Les jardins de la Rencontre, méditation pascale
Méditation pascale pour temps de confinement, proposée par le P. Vincent Klein sj.
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Tableau 1 : Le jardin de la jouissanceTu es un jardin verrouillé |
Clos dans le jardin où tu m’as placé J’entends le gravier crisser sous tes pas Tu me vois bêcher, irriguer et veiller Ton haleine donne vie à la glaise inerteLe potager se tache de vertes promesses Les mésanges s’ébrouent dans la fontaine, Aspergent aux quatre vents et s’envolent en riant Les fruitiers se gonflent de couleurs sonoresTulipes, violettes et jonquilles secouent la tête Tous ces visages que tu posas devant moi Bouquets de rencontres furtives ou fidèles L’éphémère beauté jette une ancre éternelle
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Tableau 2 : Le jardin à l’ouest
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Un geai se pose sur l’enceinte au levant Il regarde par-delà et cajole bruyamment. Distrait, ravi, excité, j’enjambe la muraille J’erre dans le tumulte et perds connaissanceÉpuisé, lacéré, mes yeux s’ouvrent Sur une trouée et le jardin foulé. Règnent le silence assourdissant des oiseaux Et le gravier qui crisse sous ton pasJ’ai peur du fouet des paroles blessantes J’étouffe dans ce corps nu, meurtri et malade. La tulipe détourne la tête à mon passage Et le merle sautillant se cache sous les iris
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Tableau 3 : Le jardin au pressoirMon chéri descend à son jardin |
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La nuit est noire et la ténèbre lourde Le jardin tapisse un lit d’herbe fraîche Autour d’oliviers aux corps calcinés Par le sel de la sueur et les larmes de sangPlus de fruits accrochés à leurs doigts noueux Déjà la récolte au pressoir est broyée Son huile avec soin recueillie oindra D’un geste féminin un visage torturéLe jardin atteste la veille indigente Quand dans la vallée un chien hurle à mort Cris et silences sculptent profond les troncs Tabernacles de mémoire, hôte des ans
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Tableau 4 : Le jardin au rocher creuséAu jardin des noyers je descends |
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Au jardin pentu couvert de rosée Les larmes espèrent la promesse matinale. Voici qu’elle rosit le rocher béant Où la meule roulée seule monte la gardeLe visage d’une femme aux yeux rougis Incline sa foi vers l’abîme et perçoit : Deux draps blancs qu’un vent love sur un fil Lui caressent les cheveux souriantsElle reconnaît le jardinier à son pas Se retourne au chant de son nom et voit Une colombe et les amandiers en fleur. Joie pascale, rencontre insaisissable. |
P. Vincent Klein sj
Photos prises dans le jardin de la communauté
128, rue Blomet, Paris 15