L’agriculture, malade du Covid ? – La chronique du P. Marcel Rémon sj

Le P. Marcel Rémon sj, directeur du Ceras, alerte sur les restrictions liées à l’épidémie, qui isolent les agriculteurs et pèsent sur l’économie rurale.

Ecouter le chronique éco complète “L’agriculture, malade du Covid ?”, dans la matinale de la radio RCF.

Les difficultés du monde agricole face à la pandémie

Marcel Rémon jésuite - Ceras

« La crise du Coronavirus nous rappelle combien l’alimentation a un statut privilégié parmi les services dits ‘essentiels’ », explique le P. Marcel Rémon sj. Or, selon un sondage Ipsos, les agriculteurs se sentent encore plus délaissés et isolés qu’avant. « Leur difficulté est de trouver des débouchés pour leurs productions, en remplacement des restaurants, des cantines scolaires, ou des entreprises. Pendant la crise, nous avons vu des agriculteurs jeter leurs productions faute de canal de distribution, alors qu’à quelques kilomètres, les équipes du Secours Catholique cherchaient à s’approvisionner pour leurs distributions alimentaires. » Heureusement, des solutions locales et solidaires ont été trouvées.

Quid des aides promises par le gouvernement pour soutenir l’agriculture pendant le Covid ?

Le plan de relance consacre 1,4 milliard d’euros au secteur agricole et agroalimentaire. Mais pour le P. Marcel Rémon sj, « c’est ici que l’on saisit la distinction entre une économie réelle et une économie financiarisée. Certes les agriculteurs sont heureux d’être soutenus financièrement, mais ce qu’il leur manque le plus en ce moment, c’est la main d’œuvre saisonnière. Tout problème n’est pas soluble dans l’argent. »

« Ainsi, une plateforme a été mise en place pour que les Français inactifs, désactivés par la crise, soient incités à travailler dans les champs. Cette plateforme nommée Des bras pour ton assiette’, permet à chaque agriculteur de proposer des embauches saisonnières et à tout un chacun d’y répondre. » Succès au départ : plus de 350 000 inscriptions ont été comptabilisées. Mais qu’en est-il dans la réalité ?

Les néo-saisonniers : solution miracle ?

« N’est pas néo-saisonnier qui veut. », explique le P. Marcel Rémon sj.  « Il y a des gestes techniques, un coup à prendre pour, par exemple, ramasser les fraises. Ainsi, sur dix saisonniers arrivés, sept peuvent repartir au bout d’une semaine. »

« En France, avant la pandémie, ils étaient 270 000 saisonniers dans la filière agricole. Cette main d’œuvre, principalement originaire de pays tels que le Maroc, l’Espagne, le Portugal ou la Pologne est non seulement bon marché mais aussi, elle a su développer un vrai savoir-faire. Rien à voir avec une jeune étudiante française de 25 ans qui va ramasser 30 kg de fraises dans la journée, alors qu’une saisonnière bien rodée pourrait en ramasser 250 kg. »

« Les Français veulent soutenir leur agriculture. Très bien. Mais cela exige un investissement lourd et de longue haleine dans la formation et la reconnaissance des personnes. Il ne faudra pas l’oublier lors du retour des vaches grasses que l’on nous promet. »

Pour aller plus loin

> Ecouter le chronique éco complète « L’agriculture, malade du Covid ? », du P. Marcel Rémon sj, sur RCF.

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