L’apostolat social : cheminer avec les exclus de notre monde

La Compagnie de Jésus a mené un travail de fond pour définir quatre Préférences apostoliques universelles, qui orientent ses missions et actions pour les dix années à venir. Ces Préférences concernent la spiritualité, les jeunes, la proximité aux personnes subissant la pauvreté et l’exclusion, et l’écologie. À la suite, la Province jésuite EOF a élaboré ses propres feuilles de route – elles sont au nombre de sept – pour les cinq ans à venir, afin de mettre en œuvre les Préférences dans chacun des secteurs de sa mission. L’apostolat social est présenté par le F. Jérôme Gué sj.

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Un élève de l’école de production de l’ICAM Toulouse explique son métier à deux étudiantes ingénieures. © Icam Toulouse

Nos sociétés d’Europe occidentale, bien que riches, génèrent en permanence des situations d’exclusion, que renforce la crise sanitaire et économique actuelle. Comment faire pour que l’ensemble des activités de notre Province jésuite contribuent, à l’inverse, à l’inclusion de tous ? La Compagnie de Jésus nous indique le chemin par la 2e Préférence apostolique universelle : « Faire route avec les pauvres et les exclus de notre monde, en promouvant une mission de réconciliation et de justice ».

Nous avons là un axe très fort : nous rendre proches, être des « prochains ». C’est l’idée maîtresse de Fratelli tutti, la dernière encyclique du pape, et bien sûr de la parabole du bon Samaritain. Comment agir ? Nous pouvons le faire en rejoignant les personnes là où elles sont, ou en les accueillant dans nos communautés, nos familles et nos institutions.

Rejoindre

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© Arpej 14

Nous souhaitons garder nos implantations de communautés jésuites en quartier populaire, voire en créer une nouvelle. Parmi les jésuites qui y vivent, certains ont leur mission dans le quartier, par exemple en paroisse ou dans les associations locales, les autres travaillent ailleurs. La gratuité de la présence quotidienne, la simplicité du mode de vie et la proximité avec les personnes qui subissent l’exclusion : tout cela permet d’agir avec elles, d’imaginer, à partir de leur point de vue, comment rendre le monde plus juste et, avec certaines, de s’enrichir de leur témoignage de foi et de leur manière de lire l’Évangile. Ces communautés sont toujours heureuses d’ouvrir leurs portes aux jésuites et amis, venant notamment des associations et paroisses où elles sont actives, une manière d’aider à faire des ponts entre différents mondes.

Accueillir

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La mission du Service jésuite des réfugiés (JRS) : accompagner et servir les réfugiés et les migrants, et défendre leurs droits. © JRS Belgium

Nous souhaitons continuer à ouvrir nos communautés à des personnes en marge, en poursuivant l’accueil des demandeurs d’asile dans le cadre du programme JRS Welcome en France (600 personnes bénéficiant de l’hospitalité dans 1700 familles et communautés), ou encore des personnes sortant de prison au Luxembourg.

Nous voulons aussi continuer à ouvrir nos institutions, par exemple à travers le recrutement plus large des élèves dans nos établissements d’enseignement. En Belgique, l’ouverture est une réalité dans de nombreux collèges, comme à Matteo Ricci, nouveau collège jésuite à Bruxelles. En France, au-delà de quelques initiatives, l’ouverture reste un défi pour nombre d’établissements. La Maison Magis, à Paris, accueille aussi bien des étudiants de grandes écoles, des jeunes professionnels en coworking, que des demandeurs d’asile en recherche d’intégration.

Ouvrir nos Centres spirituels

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© Penboc’h

Nos cinq Centres spirituels sont aussi des lieux pour construire des ponts entre différents mondes : le Centre spirituel de Penboc’h (Bretagne) a ainsi été refondé afin d’accueillir des personnes handicapées ou en précarité sociale, tout autant que des cadres en entreprise. Le Centre spirituel La Pairelle, à Namur, lance des initiatives en faveur des migrants.

Le défi de l’ouverture et de l’intégration est de taille. C’est pourquoi nous continuons à sensibiliser à l’engagement social et à inviter celles et ceux qui collaborent avec les institutions de la Province à travailler résolument en ce sens.

Enfin, nous poursuivons le développement de projets à caractère spécifiquement social. Ces actions ont besoin de compagnons jésuites et de collaborateurs animés par la spiritualité ignatienne, salariés ou bénévoles. Ce sont des lieux magnifiques pour faire route avec les personnes frappées par l’exclusion et pour vivre une profonde expérience spirituelle à la suite du Christ. Nous avons à cœur de mieux faire connaître ces expériences et de permettre aux jeunes jésuites en formation de les découvrir et, pour ceux qui s’y sentent appelés, de s’y préparer. Nous invitons les personnes qui le souhaitent à rejoindre ces lieux d’action, aussi comme bénévoles, car les besoins sont immenses. Et nous pourrons tous, que nous soyons salariés, bénévoles, jésuites, nous rassembler et échanger en profondeur à propos de notre expérience et de ce qui la fonde.

La crise sanitaire et économique actuelle touche de plein fouet les personnes qui étaient déjà fragiles. L’appel à cheminer avec elles est d’autant plus pressant. Ensemble, essayons d’y répondre, habités d’une espérance partagée et éprouvée dans la réalité de ces situations ! C’est une belle manière de vivre l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui !

Jérôme Gué jesuite Jérôme Gué sj
Délégué à l’apostolat social, communauté de Toulouse

L’apostolat social dans notre Province aujourd’hui

Éduquer et former les jeunes en difficulté

Accueillir et soutenir les migrants et réfugiés

Promouvoir une société plus juste

Vivre et agir avec les personnes en quartiers populaires

Accompagner la vie spirituelle des personnes en marge de la société

Sensibiliser les jeunes à l’ouverture sociale

Sur le terrain : témoignages

Le P. Vicente sj est prêtre à la paroisse Saint-Denys de l’Estrée depuis 2018 et sa communauté est située dans une cité HLM de Saint-Denis (Nord de Paris).

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Les Volontaires de San Alberto

« De 1999 à 2001, je suis parti en coopération en Côte d’Ivoire, après une brève expérience de vie monastique et deux ans de vie professionnelle. C’est une amitié avec des immigrés burkinabés pendant cette expérience qui m’a conduit à entrer dans la Compagnie de Jésus. « L’amitié des pauvres fait devenir ami du Roi Éternel », dit saint Ignace. Je signe des deux mains cette citation car je me suis rendu compte que la rencontre des plus humbles, comme la prière ou la lecture de la Bible, sont des chemins pour entrer « en contact » avec Dieu lui-même, l’aimer et le servir. »

> Lire le témoignage en intégralité

France Nijdam, chargée de coordination de l’Arpej, pour « Accompagner les jeunes vers la réussite »

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© Arpej

Arpej est un réseau de six associations qui accompagnent des jeunes dans leur scolarité. France Nijdam, chargée de leur coordination, témoigne de la joie qu’apporte cet engagement.

« L’Arpej est une réponse à un appel lancé en 2010, lors d’une rencontre de l’apostolat social des jésuites, pour créer une association de soutien scolaire mettant la pédagogie ignatienne au service des jeunes en difficulté. Pour moi, l’éducation peut avoir un grand effet de levier et peut changer la trajectoire de vie des personnes ; et la pédagogie ignatienne, issue d’une spiritualité qui fait ses preuves depuis 500 ans, est un trésor à partager. »

> Lire le témoignage en intégralité

Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (printemps 2021), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien ou envoyez vos coordonnées (adresse électronique/postale) à communicationbxl[at]jesuites.com.

Pour aller plus loin :

> Découvrir les 3 autres Préférences apostoliques universelles

Initiatives pour marcher aux côtés des pauvres et des exclus

Article publié le 15 mars 2021

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