Les résultats de la COP28 à la lumière de Laudate Deum : éclairage du P. Benoît Willemaers sj
Au lendemain de la clôture de la COP28, le P. Benoît Willemaers sj partage son analyse à la lumière de l’exhortation apostolique Laudate Deum.
Dans son exhortation Laudate Deum, le pape François appelait les pays participants à la conférence COP28 à initier « un nouveau processus radical, intense et qui compte sur l’engagement de tous » (LD 59). Il insistait sur le fait que, alors que l’humanité arrive à un point de non-retour face au réchauffement climatique, les politiques engagées ne sont pas à la hauteur des enjeux (LD 55-56). À l’heure des bilans, l’accord final de Dubaï se révèle une réponse décevante aux attentes du pape.
Symboliquement, l’accord inclut, pour la première fois, un appel à délaisser les combustibles fossiles (charbon, gaz, pétrole), mais seulement dans le domaine de l’énergie. Couplé avec l’ambition de tripler les énergies renouvelables d’ici 2030, cet appel peut certainement servir de point d’appui à tous ceux qui militent pour des politiques de transition. Il envoie aussi un signal aux investisseurs ; l’avenir est aux renouvelables, pas aux énergies fossiles.
Par contre, la tension entre un effort intense et l’engagement de tous s’est étalée au grand jour. Les différences d’approche sont évidentes entre les pays qui veulent accélérer le pas, ceux qui jouent l’immobilisme et ceux qui se considèrent en incapacité d’agir vite. La question d’une transition juste et équitable peut servir de prétexte à des engagements au rabais mais, en l’absence de mécanismes crédibles de solidarité et de soutien, il est illusoire de demander aux pays les moins riches de se lier par des engagements qu’ils se savent incapables de tenir. La COP28 a certes été l’occasion d’avancées en la matière, avec un accord sur la mise en œuvre du Fonds pour les pertes et dommages et de nouveaux financements pour le Fond Vert pour le Climat. Mais les promesses sont encore bien timides et loin de ce qui serait nécessaire.
Le pape François soulignait par ailleurs dans Laudate Deum que « supposer que tout problème futur pourra être résolu par de nouvelles interventions techniques est un pragmatisme homicide, comme un effet boule de neige » (LD 57). Malheureusement, la COP28 a été révélatrice de cette tendance au technicisme, avec les technologies de capture du carbone mises en avant par les lobbys industriels, bien au-delà de ce qu’elles peuvent raisonnablement promettre.
> Voir aussi : « Éclairage du P. Marcel Rémon sj sur l’exhortation apostolique sur la crise climatique »
Enfin, la COP28 ne s’est pas dégagée de sa faute originelle, telle que l’identifiait le pape : le manque d’engagements contraignants. L’accord final ne peut qu’appeler les états à « contribuer » à l’effort commun, selon des politiques « déterminées nationalement« , et selon des critères qui laissent une large part à l’appréciation des gouvernements. L’avenir seul dira si les États sont prêts à offrir une contribution qui fasse la différence.
P. Benoît Willemaers sj,
Centre social jésuite européen (JESC-Bruxelles)