L’École de Provence à Marseille, un des établissement scolaire sous tutelle jésuite, fête ses 100 ans en 2022. Plusieurs évènements ont déjà eu lieu au cours de l’année. Le vendredi 24 juin, les élèves, leurs parents et les équipes pédagogiques se sont retrouvés pour une soirée festive à l’occasion de cet anniversaire.
L’École de Provence a enfin fêté l’installation en 1921 des jésuites dans le quartier de Saint-Giniez, boulevard Emile Sicar. Ces deux dernières années ayant été compliquées, la célébration a été retardée pour fêter l’événement comme il se doit. Lors de cette soirée d’anniversaire, une messe présidée à 18h30 par le P. François Boëdec sj, Provincial d’EOF, un spectacle sur le thème « 10 classes / 10 décennies » et un concert jazz-rock par les élèves du secondaire.
Retour sur (au moins) 100 ans d’histoire…
La création de l’École de Provence par la Compagnie de Jésus est d’une certaine façon liée à l’ histoire marseillaise. Les premiers jésuites sont arrivés en 1616 et ont eu la charge d’une église dès 1623, d’une maison dès 1628 et d’autres apostolats avant la fondation de leur premier collège qui aura lieu seulement au début du XVIIIème siècle, en 1727. L’année 1814 est celle du rétablissement de la Compagnie de Jésus, mais les jésuites ne sont revenus à Marseille qu’en 1839. Un premier projet de rétablissement après 1820 a échoué en raison du peu de faveur de l’autorité ecclésiastique de l’époque. Quant au collège, il n’a vu le jour qu’en 1873 avec une trentaine d’élèves.
En 1877, les jésuites rassemblent quelques 280 élèves rue Saint-Sébastien. L’école jésuite est alors une école de garçons qui portent culottes courtes, chaussettes de laine et le béret. Le succès aidant, les jésuites passent d’une structure plus grande à une autre. Ils investissent la rue Stanislas Torrents puis ils s’installent au bout du boulevard Emile Sicard en 1921. Au fil des siècles, la pédagogie jésuite est appréciée et les nombreuses demandes d’inscriptions dans les divers établissements en témoigne.
L’École de Provence a su évoluer et s’adapter à toutes les époques et sans jamais cesser d’être fidèle à sa vocation : dispenser un enseignement de qualité dans une réflexion, pour ceux qui le souhaitent, chrétienne, afin « d’aimer et servir ». Dans la dynamique du « Magis* » qui invite à faire « un pas de plus », l’École de Provence conduit ceux qui y étudient et y travaillent au cœur de l’expérience chrétienne : « en donnant, on reçoit ».
L’École de Provence compte aujourd’hui 1600 élèves (école, collège et lycée). L’école de Provence est l’un des quatre établissements sous tutelle jésuite dans le sud de la France avec le lycée Saint-Joseph de Tivoli à Bordeaux, le Caousou de Toulouse et Saint-Joseph d’Avignon.
Extrait de l’homélie du P. François Boëdec sj, Provincial d’EOF, pour la messe des 100 ans de l’école de Provence
« On pourrait dire que l’histoire de Provence, c’est une histoire de bergers et de brebis. De générations en générations, depuis la fondation du collège par les jésuites, il y a eu, sous des formes différentes, de la part des enseignants, des éducateurs, des parents d’élèves, de tous ceux qui ont été investis dans la vie du collège, un souci de prendre soin de chacun des élèves, de les accompagner personnellement, de les aider à devenir ce qu’ils sont, de venir les chercher quand ils risquaient de se perdre en route. Mais aussi de les aider à devenir des hommes et des femmes responsables, soucieux des autres, « des hommes et des femmes pour les autres », prêts à s’engager pour les autres, à donner de ce qu’ils ont reçu et découvert, qui n’hésitent pas à rejoindre celui ou celle qui boite dans la vie, qui se trouve seul et perdu. Et il n’est pas très difficile dans notre société française, parfois si divisée, incapable souvent de se parler, il n’est pas très difficile de trouver les lieux au plus proche de notre vie où cet enjeu de choisir d’aimer sous une forme ou une autre, de sortir de soi, nous est relancé comme un appel. Et si Provence devait un jour perdre de vue ce projet premier et essentiel, celui de former des hommes et des femmes de cœur, eh bien, il ne durera pas longtemps, sûrement pas cent ans. » > Lire l’homélie en intégralité
100 ans de l’école de Provence : témoignage du P. Charles Hervieux sj, son aumônier
« Puisse la célébration du centenaire cette année nous rappeler à nouveau cette vocation. Et qu’ainsi, dans nos institutions, l’on ose, sans tiédeur aucune, désigner le Christ pour qu’il soit connu, reconnu, rencontré. Or dans le contexte d’une conception raidie de la laïcité, la tentation d’édulcorer la dimension évangélique nous guette toujours . Se présentent alors comme confortables et satisfaisantes les références à quelques valeurs humanistes, si sublimes soient-elles. Sans attenter à la liberté de conscience, sans esprit de conquête et dans le respect des autres croyances, il y a place à l’École de Provence pour mettre en œuvre une des caractéristiques de tout établissement scolaire jésuite : « Ouvrir en toute liberté une rencontre avec le Dieu de Jésus Christ ». Qu’on se le dise ! » > Lire le témoignage en intégralité
« Oser vivre les valeurs de la Compagnie de Jésus » : témoignage de Mme Marie-Pierre Chabartier, directrice de l’École de Provence
« Nous pensons être un établissement – sans doute comme tant d’autres établissements jésuites du réseau mondial – où nous « osons » vivre les valeurs de la Compagnie de Jésus en accompagnant nos élèves dans la simplicité de ce qu’ils sont alors qu’ils entrent chez nous, puis en essayant de les conseiller dans leur discernement tout au long de leur scolarité afin qu’ils fassent les bons choix pour leur avenir ; qu’ils deviennent des personnes comblées qui savent se mettre au service des autres. […] Nous sommes un établissement catholique lié à la Compagnie de Jésus ; les élèves ont donc des occasions d’accueillir, en toute liberté, la parole du Christ. Le service de pastorale est en charge de la formation humaine et des célébrations. Tout enfant ou adolescent qui veut poursuivre son cheminement de foi et recevoir les sacrements peut le faire avec notre équipe d’animatrices en pastorale et notre aumônier. » > Lire la suite
*Magis est un mot latin qui se traduit par « davantage ». Il apparaît dans de nombreuses lettres de saint Ignace de Loyola et dit bien la pédagogie choisie par les jésuites et la famille ignatienne : toujours faire un pas de plus, avancer selon ce que l’on est. Rien ne sert de viser l’excellence, car c’est un leurre et elle ne mène que très rarement au bonheur et au bien ! > En savoir + sur le Magis avec Prie en chemin
