Matteo Ricci, Adam Schall von Bell et Fernand Verbiest : les trois premiers jésuites en Chine
Les confrères de François Xavier à Macao espéraient réaliser son désir de pénétrer en Chine. Mais cette pénétration ne put avoir lieu avec succès qu’en 1583 quand Michele Ruggieri et Matteo Ricci furent à même de lire, écrire et parler le chinois suffisamment et de commencer ainsi à apprécier la culture chinoise.
Ruggieri retourna en Italie pour obtenir d’autres compagnons, mais sa santé ne lui permit jamais de retrouver Ricci en Chine. Ricci publia des essais sur la doctrine chrétienne et une carte du monde qui montrait aux Chinois pour la première fois la rotondité de la terre. Devant l’empereur de Chine, il prédit l’heure exacte d’une éclipse solaire… une heure avant celle annoncée par les astronomes impériaux !
Johann Adam Schall von Bell poursuivit la politique de Ricci d’inculturation du christianisme en Chine et lui donna une nouvelle dimension en qualité de directeur du tribunal d’astronomie.
Nommé au même poste en 1669, Verbiest exerça une influence sur l’empereur Kangxi dont la curiosité à l’égard de l’occident était remarquable. A la mort de Verbiest en 1688, le contact des jésuites avec la cour de Pékin avait été définitivement établi.
En Flandre, Verbiest est généralement connu en tant que jésuite missionnaire en Chine, bien que l’on sache qu’il y ait été an grand astronome. Cependant, celui qui observe toute la vie et l’oeuvre de Verbiest – et surtout s’il le fait du point de vue de la Chine – peut dire de lui qu’il n’était pas seulement un grand scientifique, un mandarin haut placé à la cour impériale et un missionnaire, mais avant tout un ami véritable de l’empereur et de nombreux Chinois.
Verbiest demeura en Chine pendant vingt-neuf ans. Durant cette période il écrivit au moins trente-cinq livres, dont certains n’ont jamais été publiés, sur des sujets variés tels que les mathématiques, l’astronomie, la géographie, la culture européenne, la philosophie, la religion, etc
Fidèle à la formation de base qu’il avait reçue à Louvain, il était principalement astronome et mathématicien. Ce fut son prédécesseur, Matteo Ricci, qui avait pu convaincre le Supérieur des jésuites d’envoyer en Chine des missionnaires ayant une connaissance de l’astronomie… Verbiest arriva en 1659 à Macao et après un court séjour en Xi’an (province Shaanxi), fut appelé en 1660 par Adam Schall – alors directeur de l’observatoire impérial- pour se rendre à Pékin, où on était en pleine réforme du calendrier. Verbiest aussi allait y travailler et dès le début il se fit remarquer pour ses dons exceptionnels.
Après de nombreuses polémiques avec des astronomes chinois, l’empereur reconnaît la valeur et la rigueur de Verbiest en le nommant vice-directeur puis directeur de l’Observatoire impérial.
Dès qu’il eut la charge de la direction du Bureau impérial d’astronomie, il commença à faire des esquisses pour les grands instruments de bronze. Aujourd’hui on peut toujours les voir au-dessus de l’Observatoire impérial. Voici ici l’observatoire en grand en photo ci-contre :
En quatre à cinq ans il fit fabriquer six instruments de bronze, dont deux, le sextant et la sphère écliptique armillaire étaient jusqu’alors inconnus en Chine.
Après les avoir fabriqués, il rédigea un rapport sur des instruments nouvellement construits dans l’observatoire. Il y explique la théorie de la fabrication, l’emploi des instruments et leur fonctionnement. Cette œuvre est considérée comme un travail astronomique très important, particulièrement les deux derniers volumes, illustrés de cent seize esquisses de ces instruments.
De nos jours, la fondation Verbiest continue tout le travail inauguré par ce grand ami de la Chine. Ils éditent régulièrement une lettre d’information sur les chrétiens et la Chine qui est disponible sur Internet.
Article publié le 7 octobre 2011