Avec sept campus en France et six à l’international, et près de 750 ingénieurs diplômés chaque année en France, l’Icam se développe tout en étant profondément ancré dans la tradition pédagogique ignatienne.

Icam pédagogie ignatienne

Élèves en situation d’apprentissage.

L’Icam a été fondé en 1898 par des industriels du nord de la France qui ont confié le projet pédagogique à la Compagnie de Jésus. Les jésuites ont ainsi dirigé l’Icam pendant un peu plus de 80 ans et animé directement le projet pédagogique jusqu’en 2016. Mais en quoi la pédagogie Icam est-elle ignatienne ? Et surtout comment pourra-t-elle le rester ?

La pédagogie Icam est d’abord une pédagogie « du choix et de la réussite ». Cela se traduit principalement par son mode de recrutement sur dossier et entretiens. L’Icam est attentif au projet de l’élève et à son adéquation avec celui de l’Icam pour pouvoir ensuite réussir ensemble. L’élève, de son côté, doit « désirer » l’Icam et s’engager dans l’apprentissage de son « métier » d’ingénieur. Si ces conditions sont réunies, alors la réussite de 100 % des élèves devient un objectif atteignable.

Pour ce faire, l’Icam met en place une pédagogie du concret. Dès la première année, les étudiants réalisent de nombreux travaux pratiques et des projets sont mis en place. Depuis quelques années, la création de Fablabs [1] au sein de chaque campus permet aux étudiants de l’ère numérique de passer rapidement et facilement au réel. En dernière année, les étudiants sont mis en situation d’ingénieur débutant en stage, mais également en mémoire scientifique industriel où ils réalisent des études financées par des entreprises clientes sous un mode contractuel classique.

Faire des choix en conscience

Icam pédagogie ignatienne 2

Élèves en expériment.

Ces différentes expériences, permettant des apprentissages scientifiques et techniques, sont complétées par des missions d’ouverture aux autres, vécues comme de véritables aventures humaines. En premier lieu, les étudiants ont une vie de promotion et une vie associative intenses sur leur campus. Ensuite, les missions sociales invitent les étudiants à se mettre au service des autres au niveau local. L’expériment [2] leur permet de s’ouvrir à d’autres réalités plus éloignées et/ou d’autres cultures pour gagner en maturité et en connaissance de soi. Les missions écologie intégrale contribuent à leur faire découvrir les enjeux sociaux et environnementaux auxquels le monde est confronté.

Toutes ces expériences scientifiques et humaines sont accompagnées par les collaborateurs de l’Icam dans une véritable pédagogie du côte-à-côte. La posture de l’enseignant est essentielle pour mettre en œuvre cette pédagogie. Il doit à la fois faire confiance à ses étudiants et les placer en permanence, avec exigence, devant leur liberté et leur responsabilité. En parallèle de cette posture, des temps de relecture animés et accompagnés dans des séances individuelles ou collectives permettent aux étudiants de tirer des enseignements de leur vécu. Ils sont alors invités à faire des choix en conscience et à prendre pour eux-mêmes des décisions d’amélioration.

Une pédagogie intégrale

La pédagogie Icam s’intéresse donc à l’étudiant dans toutes ses dimensions, il s’agit véritablement d’une pédagogie intégrale. À la manière de faire qui correspond aux compétences de l’ingénieur (l’action et le comment), s’ajoute la manière d’être qui s’intéresse au sens (l’éthique et le pourquoi). C’est tout cela que l’on retrouve dans la baseline de l’Icam : « L’art et la manière de faire monde ».

La pédagogie de nos écoles est donc fortement inspirée par la pédagogie ignatienne. Désir, expériences, relecture, accompagnement, magis rythment cette pédagogie. Mais comment faire pour y rester fidèle, voire en faire davantage ?

L’Icam a développé depuis quelques années un parcours spécifique en quatre ans, appelé « bachelor international ». Celui-ci propose des pédagogies dites actives. Les étudiants apprennent par eux-mêmes en se confrontant à des « situations problèmes ». Ce parcours est proposé à l’identique sur quatre continents et les étudiants des huit pays sont amenés à se mélanger au cours des deux dernières années. Ce parcours s’appuie sur l’approche et l’évaluation par compétences. Ce modèle pédagogique place les étudiants au centre en leur donnant la responsabilité de leur progression. Il fait aujourd’hui la synthèse des évolutions pédagogiques de l’Icam.

Matthieu Vicot Matthieu Vicot,
directeur général de l’Icam,
délégué à l’enseignement supérieur et à la recherche

Notes :

[1] Un fablab est un tiers-lieu offrant des équipements permettant de fabriquer à peu près n’importe quoi.

[2] L’expériment est un temps d’expérience concrète et pratique, vécu par les futurs jésuites durant leur noviciat. Par extension, dans un cursus de formation d’ingénieur sous statut d’étudiant, il s’agit, pour ce dernier, de préparer un projet personnel de quatre mois qui lui permettra de vivre une expérience forte et formatrice, qui l’aidera à mûrir et apportera une vraie valeur ajoutée à son projet de vie.

En expériment sur les routes africaines

étudiant Icam L’été dernier, j’ai parcouru 4 000 km à vélo en Afrique de l’Est dans le cadre de mon expériment. Cette expérience unique m’a énormément apporté. Ce projet a été l’occasion d’un vrai discernement, en amont, pendant le projet, et en aval, quant à ma présence sur cette terre, mes aspirations et ma vocation. J’avais pas mal de temps seul sur mon vélo ! L’Icam nous accompagne pour choisir librement notre projet, le construire et le modeler, puis le vivre et le relire. Cela a été l’occasion pour moi d’une vraie ouverture aux autres, et c’est la plus belle conclusion de cette aventure : la richesse humaine ! Finalement, ces quatre mois de solitude m’ont permis de me donner toujours plus physiquement et de partager tous les jours avec des étrangers des histoires, des sourires, des joies.
Paul, étudiant à l’Icam


Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (été 2024), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement numérique et papier est gratuit. Pour vous abonner, cliquez sur ce lien.