L’appel : 5 étapes pour mieux discerner sa vocation
Le blog « Jeunes Cathos » de la Conférence des Évêques de France, propose la traduction d’un article d’un jésuite américain publié en novembre 2016 à l’occasion du « mois des vocations jésuites ».
L’article présente de manière simple et pertinente les 5 étapes clés d’un discernement vocationnel. Ainsi, il ne s’adresse pas seulement aux jeunes qui se posent la question de devenir jésuite, mais à tout jeune qui s’interroge sur l’appel que Dieu lui adresse. Car tout homme a une vocation. Chacun(e) reçoit un appel particulier à discerner progressivement pour trouver sa place dans l’Eglise et dans la société.
1. Ouvrir toutes les possibilités : poser toutes les cartes sur la table
Beaucoup de gens refoulent des désirs vocationnels légitimes en refermant d’avance les portes. Commencez par ouvrir les portes. Éliminez les phrases du genre «je ne pourrai jamais être …. » « … de toute façon pas fait pour moi» de votre vocabulaire (excepté, bien sûr, de réelles impossibilités, du type « je ne pourrai pas faire le Vendée Globe Challenge car je ne sais pas naviguer ! », « Je n’ai pas une bonne vue donc je ne pourrai jamais être pilote de chasse »). Pensez à tous les gens autour de vous qui vous inspirent, vous donnent envie de faire comme eux – des écrivains, artistes, professeurs, des personnes engagées au service des autres etc… – certains sont peut-être des religieux(ses) ou des prêtres ; certains sont mariés, d’autres célibataires. Souvenez-vous que tous, à un moment donné, ont dû prendre le risque d’engager leur vie sur un chemin particulier, d’oser vivre leur passion. La plupart de nos « héros » ou « modèles » ont des vies heureuses et nous donnent un témoignage généreux et prophétique, parce qu’ils ont su ouvrir en eux-mêmes à des possibilités inattendues.
Jeunes cathos, osez mettre la carte de la vie religieuse ou du ministère de prêtre sur la table ! Croyez-en mon expérience, au début je n’y pensais pas moi-même ! Mais la clé pour trouver sa vocation est bien de mettre toutes les cartes des possibles sur la table, aussi peu à la mode ou inimaginables soient-elles, et alors de voir ce qu’elles produisent en vous lorsque vous les envisagez. Il n’y a pas de vraie vocation sans vraie liberté, et une manière de comprendre ce qu’est la « vraie liberté » c’est de comprendre qu’on n’est pas « vraiment libre » de faire quelque chose tant qu’on ne s’est pas vraiment senti libre de ne pas le faire. Bien sûr vous êtes libre de vous marier, mais répondre librement à cet appel signifie que vous avez sérieusement envisagé d’autres options possibles. Lorsque vous vous posez la question de votre vocation, mettez vraiment toutes les possibilités sur la table et ensuite regardez où vos désirs les plus profonds trouvent la liberté de se développer. Lorsque vous grandissez dans la vraie liberté intérieure, vous êtes généralement conduite sur le chemin du don de vous-même par amour. Liberté ? Générosité ? Amour ? C’est ça, la vocation.
2. Passez à l’expérimentation !
Donnez-vous une année ou deux pour tester et approfondir vos désirs les plus profonds à travers des expériences concrètes. Identifiez des expériences concrètes qui vous aideront à ouvrir plus de portes, alors même qu’elles semblent en fermer d’autres. Faites par exemple un weekend de retraite (ou plus !) afin de réfléchir sur votre vocation dans le silence et la prière pour approfondir votre relation à Dieu. Prenez telle ou telle responsabilité, engagez-vous pendant un an dans un service caritatif, faites un temps de volontariat international ou de service civique…. Ou encore prenez un travail à mi-temps ou faites un stage qui élargira votre champ de vision. Ne vivez pas seulement dans l’imaginaire avec le rêve de devenir comme tel ou tel de vos modèles ou héros. Expérimentez concrètement les chemins et manières d’être des personnes qui vous inspirent. Ces expérimentations vous donneront ainsi des points de repères auxquels vous pourrez vous référer réalistement lorsque vous prendrez vos propres décisions concernant votre vocation.
Une version très peu risquée de faire cette expérience est simplement de prétendre que vous avez déjà fait un choix : passez un mois à vous dire que vous allez être parent (ou religieuse ou écrivain ou quoi que ce soit d’autre). Vivez avec cette décision, voyez ce qu’elle produit en vous puis parlez avec Dieu des espoirs et des peurs que ce choix provoque en vous. Puis passez le mois suivant en imaginant un autre choix alternatif et notez les différences entre vos réactions, sentiments… Etes-vous plus ou moins enthousiaste ? Plus courageux ? Plus curieux ? Plus vivant ? Si c’est votre vocation, cela vous rend plus vivant, plus heureux, plus ouvert, plus humain.
3. Appelez un ami
Un appel, par définition, implique des voix et des perspectives différentes des vôtres. Parlez à un ami de ce que vous envisagez et demandez-lui de faire un point avec vous de temps en temps. Les bons amis ne vous diront pas ce que vous devez faire, mais ils vous renverront à vos propres espoirs et frustrations. Un ami fidèle vous aidera à vous affirmer, ou vous encouragera lorsqu’il vous verra vous épanouir ou au contraire vous étioler. Les bons amis reconnaissent ce qui fait votre joie, ils peuvent ainsi vous aider à suivre sa trace par leurs encouragements et leur soutien.
Il est aussi bon parfois de se souvenir qu’un « bon ami », un « confident » peut être une « personne étrangère ». Nous utilisons bien voir un thérapeute ou un psy pour soigner les blessures psychologiques ou surmonter peurs et blocages. De même, l’accompagnement spirituel ou un groupe de discernement vocationnel peuvent être un bon lieu pour explorer les différents chemins vocationnels qui se présentent à vous. Profitez de l’écoute bienveillante d’un accompagnateur spirituel pour parler en confiance des désirs et questions qui vous habitent, pour relire votre vie et identifier comment Dieu habite votre vie et vous conduit, et pour discerner quelle étape vous êtes appelé à franchir. Ecouter la voix de l’amour en vous ? C’est ça, la vocation.
4. Engagez-vous
Sachez qu’il est tout à fait normal de répondre à un appel même s’il reste quelques petites incertitudes ici ou là. Toute vocation authentique vous amènera vers un lieu où l’on vous demandera de faire des choses dont vous ne vous seriez jamais cru capable. Parfois, le soutien dont vous avez besoin n’est vraiment disponible qu’une fois l’engagement pris. Dieu donne toujours la grâce de ce à quoi Il appelle. Ainsi il ne nous contraint jamais pas à entrer dans une vocation où nous aurions constamment besoin que l’on nous tienne la main ou que l’on nous protège de toute souffrance potentielle. Dieu promet en vérité la fidélité et l’accompagnement alors même que nous avançons sur un chemin de don de nous-mêmes par amour.
L’engagement nous fait ainsi entrer dans une relation où Celui qui nous appelle nous aide en même temps à répondre à cet appel. Finalement, quand nous posons un choix, nous renonçons à d’autres possibles, mais c’est cela même qui est vraiment libérateur. Répondre à sa vocation en osant s’engager sur tel chemin particulier libère ainsi notre cœur pour faire vraiment ce à quoi nous sommes appelés. La vocation est un don qui fait vivre, un vrai cadeau à recevoir. C’est un don personnel et personnalisant dans le meilleur sens du terme : pas privé mais profondément mien. Ma vocation déploie ce que je suis au service des autres. Une fois que vous avez clairement établi qu’un chemin particulier pourrait bien être votre chemin singulier, engagez-vous, petit à petit laissez de côté les autres options et prenez au sérieux le don de votre appel particulier. C’est ça, la vocation.
5. Ayez le cœur ouvert
Une fois que vous avez pris un engagement, soyez-y fidèle, cherchez à le confirmer dans le temps, et soyez patient. Tout engagement sérieux demande du temps pour s’ajuster. Souvent, nous regrettons des décisions immédiatement après les avoir prises, pas vraiment sûrs d’avoir réellement fait le bon choix, ou bien nous nous lamentons en regrettant toutes les autres possibilités que nous avons laissées derrière nous. Au fil du temps, cependant, nous finissons par réaliser que beaucoup de nos meilleures décisions ont nécessité, à leurs débuts, une bonne dose de risque et quelques combats.
En général, nous pouvons faire confiance à l’Esprit qui nous a conduits à cet engagement. Nous pouvons avoir confiance en nos amis qui nous ont accompagnés sur ce chemin. Et nous pouvons être sûrs, que, quoi qu’il arrive, nous ne serons jamais abandonnés par le Dieu qui, le premier, nous a appelé. En aimant entièrement, courageusement et complètement, rien n’est perdu. Un cœur ouvert est un cœur qui écoute. Et une vie faite de décisions prises avec un cœur large et généreux dans le don de soi par amour ? C’est ça, la vocation.
Traduit de l’anglais par le blog Jeunes Cathos
> Source : Voir l’article original sur The Jesuit Post
Article publié le 6 juin 2018