Le Service Jésuite des Réfugiés fête ses 40 ans !

Le Service Jésuite des Réfugiés fête ses 40 ans ! Créé par le P. Pedro Arrupe, Supérieur Général des jésuites, le JRS est aujourd’hui présent dans une cinquantaine de pays, dont une vingtaine en Europe. Sa mission est d’accompagner et de défendre les droits des demandeurs d’asile et des réfugiés. Les acteurs du JRS veulent montrer que la rencontre efface la crainte de l’étranger au profit de la confiance et de la fraternité.

Les origines du JRS

Dans une interview, le P. Antoine Paumard, jésuite, directeur de JRS France revient sur les origines du JRS et sur les actions qu’il mène depuis 40 ans.

« A la fin des années 1970, le Père Pedro Arrupe est Père Général de la Compagnie de Jésus. Les jésuites qui font face aux migrations cambodgiennes et vietnamiennes interpellent le Père Arrupe. Il rédige une lettre en 1979 et les interpelle tous avec cette question : “Devant ce drame mondial, que devons-nous faire ?” Le JRS naît en 1980 et s’ancre dans des actions de terrain – dans les camps de réfugiés en Asie – pour répondre à des besoins essentiels, mais propose également des actions culturelles et éducatives. »

A l’origine, le père Arrupe ne savait pas combien de temps cette nouvelle œuvre allait être requise. Il ne pouvait alors imaginer que le nombre des réfugiés n’aurait de cesse d’augmenter au long des décennies. Mais l’élan qu’il a donné au JRS a été suffisamment fort pour que l’œuvre traverse les crises humanitaires.

Aujourd’hui encore, sa mission se résume en trois termes clés : « accompagner », « servir » et « défendre » les personnes déplacées. « Pas tant une mission qu’un style » précise le père Paumard. Selon lui, « il faut connaître les réfugiés et les demandeurs d’asile avant de bien les servir, sinon on risque de se projeter sur des besoins qu’ils n’ont pas. L’Église doit « faire avec » et ne pas se substituer aux réfugiés et demandeurs d’asile. »

Le pape souligne le rôle crucial du JRS

Dans une lettre adressée au père Thomas H. Smolich, directeur international du JRS, le pape François écrit : « Le JRS a un rôle crucial de faire connaître et de sensibiliser l’opinion publique sur la réalité des réfugiés et des déplacés. C’est votre devoir vital de tendre la main de l’amitié à ceux qui sont seuls, séparés de leurs familles, ou abandonnés, en les accompagnant, en faisant résonner leur voix, et surtout en leur garantissant l’opportunité de grandir à travers vos programmes d’instruction et de développement ». Ce témoignage se révèle fondamental pour construire une vraie « culture de la rencontre », insiste l’évêque de Rome. Une mission d’autant plus nécessaire aujourd’hui alors que la pandémie de coronavirus rappelle combien « nous sommes tous sur le même bateau ».

Les actions du JRS en France

En France, le JRS est présent dans une quarantaine de villes. L’objectif des bénévoles est de proposer un accompagnement à 360° des demandeurs d’asile et réfugiés, pour lutter contre leur exclusion sociale et leur isolement.

« Nos actions évoluent en fonction des besoins du terrain. Nous avons ainsi développé – au fil des années – sept programmes différents : JRS Welcome, un programme d’hospitalité et d’hébergement temporaire ; JRS Jeunes, un programme d’échange interculturels au travers d’activités ; JRS Emploi & Formation, un programme pour pallier aux problématiques de logements et de formation; JRS École de Français, un programme d’apprentissage du français ; JRS Ruralité qui propose, dans le Limousin, des courts séjours à la campagne ou des animations au travers d’ateliers, ainsi que JRS Accompagnement Juridique et JRS Plaidoyer. L’objectif est de continuer à servir les réfugiés par des réponses adaptées, et aussi de mieux faire connaître leurs histoires. »

Un accompagnement très précieux, comme en témoigne Khalil, accueilli dans une famille bénévole en milieu rural, grâce à JRS Ruralité : « J’ai senti que j’étais comme tout le monde là-bas. J’ai pu oublier des choses un peu difficiles. » Ainsi que pour toutes celles et ceux accompagnés par les les JRS d’Europe.

Construire une société plus fraternelle

40 ans du JRS Pour le P. Paumard, « Le migrant est une bénédiction. Il nous assure de sortir de nos propres frontières. Le pape rappelle que chaque personne a une dignité inaliénable, et c’est ce qui fonde la loi suprême de la loi fraternelle. L’étranger n’est pas étranger, il est frère. Si nous parvenons à porter ce regard, cela change toutes les relations dans la société. »

Des programmes d’accompagnements pastoraux et spirituels sont aussi proposés

« La plupart des réfugiés et demandeurs d’asile – que nous aidons – sont des personnes de prière, quelle que soit leur religion. » explique le . Paumard.  « Le père Arrupe rappelait qu’il ne fallait pas oublier la prière, surtout quand nous sommes proches de ceux qui souffrent. Chaque année, le 2 novembre, jour des défunts, nous faisons mémoire et prions ensemble pour les personnes disparues dans les conflits ou en fuyant les conflits. Il n’a pas été possible de se réunir cette année à cause du confinement. Ces moments de célébrations interreligieuses ou de veillées de prières sont très importants. La notion de « laïcité » en France déstabilise les réfugiés et les demandeurs d’asile. Ils sont – en général – très contents de pouvoir parler de spiritualité avec leurs familles d’accueil ou lors de séjour œcuménique dans la Communauté de Taizé. Nous sommes nourris par la spiritualité des uns et des autres. »

Pour en savoir plus

> Vous pouvez retrouver et soutenir les actions menées par le JRS en France, en Belgique et au Luxembourg.

> Vous pouvez aller lire les interviews complètes du P. Antoine Paumard sur le site de l’Eglise catholique en France et sur le site de Radio Notre-Dame.

> Vous pouvez également lire la lettre du pape François au père Thomas H. Smolich.

> Enfin, une page est accessible pour en savoir davantage sur le P. Pedro Arrupe.

Article publié le 16 novembre 2020

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