« Les diversités sont une sage volonté divine » : Récit d’un jésuite à Alger

Le P. Lucien Descoffres est à Alger depuis 2014. Il y œuvre en particulier pour la formation humaine et professionnelle auprès de jeunes adultes.

Formation humaine et professionnelle

Je fais de la formation professionnelle dans une œuvre fondée il y a 25 ans par le P. Joseph Rivat sj. Je suis affecté à la formation humaine des jeunes diplômés.

Remise des attestations de stage, un appui à l’insertion professionnelle

À base de bilans de compétences et de modules de développement personnel, nous aidons ces jeunes à chercher et trouver le sens et l’orientation de leur vie. La pédagogie ignatienne du choix et de l’intériorité donne beaucoup de fruits chez des jeunes qui n’ont pas trouvé cela durant leurs études, dans un contexte religieux souvent réduit au permis et au défendu.

Apprentissage du dessin industriel

Les jeunes retirent de ces formations plus de confiance en eux-mêmes et l’espérance de pouvoir réaliser sur place quelques-uns de leurs rêves alors que le désir du départ à l’étranger ronge l’engagement dans le présent.

D’autres formations sont aussi organisées pour ceux qui sont sans diplômes, une sorte d’école de la deuxième chance.

L’Église au service

C’est un service emblématique de la place que l’Église veut avoir dans le pays, une Église du service, de la rencontre, de la fraternité.

Armoires électriques et câblages

Cette mission en Algérie est pour moi l’aboutissement d’une longue histoire. Elle a commencé durant ma régence. Là j’avais découvert une Église pas comme les autres. Les chrétiens sont ultra minoritaires et la Compagnie de Jésus a choisi d’être au service de tous, spécialement des jeunes.

Au moment de l’indépendance du pays en 1962, elle avait une perspective de développement, puis elle s’est investie dans la construction patiente d’un « vivre ensemble en paix » en jouant un rôle d’Église citoyenne dans un monde pluriel. J’ai découvert récemment que le cardinal Charles de Lavigerie, fondateur des pères blancs et des sœurs blanches, avait écrit en 1873 au supérieur jésuite de la mission en Kabylie :

Il est interdit de parler de religion aux Kabyles, si ce n’est des dogmes qu’ils admettent et de leurs anciennes traditions chrétiennes (du temps d’Augustin, etc.). On se bornera pour le moment à soigner les malades et à faire l’école aux enfants.

Il est défendu de baptiser qui que ce soit, et même de proposer le baptême, sans mon autorisation.

Le pluralisme et les diversités, « une sage volonté divine »

Le cardinal développait un apostolat transformant le milieu et respectant les consciences individuelles. Il anticipait ainsi de 80 ans le tournant opéré par Vatican 2 vis-à-vis des autres religions : elles « reflètent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes ».

Aujourd’hui, le texte de 2019 sur la « Fraternité humaine » cosigné par le pape François et le grand imam Ahmad Al-Tayyeb nous fait faire un pas de plus : « Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains ».

L’Église d’Algérie est aujourd’hui attelée à cette tâche : « Comment comprendre que la diversité des religions est « une sage volonté divine »[1] ? Nous y participons avec les autres œuvres lancées par les jésuites sur Alger : CCU, Maison de BenSmen.
Cette belle mission a besoin d’ouvriers.

[1]     Lettre pastorale de Paul Desfarges Archevêque d’Alger. Octobre 2019

Lucien Descoffres sj

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Article publié le 1 décembre 2021

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