Le pardon : méditation du P. Ashok Bodhana sj

« Si nous ne pardonnons pas aux autres, nous ne sommes plus libres, nous sommes prisonniers de notre passé. En ce Dimanche de la Miséricorde, le P. Ashok Bodhana sj rappelle l’importance du pardon, qui est, avant tout, pour notre propre bien.

Le Pardon : « Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonnés : faites de même » (Col 3, 13).

Le Retour du fils prodigue, Rembrandt

Si quelqu’un nous blesse, nous insulte, nous humilie, nous discrimine, nous abuse, nous trompe, nous trahit sans raison, de manière injuste, notre réflexe naturel est de lui répondre de la même façon, c’est-à-dire, de nous venger. Si quelqu’un nous dit une parole violente la plupart de nous réagit avec la même violence. Nous le voyons souvent dans la rue. Face à l’injustice que nous subissons, la colère, comme un lion, éclate en nous. On se demande : « comment se fait-il qu’il m’ait traité de telle façon, qu’il m’ait causé une telle douleur ? ».

 

Le pardon, une nécessité

Beaucoup n’arrivent pas à oublier telle ou telle personne pendant des années, voire tout au long de leur vie, parce qu’elle a blessé et brisé gravement leur cœur. Souvent les personnes qui nous blessent ne sont pas des ennemis venant d’autres pays ou planètes, mais nos proches : nos parents, nos enfants, nos amis. Peut-être que je n’arrive pas à pardonner : à mon papa qui ne m’a jamais montré sa tendresse, qui ne m’a pas laissé son héritage, à ma maman surprotectrice qui ne m’a pas laissé grandir, à mon mari ou à ma femme pour ses remarques humiliantes, à mon frère ou à ma sœur qui a refusé de m’inclure dans son groupe d’amis, à mon ami qui a trahi ma confiance en livrant mon secret, etc. Par ailleurs, plus l’offense est sérieuse et grave, plus le pardon est difficile. Quoiqu’il en soit, si on ne se pardonne pas, les relations humaines deviennent difficiles et impossibles.

Le pardon, une libération

Lorsque Pierre s’approche de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répond : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois ». (Mt 18, 21-22). Pardonner aux autres, d’abord et avant tout, est pour notre bien. Rappelons-nous les mots du Père Lacordaire, « Voulez-vous être heureux un instant ? Vengez-vous. Voulez-vous être heureux toujours ? Pardonnez ». On dit souvent que refuser de pardonner à quelqu’un, c’est comme avaler du poison en espérant la mort de l’autre. En effet, l’amertume, la rancune, le ressentiment risquent de créer un stress qui attaque notre système immunitaire. Nous risquons de tomber malade physiquement et psychologiquement. Si nous ne pardonnons pas aux autres, nous ne sommes plus libres, nous sommes prisonniers de notre passé.

Le pardon, une grâce à demander

Certains pensent que pardonner à quelqu’un qui nous a fait du tort est une façon de perdre le combat. Autrement dit, ils croient que pardonner est le fait de personnes faibles et timides.

Or c’est tout le contraire. Pardonner n’est possible que pour des personnes fortes et courageuses. Il faut beaucoup d’humilité, de courage et de force intérieure pour pardonner à quelqu’un. Cela demande une grâce surnaturelle. Pardonner est une qualité divine. Les personnes orgueilleuses ne peuvent pas pardonner aux autres. La punition des orgueilleux, c’est la solitude et l’isolement. Ils n’arrivent pas à rétablir la relation en se réconciliant avec les autres.
Jésus dit : « Et quand vous vous tenez en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, afin que votre Père qui est aux cieux vous pardonne aussi vos fautes » (Mc 11, 25). Dans la joie de Pâques nous pouvons demander la grâce à la fois d’accorder notre pardon aux autres et de demander pardon aux autres. Quelle que soit la gravité ou l’intensité de la blessure, il est toujours possible de pardonner. C’est possible avec l’aide de Dieu. Ne soyons pas paralysés par les blessures du passé, ne demeurons pas prisonniers de ce passé. Pardonner c’est un choix, c’est une décision. Prions pour obtenir cette grâce. Amen.

 

P. Ashok Bodhana sj

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Article publié le 29 mars 2021

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