On s’allège, on dort mieux. Côté jardin, des espaces potagers sont lancés ou redynamisés et ils accueillent – même à Paris – une ruche et un collecteur d’eau de pluie. Côté transport, bien que le vélo soit pour certains une longue tradition, il rivalise de plus en plus avec les voitures sur des parkings de communautés. Enfin, des jésuites découvrent les joies du BlaBlaCar, la simplicité de l’autobus ou les avantages du train.

Se laisser transformer

Le potager du Centre spirituel La Pairelle a retrouvé vie et est accessible aux hôtes du Centre.

Mais d’où viennent ces changements ? Les jésuites sont sensibles à l’exemple des gens qu’ils côtoient : une amie et mère de famille fabrique elle-même son produit de lessive ; les étudiants de telle aumônerie sont familiers du compost ; des jeunes professionnels invitent un jésuite à lire avec eux l’encyclique Laudato si’ et à la mettre « en actes » : en renonçant aux emballages et en passant à une culture « sans déchet », en faisant le choix du bio ou du local, en adhérant à un mouvement activiste non violent, en faisant le pas d’un changement intégral de vie. Au contact des jeunes et des plus pauvres, dans des colocs, des associations, des groupes de formation, des jésuites se laissent transformer. Certains, amoureux du jardinage ou agronomes de formation, sont heureux de voir d’autres compagnons adhérer à leur passion de toujours.

Une nouvelle culture est en train de naître

Le souci écologique a guidé la rénovation du Centre spirituel de Penboc’h, qui rouvre ses portes en 2020. © M. Jamoneau

Depuis la publication de Laudato si’, des éléments de culture écologique passent plus rapidement de l’échelle individuelle à l’échelle collective. Cela est sensible au sein des institutions éducatives, des chapelles et Centres spirituels, qui sont des démultiplicateurs de changements. Ainsi des établissements scolaires s’engagent dans des démarches d’éco-labélisation ; des équipes pastorales prennent pour thème d’année Laudato si’ ; tel Centre spirituel conçoit des projets à partir des principes de l’écologie intégrale, entreprend une rénovation écologique (Centre spirituel de Penboc’h) ou relance un potager communautaire (Centre spirituel La Pairelle) ; l’église Saint-Ignace à Paris entre en labélisation « Église verte » (lire ci-dessous).

Gabriel Pigache jésuite Que la démarche soit personnelle, communautaire ou institutionnelle, on le voit : les jésuites entrent progressivement dans la transition écologique. Les jésuites s’y mettent, certes, mais l’enjeu est énorme et nous sommes loin du compte. Une nouvelle culture est en train de naître et nous fait avancer dans l’appel de la quatrième Préférence apostolique universelle définie par la Compagnie à « un changement des habitudes de vie » : « travailler avec d’autres à la construction de modes de vie alternatifs, fondés sur le respect de la création ».

Gabriel Pigache sj
Communauté de Paris-Assas

Saint-Ignace, Église verte à Paris

L’idée d’une démarche « Église verte » a été lancée à l’église Saint-Ignace en 2018. Nous avons formulé, en petits groupes, des idées très concrètes : potager, visite de fermes, visite d’un centre de tri, formation sur le changement climatique, contemplation de la nature en ville… Début 2019, nous avons défini quatre équipes : Liturgie et écologie ; Nature et jardin ; Formation et Éco-diagnostic. L’équipe Liturgie a animé plusieurs temps de prière. L’équipe Écodiagnostic a étudié la consommation d’eau, d’électricité et de chauffage de l’église. Nous avons aussi abordé la question des achats responsables. Le groupe Nature et jardin propose des marches méditatives en forêt. La journée de rentrée, en octobre, fut dédiée à Laudato si’. Durant la messe, chants, homélie et catéchèse ont pris appui sur le titre « Que tes oeuvres te rendent grâce ». La journée fut riche d’activités : exposition sur la démarche « Église verte », ateliers à partir des fiches Ecojesuit, marche méditative, « Fresque du climat », atelier danse, création végétale, etc.

La démarche s’est poursuivie durant l’Avent, avec un calendrier Laudato si’. Notre église a obtenu le label « Lis des champs » mais espère progresser vers celui du « Figuier », et pourquoi pas du « Cèdre du Liban ». Plus qu’un simple objectif de labélisation, notre démarche se veut surtout un chemin de conversion écologique. Le label Église verteest un outil à destination des paroisses et des églises locales, ainsi que des mouvements et établissements chrétiens qui veulent s’engager pour le soin de la création. Découvrez son « éco-diagnostic », un outil simple et efficace.

Martin Föhn sj

Pour aller plus loin

> Les fiches Ecojesuit : des fiches de réflexion et des pistes très concrètes pour une conversion écologique, en communauté ou en famille. 28 fiches disponibles.
> Le guide d’animation Dialoguer autour de Laudato si’ , publié par le Centre Avec

Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (printemps 2020), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci d’envoyer votre mail et/ou votre adresse postale à communicationbxl [at] jesuites.com.

En lien avec la transition écologique et Laudato si’ :

Article publié le 15 mai 2020

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