Les « apostolats d’été » d’un jésuite en formation
Louis Tonneau, jésuite en formation, nous raconte ses missions durant cet été 2022. Entre l’accompagnement d’une retraite pour les familles à Penboc’h, à une session sur l’engagement politique à Venise, en passant par un pèlerinage avec de jeunes adultes sur les traces des premiers compagnons en Espagne. Dans quelle mesure toutes ces expériences contribuent-elles à le former ?
Je suis scolastique jésuite. Cela signifie que je suis religieux, membre de la Compagnie de Jésus et actuellement en formation en vue de la prêtrise. Durant l’année universitaire, ma mission principale est celle d’étudiant en philosophie et en théologie. Mais durant les mois d’été, le jésuite en formation se consacre environ cinq semaines à des missions diverses : les « apostolats d’été ». Le reste de l’été est réservé au repos et à un temps de retraite spirituelle personnelle.
Pour ma part, le programme fut le suivant : une semaine au Centre spirituel jésuite de Penboc’h (Morbihan) au service de vacances spirituelles à destination des familles, deux semaines en Espagne sur les traces des premiers jésuites pour accompagner un pèlerinage pour jeunes adultes entre les villes de Loyola (celle de saint Ignace) et de Javier (celle de saint François-Xavier), et une semaine à Venise dans le cadre d’une université d’été « Foi et Politique » organisée par le Centre social jésuite européen (JESC). Avec les divers temps de préparation de ces propositions ainsi que ceux de transport, on atteint bien cinq semaines. Le compte y est !
De quoi s’agit-il ? Qu’y ai-je fait ?
A Penboc’h, la Pastorale jésuite pour les familles propose aux familles une session alliant détente et formation chrétienne. Parents et enfants se séparent en matinée pour y vivre séparément un temps de formation, de jeu, d’échanges ou de prière adapté à leur âge. Ils se retrouvent ensuite en famille, l’après-midi, pour laisser place aux vacances en bord de mer. Je m’y occupais des plus petits (de 2 à 4 ans), en plus des enfants de chœur.
En Espagne, depuis plus de vingt ans, les jésuites néerlandophones proposent annuellement un temps de pèlerinage : deux semaines de retraite itinérante, au rythme des Exercices spirituels, pour trouver Dieu et apprendre à faire des choix. Intense, sobre et exigeante, la proposition séduit. J’y ai assuré pour ma part le rôle d’accompagnateur spirituel, au service d’une équipe de 8 pèlerins.
A Venise enfin, de jeunes trentenaires de toute l’Europe se sont réunis pour y penser l’agir chrétien au service du bien commun. Des temps d’enseignement, de témoignage, d’échange et de prière alimentèrent cette réflexion. J’y fût essentiellement en charge des temps de prière quotidiens.
Un été formateur
Les apostolats d’été sont tantôt choisis tantôt reçus d’un supérieur mais sont toujours l’occasion de service : des participants dans leur recherche de Dieu et de la Compagnie de Jésus dans sa mission. Service donc, mais pas seulement. Pour celui qui part en apostolat, c’est aussi une formidable occasion d’apprentissage.
Ainsi, à Penboc’h, ai-je pu une nouvelle fois toucher du doigt combien l’accompagnement des familles est un enjeu fondamental pour l’Église : c’est là le premier lieu d’expérience et de partage de la foi. Peu enclin à m’occuper de très jeunes enfants, j’ai aussi pu y expérimenter l’obéissance dans la confiance : d’autres ont estimé que c’est là que je servirai le mieux, laissons-nous donc surprendre !
En Espagne, il me fut donné d’écouter, conseiller et diriger de jeunes adultes (20-25 ans) par l’introduction des temps de prière, la conversation spirituelle, l’aide au discernement. La fonction à assumer fut celle du pasteur prenant soin de la vitalité spirituelle, de la solidité de la foi et du moral de ceux qui lui ont été confiés : nous sommes ici au cœur de la mission sacerdotale, exception faite des sacrements. Utile pour confirmer sa propre vocation dans l’Église.
L’Italie enfin fut le lieu d’une première rencontre avec la Compagnie de Jésus dans sa dimension universelle. J’y ai collaboré avec des jésuites d’Irlande, d’Italie et de Slovénie. Quelle tonalité donnent-ils à leur travail ? Une façon de faire commune, proprement « jésuite », peut-elle être décelée ?
Que ce soit en français à Penboc’h, en néerlandais à Loyola ou en anglais à Venise, ce sont finalement bien de ces deux composantes dont mon été fut tissé : service des autres et formation personnelle… pour une plus grande gloire de Dieu !
Louis Tonneau sj
Jésuite en formation (communauté saint Ignace à Paris – Sèvres)
Pour aller plus loin :
- Découvrir le dossier « Vivre un été spirituel et fraternel » recensant les diverses propositions des jésuites et de la famille ignatienne.
- Découvrir les propositions de la Pastorale jésuite pour les familles.
- Découvrir la session « Foi et Politique » proposée par les jésuites européens.
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Article publié le 1 août 2021