La « ville rose » et ses promesses : une communauté jésuite en renouvellement
La communauté de Toulouse connaît un fort renouvellement, qui ouvre bien des possibles, à inventer ensemble, pour repenser un style de vie communautaire et des modalités de présence dans cette vaste région. Le P. Pascal Gauderon sj, Supérieur de la communauté de Toulouse, en témoigne : les défis ne manquent pas !
L’an dernier, la communauté jésuite a vécu de grands changements, avec six arrivées et le départ de quatre compagnons vers d’autres lieux de mission. Pourtant, sa mission demeure intacte : elle est investie au cœur d’un vaste réseau d’institutions jésuites et de groupes de spiritualité ignatienne (Xavières, Sœurs du Cénacle, Compagnie Marie Notre-Dame, Communauté de Vie Chrétienne – CVX, Mouvement Eucharistique des Jeunes, Mouvement Chrétien des Cadres…). Nous intervenons dans de nombreux champs apostoliques : éducation avec le groupe scolaire du Caousou ; jeunesse avec la Coloc Magis (cf. encadré), pastorale étudiante et formation d’ingénieurs (Icam et Purpan) ; études, enseignement et recherche à l’Institut Catholique ; pastorale avec le Diocèse ; vie spirituelle (formation, accompagnement et retraites) par le Centre spirituel des Coteaux Païs et le Réseau Mondial de Prière du Pape ; apostolat social (présence au quartier de Bagatelle, à la halte de nuit, à l’accompagnement scolaire avec ARPEJ, au Service jésuite des réfugiés…), sans oublier les missions transversales remplies au niveau de la Province EOF : un compagnon est délégué à l’apostolat social, un autre est membre de l’équipe Loyola Éducation.
Un contexte plein de défis
Les jésuites sont à Toulouse depuis le 17e siècle : le lycée Fermat était naguère le collège des jésuites et, sur la place de la Daurade, donnait le noviciat de l’époque. De grandes pages ont donc été écrites par nos prédécesseurs au fil des siècles.
Il y a 40 ans, 70 jésuites encore, répartis en 7 communautés, accompagnaient 7 œuvres. Aujourd’hui, notre présence est nettement plus modeste : 13 compagnons, de 38 à 94 ans (10 prêtres, 1 frère, et 2 en formation) forment une seule communauté implantée sur deux sites : une maison en centre-ville (rue Monplaisir) – adossée aux bureaux du Centre spirituel des Coteaux Païs et du Réseau Mondial de Prière du Pape, ainsi qu’à une halte de nuit pour les SDF – et un appartement en cité HLM dans le quartier populaire de Bagatelle. L’un de nous loge chez les Petites Sœurs des Pauvres.
Le contexte actuel est exigeant, complexe et mouvant : pandémie, rapport de la CIASE sur les abus, crise écologique, sécularisation massive, arrivée d’un nouvel évêque, raréfaction de nos forces… À nous de relever des défis avec une communauté renouvelée : rayonner la joyeuse espérance ; discerner des modes de présence pour vivifier des lieux de mission portés par de nombreux partenaires ; articuler entre nous les diverses aspirations de vie communautaire émergeant de situations individuelles très différentes.
Une fragile mosaïque à équilibrer
Dans ce contexte, notre vie de communauté se cherche et se construit, selon des contrastes encore à apprivoiser et équilibrer : nos propres limites et fragilités tempérant l’enthousiasme d’un renouvellement prometteur ; la charge de nos missions qui dépasse nos forces, malgré notre générosité et le dynamisme de tant de partenaires ; la richesse d’une action dans tant de champs apostoliques, au risque de la dispersion ou du « saupoudrage » dans une présence trop épisodique ; l’intergénérationnel et l’interculturel au sein d’une petite communauté, entre idéal romantique et réalisme austère…
Pour le nouveau supérieur local qui découvre sur le tas cette belle mission, les équilibres de cette mosaïque sont délicats à trouver et le chemin se fait modestement, dans la foi et dans la joie qui sont données un peu chaque jour, comme un bon pain quotidien à accueillir et à recueillir précieusement.
Avec cœur et confiance, l’aventure toulousaine continue !
P. Pascal Gauderon sj
Supérieur de la communauté de Toulouse
La coloc Magis
Parmi les diverses missions jésuites, la colocation Magis, rue Monplaisir, offre une expérience féconde à cinq étudiants, sur une année scolaire. Voici ce qu’écrivait Maxance :
Tout d’abord, je suis marqué par la simplicité des membres de la communauté. Chaque compagnon semble être lui-même – avec ses joies et ses peines –, discute et se comporte comme tout un chacun, avec ses qualités et ses défauts, et parfois un caractère bien trempé ! Bien que religieux, les jésuites sont aussi des hommes, avec leur histoire personnelle et leurs goûts… Ils ne demandent pas à être mis sur un piédestal parce qu’ils sont religieux. Les relations sont amicales, vraies et authentiques.
Les jésuites savent se rendre disponibles pour répondre aux questions (…). Leur regard est basé sur une ouverture d’esprit et une certaine finesse psychologique qui écartent les certitudes hâtives et simplistes, pour appréhender l’homme dans toute sa complexité. Ils vivent la foi de manière très incarnée : il s’agit de trouver Dieu en toute chose, de voir où Dieu agit dans notre vie.
Échos jésuites, été 2020
Pour aller plus loin
> Découvrir la communauté jésuite de Toulouse
> Mieux connaître le centre spirituel jésuite des Côteaux-Païs
> Site du Réseau Mondial de Prière du pape
La communauté éducative du Caousou et les jésuites lors de la Semaine jésuite (2019).
Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (printemps 2022), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci d’envoyer votre mail et/ou votre adresse postale à communicationbxl [at] jesuites.com.
En savoir + sur les jésuites à Toulouse
Article publié le 25 juin 2022