Le P. François Boëdec sj, Provincial, invite dans cette méditation à rester dans la lumière de Noël, debout dans l’adversité, pour se recentrer sur l’essentiel de nos vies et accueillir l’enfant de la crèche avec joie et espérance.

Cette année, la guerre en Ukraine et la crise énergétique ont contraint nos villes à être sobres dans leurs illuminations. Qui s’en plaindrait ? Les plus anciens se souviennent de leur enfance où il n’y avait pas ces lumières qui s’imposent et aveuglent. L’obscurité était plus habituelle, et à Noël, l’étoile, la crèche, les feux des bergers, lumières fragiles et douces, indiquaient une espérance possible. Il en est de même des bruits de fond permanents qui aujourd’hui n’aident guère à ce qu’une parole s’incarne au plus intérieur de nos vies.

Aujourd’hui, nous sommes fatigués de trop de lumières aveuglantes, de discours vides ou braillards. Las de mauvaises nouvelles et de déceptions. Nous aspirons à nous recentrer sur l’essentiel, poser notre regard vers cette naissance toujours offerte, cette aventure humaine qu’un petit enfant vient cette année encore nous proposer de vivre. Et ressentir une joie simple et vraie d’entendre battre le cœur de nos vies et celui du monde, mystérieusement reliés.

Il ne s’agit pas de faire de Noël une parenthèse doucereuse dans les lassitudes du temps présent, mais de greffer nos vies, bien concrètes, à la Parole faite chair qui éclaire nos questions, nos projets, nos espérances et nos doutes, même – comme le dit saint Jean – lorsque les ténèbres ne veulent pas la recevoir. Devant les tempêtes (écologie, international, social, ecclésial…) qui commencent inéluctablement à s’abattre sur nous, comment allons-nous nous comporter ? En restant prostrés et fatalistes ? En nous protégeant, pensant que nous ferons partie de ceux qui échapperont au pire ? Ne s’agit-il pas plutôt de tenir debout dans la vague, sans nous laisser emporter ? Et d’aider les autres à tenir debout aussi, afin que, dans les changements profonds qui arrivent, le monde ne se déshumanise pas.

Restons dans la lumière, celle de Noël et du matin de Pâques, la seule qui nous fasse regarder le monde en ses chaos en sachant qu’il est définitivement sauvé.

À tous, bon Noël et bonne année !

P. François Boëdec sj,
Provincial

Cet article a paru dans la revue Échos jésuites (hiver 2022), la revue trimestrielle de la Province d’Europe Occidentale Francophone. L’abonnement, numérique et papier, est gratuit. Pour vous abonner, merci de consulter ce lien.

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