Thierry Héroufosse est l’ancien directeur du collège Saint-Stanislas à Mons, en Belgique. Il témoigne de son parcours professionnel dans l’enseignement durant de nombreuses années, à la lumière de la pédagogie ignatienne et guidé par le Saint Esprit.

Thierry Héroufosse Mons Élève, éducateur, professeur, préfet, directeur-adjoint puis directeur, j’ai effectué une bonne partie de mes études et l’intégralité de mon parcours professionnel au collège Saint-Stanislas de Mons. La vie trace parfois des parcours insolites, voire étonnants ! Le mien s’est composé de surprises, de décisions, de choix libres ou plus contraints, bref de toute une série de paramètres qui nous échappent en partie et qui démontrent combien chaque parcours reste à construire en fonction de ce que la vie, à tel ou tel moment, apporte. Ne perdons pas de vue non plus les petits « je ne sais quoi » qui émaillent toute existence et qui restent troublants. C’est peut-être là que l’insolite prend sa place, mais aussi et surtout cet appel discret et particulier qui illustre bien l’aspect singulier d’une vie.

Au terme de mes études, en 1984, j’étais devenu « prof » et je revenais au sein de mon ancien collège, où j’étais entré à l’âge de dix ans. L’accueil qui me fut réservé me marqua profondément, dans la mesure où les mots qui me furent adressés percolent encore aujourd’hui dans ma tête. À l’époque, les termes relecture, discernement, cura personalis [1], etc., ne m’inspiraient pas particulièrement, mais, sans en prendre la mesure, je les vivais au quotidien.

Je fus ensuite pressenti pour un poste de direction. Étonné au départ – j’évoquais plus haut les petites choses qui vous arrivent – j’acceptai, finalement de m’inscrire parmi les postulants… À mon grand étonnement, je fus désigné en qualité de préfet du cycle inférieur. Comme quoi, on ne sait jamais de quoi sera fait le lendemain. Puis je devins directeur-adjoint, avant d’être propulsé à la direction de l’école.

« Dans les inattendus de mon parcours, je vois comme une sorte de connivence
avec le Saint Esprit qui « se laisse planer » au-dessus de nos existences. »

À partir de mon entrée en fonction au sein de l’établissement, les principes pédagogiques ignatiens prirent du sens, de manière de plus en plus pointue. Ce n’était plus seulement des mots mais des outils à faire vivre au quotidien. La cura personalis était devenue une réalité, tant pour les adultes que pour les élèves, qu’il importait d’aborder avec beaucoup de discernement ; de même que les quatre « C », selon les mots forgés par le P. Kolvenbach sj : former des hommes et des femmes compétents, conscients, compatissants et engagés (« committed » en anglais). Le témoignage de la vie de saint Ignace prenait alors une dimension surprenante. L’empreinte qu’il laisse sur moi est considérable.

Percevoir les appels pour mieux les appréhender… en toute liberté, voilà la façon dont j’ai abordé les changements qui ont émaillé ma carrière. Ils ont été autant de guides que de révélations en donnant au mot « foi » une autre dimension. Dans ces « inattendus », je vois comme une connivence avec le Saint Esprit qui se laisse planer au-dessus de nos existences.

Thierry Héroufosse,
ancien Directeur du collège Saint-Stanislas à Mons, en Belgique

Note

[1] Ou attention à la personne de l’élève (pédagogie personnalisée).


Cet article est paru dans la revue Échos jésuites (été 2024), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement numérique et papier est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien.

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