L’épître aux Hébreux au regard des Evangiles

Couverture Epître aux Hébreux

L’Epître aux Hébreux invite ses lecteurs à penser le sacrifice de Jésus comme une épreuve d’obéissance imposée par le Père. Le P. Martin Pochon confronte cette lecture avec celle des Evangiles. Il s’attache à repérer son influence dans la tradition de l’Eglise. 

Lors de sa XXIIe session sur le Saint Sacrifice de la Messe, le Concile de Trente affirmait que “au cours de la Cène, Jésus a offert son corps et son sang, sous les espèces du pain et du vin, à Dieu son Père”. Or les synoptiques et Paul nous présentent la Cène comme un don inconditionnel de sa propre vie aux hommes, à Pierre qui va le renier, à Judas qui est en train de le trahir. Le Concile justifie son énoncé en se référant à l’Épître aux Hébreux. Se pourrait-il qu’elle soit à l’origine d’une inversion du sens de ce mémorial ? C’est cette question qui est à l’origine de ce livre.

De fait l’auteur de la Lettre aux Hébreux a choisi de prendre comme clé d’interprétation de la mort du Christ la fête du Grand Pardon, alors que le Christ a choisi d’inscrire sa Passion dans la fête de la Pâque. N’est-ce pas ce choix qui a conduit l’auteur inconnu de la Lettre à citer de manière singulière et abondante les Écritures de la Première Alliance, et à donner à la mort du Christ un sens qui n’est jamais convoqué dans les Évangiles ?

Pour mener à bien cette herméneutique l’auteur de la Lettre, peut-être Apollos, commente de manière originale les passages de l’Écriture auxquels il se réfère dans les chapitres centraux de son enseignement. Aussi le présent ouvrage s’est-il attaché à examiner le sens qu’il donne à la figure de Melchisédek. Ou encore, à se poser la question de l’usage qu’il fait du symbolisme du sang de l’alliance. Et enfin quels choix opère-t-il lorsqu’il cite le psaume 39/40 ?

Prenant comme grille de lecture de la Passion du Christ les sacrifices de purification du Lévite, l’auteur ne peut, contrairement aux Évangiles, donner toute leur place aux adversaires du Christ dans sa mort.  Celle-ci apparait alors comme une épreuve d’obéissance imposée par le Père à son Fils et non comme l’expression du respect infini du Père pour ses ennemis.

Au terme, se dessine une figure de l’autorité de Dieu qui exige avant tout une obéissance inconditionnelle et laisse peu de place au pardon pour ceux qui renieraient son Christ.

C’est le sens du sacrifice du Christ qui est en jeu : Jésus a-t-il offert sa vie en sacrifice au Père ? Ou pour faire la volonté du Père,  a-t-il offert sa vie aux hommes, accomplissant ainsi tous les sacrifices de la Première Alliance ?

De la réponse à cette question dépendent beaucoup d’enjeux ecclésiaux actuels et notamment ceux qui concernent la liturgie ou la structure des communautés. Autant de thèmes que l’auteur de La lettre aux Hébreux au regard des Évangiles aborde de manière documentée.

L’épître aux Hébreux au regard des Evangiles, Martin Pochon sj, Editions du Cerf, 728 p.

Présentation de l’ouvrage sur le site des éditions du Cerf

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