« Liberté et fécondité » – Méditation du P. Jean-Marc Furnon sj pour le Carême
Pour le troisième dimanche de Carême, le P. Jean-Marc Furnon sj, directeur du centre spirituel du Châtelard, nous invite à méditer l’Évangile de Luc (13, 1-9). « Jésus est venu nous tendre la main de la part de Dieu » ; à nous d’exercer notre liberté : marcher à sa suite et porter du fruit, ou l’ignorer et rester stériles.
Le malheur n’est pas une punition de Dieu
Des Galiléens au nord du pays et dix-huit personnes qui vivaient à côté de la fontaine de Siloé à Jérusalem ; tous morts brutalement. Etaient-ils « plus » grands pécheurs que les autres ? Non. Jésus l’affirme au sujet de l’aveugle né et qui n’a pas eu le temps de pécher : « Ni lui, ni ses parents ont péché » (Jean 9,3). Jésus déracine radicalement ce vieil archaïsme qui est en nous : le malheur qui lui arrive est la punition du pécheur.
Oui, il y a des malheurs dans la vie et dans nos vies. Un romancier contemporain met dans la bouche de Jésus ces paroles adressées à un homme qui venait, malheureusement, de perdre son fils aîné de sept ans : « Ton fils est mort ? lui dit Jésus. Aime-le encore plus. Et surtout aime les autres, ceux qui te restent, et dis-le-leur. Vite. C’est la seule chose que nous apprend la mort : qu’il est urgent d’aimer. » (Eric-Emmanuel Schmitt, l’Evangile selon Pilate, Albin Michel, livre de poche 15273, p.30).
Transmettre la vie
Dieu est la vie qui se donne. L’homme est appelé à aimer, à porter des fruits, à découvrir qui est Dieu et à vivre en disciple de Jésus. Qui est Dieu ? Dieu est la vie qui se donne. Un figuier est appelé à porter de bons fruits pour que d’autres s’en nourrissent. C’est sa manière à lui, figuier, de participer au concert de la Création.
Puisque le figuier est stérile, alors il faudra le couper. Pas la peine qu’il épuise la terre. C’est ce que nous vivons parfois à l’égard des autres : il n’y a rien à tirer de lui.
Dieu espère en l’homme ; c’est pour cela qu’il nomme la stérilité du figuier dans la parabole. Cette parole témoigne de l’amour que Dieu a pour l’homme. La stérilité, c’est le refus, souvent inconscient chez nous, de transmettre la vie. Dieu est la vie qui se donne. La mort, c’est l’avarice du cœur.
Fécondité d’une vie à la suite de Jésus
Jésus nous révèle, dans le mystère de l’incarnation, l’amour qui sort du cœur de la Trinité pour l’humanité, amour qui visite la stérilité du cœur humain. Jésus s’est incarné pour nous témoigner de cet amour ; c’est ce qu’il a fait jusqu’au bout, jusque dans son attitude à l’égard du larron sur la croix. Jésus est venu nous tendre la main de la part de Dieu. La saisir ou l’ignorer dépend de notre liberté.
P. Jean-Marc Furnon sj
Communauté jésuite de Francheville – Le Châtelard
Article publié le 18 mars 2022