Le théâtre pour transmettre une expérience
Si les jésuites promeuvent le théâtre dans leurs collèges avec passion, ils savent aussi cultiver des dons de dramaturge. Forts de leur expérience d’auteurs, John Bosco Noronha sj et Benoît de Maintenant sj se confient sur ce qui fonde leur engagement.
À l’occasion des 50 ans des Facultés Loyola de Paris…
Les Facultés Loyola Paris sont un lieu dynamique où les idées, les langues et les cultures se rencontrent. C’est un endroit où l’on ne sait jamais qui l’on va rencontrer ni de quoi l’on va parler. Représenter le dynamisme et la créativité des Facultés Loyola Paris a été mon premier désir lors de la création de notre spectacle « Mon premier jour au Centre Sèvres », joué le 26 janvier 2024. Sur scène, nous avions l’opportunité de donner un aperçu de ce qu’est la vie dans ce lieu si particulier : les grands débats, mais aussi les questions de tous les jours, où sont les fourchettes par exemple ? Telles étaient les facettes des Facultés que je souhaitais révéler à l’occasion de leur 50e anniversaire et du changement de nom. Et pour cela, rien de mieux qu’une pièce de théâtre pour les rendre visibles !
…faire communauté
Rendre visibles aussi les voix de 50 ans d’histoire, d’étudiants, d’enseignants et de personnels qui ont construit ensemble un lieu aux réalités multiples. Une richesse d’expériences à exploiter pour notre spectacle. Pour cela, nous avons eu l’idée de lancer un questionnaire, et j’ai été submergé par les réponses ! J’ai reçu des commentaires touchants, amusants et très personnels, démontrant une soif de partager les expériences d’un lieu qui a marqué la vie de nombreuses personnes. Grâce à ces histoires, anecdotes et sentiments, la pièce a été non seulement drôle mais aussi authentique.
Nous avions besoin d’une troupe, aspect du théâtre que je considère comme fondamental. Une pièce de théâtre est le fruit d’un long processus de collaboration qui, dans sa finalité, est partagé. Par son regard et son attention, le public collabore avec les artistes pour créer quelque chose ensemble. En créant cette pièce, il se forme ainsi une communauté avec laquelle il est possible de transmettre ce que nous pensons et discutons en classe. Quel que soit le message que l’on veut faire passer, le théâtre est un outil puissant pour rassembler les gens et créer une communauté.
Un spectacle pour les écoles de notre Province…
Il est classique d’associer le poète au syndrome de la « page blanche » : cette angoisse de ne savoir ni comment, ni quoi dire, à l’instant précis où tout commence. Affirmer que la « page blanche » n’aura pas le dernier mot, c’est se lancer dans l’inconnu avec confiance. Voici l’ambition de la pièce de théâtre « Un peu d’audace », qui a été jouée à Bruxelles (Saint-Michel) et à Paris (Saint-Louis de Gonzague) au printemps 2024 et qui sera de nouveau programmée à la rentrée 2024 puis en 2025.
Nous sommes trois jésuites, Louis Lorieux, Cédric Lecordier et moi-même, à avoir expérimenté nos propres limites et leur humble dépassement. Nous voulons proposer aux jeunes des établissements scolaires, à leurs parents et aux professeurs, une traversée de ces émotions et de ces contradictions.
L’histoire se déroule dans un studio privé, installé dans une grange à la campagne. Deux amis sont sollicités par des producteurs de musique qui leur demandent quelques enregistrements pour… le surlendemain. Panique à bord : le troisième membre du groupe n’est plus là. Et c’est lui, le créatif ! C’est lui qui porte tout le talent !
…afin de transmettre une expérience
Pendant une heure de spectacle, nous proposons de vivre et traverser cette aventure de l’inconnu, notre rapport au talent, à la comparaison aux autres… Par le cheminement de ces deux personnages, qui passent par l’euphorie, le découragement, la jalousie, les rêves illusoires, etc., nous croyons qu’il se vit une première annonce de l’espérance chrétienne, celle d’être co-créateurs. Nous prenons le parti de nous adresser aux classes entières, à la diversité des élèves qui sont maintenant dans les établissements scolaires jésuites. Dans la grande tradition jésuite, c’est au spectateur d’exercer sa liberté pour interpréter l’écriture et la mise en scène de la pièce afin d’éclairer sa propre vie et sa manière de créer.
Le pari est audacieux et nous sommes bien petits devant une telle ambition. Mais nous mettons de notre côté tous les moyens possibles pour que la pièce soit une expérience. Le texte est validé par un travail de longue haleine sur les planches, une metteuse en scène stimule et affine les enjeux et les intentions, la musique est omniprésente, les lumières sont un troisième acteur sur scène pour aider à voyager et à rêver. Il faut être un peu fou pour se lancer dans une aventure pareille… !
Durée de la pièce de théâtre : 1h. Benoît de Maintenant sj et Louis Lorieux sj (auteurs, metteurs en scène, interprètes), Louis Lorieux (composition), Cédric Lecordier sj (texte des chansons), Claire Chastel (aide à la mise en scène).
John Bosco Noronha sj et Benoît de Maintenant sj
Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (été 2024), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement numérique et papier est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien.
Article publié le 15 juin 2024