Le P. Philippe Demeestère sj à la rencontre du JRS Luxembourg
Les 18 et 19 mai 2023, le P. Philippe Demeestère sj était l’invité du JRS Luxembourg, à Luxembourg, pour un échange avec leurs membres et leurs bénévoles, ainsi qu’avec différentes associations travaillant avec les réfugiés et les migrants. Agnès Rausch, directrice du JRS Luxembourg et Monia di Pillio, du service communication de Caritas-Luxembourg, témoignent de cet évènement.
Aumônier auprès du Secours catholique, engagé depuis de longues années aux côtés des exilés de Calais qu’il accueille dans sa « Maison », le P. Philippe Demeestère sj est un familier des questions liées aux exilés, à leur rétention et, en particulier, aux « dublinés », c’est-à-dire les demandeurs d’asile ayant l’obligation de déposer leur demande d’asile dans le pays qui les a contrôlés en premier, en vertu du règlement communautaire du 26 juin 2013 dit de Dublin. Or, c’est à Calais que mène le chemin de tous ceux qui sont passés d’échec à échec. L’espoir est de pouvoir trouver un endroit où mener une vie digne et l’Angleterre est, pour beaucoup, le pays de la dernière chance. Point faible du régime d’asile en Europe, les migrants « dublinés » se retrouvent souvent dans des situations indignes. Dans ce contexte, JRS et Caritas Luxembourg sont partenaires, avec Reech eng Hand, dans le projet Ubuntu qui soutient les demandeurs de protection internationale (DPI) touchés par le règlement de Dublin et hébergés à la SHUK (Structure d’hébergement urgent à Kirchberg, l’un des quartiers de Luxembourg). Menée avec le soutien de l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte, cette initiative vise tout particulièrement les jeunes adultes, souvent les plus vulnérables et les plus traumatisés, et leur propose un soutien psychosocial ainsi qu’un accompagnement personnalisé.
Lors de sa visite au Luxembourg, le P. Philippe Demeestère sj a pu rencontrer des membres et des partenaires du JRS Luxembourg, ainsi que quelques-uns des bénévoles du projet Ubuntu qui sont à l’écoute des personnes dans les locaux de l’association ou qui rendent visite aux personnes retenues au Centre de rétention du Findel, situé non loin de l’aéroport de Luxembourg, dans l’attente d’être expulsées soit dans le pays dans lequel elles ont fait leur demande d’asile en premier, pour les « dublinées », soit dans leur pays d’origine, pour celles qui se sont vu refuser le droit de séjour au Luxembourg. Beaucoup de ces personnes y restent malheureusement longtemps, de nombreux pays refusant de les « reprendre ». Les situations sont dramatiques.
Le P. Philippe Demeestère sj a présenté le travail qui est fait à Calais par les nombreuses associations sur place qui se sont réparties différentes missions d’aide, d’où l’importance de la concertation. Le Secours catholique est en charge de l’hébergement des personnes. L’accent est mis sur l' »empowerment » des personnes : faire en sorte qu’en attendant qu’une décision soit prise sur leur avenir, les personnes puissent développer leur savoir-faire et acquérir des compétences qui leur seront utiles quel que soit le pays où elles vont pouvoir vivre. Il ne faut pas que le temps passé à Calais soit du temps perdu, surtout pour les jeunes. Une attention particulière est également portée aux relations avec les habitants de Calais. De nombreux événements sont organisés pour rapprocher les deux communautés et éviter les tensions. Un autre axe de travail est bien sûr le plaidoyer politique auprès des autorités pour débloquer les situations et améliorer la vie des personnes.
Le P. Philippe Demeestère a laissé un grand message d’espoir aux personnes rencontrées lors de sa visite au Luxembourg. Il ne faut pas se laisser prendre par le sentiment d’impuissance. Même si la marge de manœuvre semble très petite, il faut oser et faire preuve de créativité. Il y a toujours quelque chose qui permet de débloquer la situation, car la vie vient toujours au secours de la vie…
Agnès Rausch, directrice du JRS Luxembourg,
et Monia di Pillio, du service communication de Caritas-Luxembourg