Magie d’une rencontre improbable : l’atelier cartes de vœux pour les détenus à Luxembourg

Chaque année, à Luxembourg, à l’occasion de la fête de Noël, des enfants de la communauté dominicale du Christ-Roi réalisent des cartes de vœux, qu’ils offrent à des détenus en fin de peine. Voici le témoignage d’une étonnante rencontre entre l’univers carcéral et les enfants. Noël de la fragilité, Noël de l’humanité partagée…

Tout est parti, il y a plus de dix ans déjà, d’une initiative du Père Vincent Klein sj, aumônier à la prison de Luxembourg et en contact avec de nombreux enfants de la communauté dominicale du Christ-Roi à Luxembourg.

Pourquoi ne pas provoquer, durant l’Avent,  une rencontre entre des détenus en fin de peine, amenés sous peu ou depuis peu à se réintégrer dans la société, et des enfants de 9-10 ans, toujours généreux et créatifs et rarement en contact direct avec certaines réalités sociales ?

Étant intégrée à l’animation de multiples groupes d’enfants au Christ-Roi, le défi m’a été lancé d’organiser un atelier de réalisation de cartes de vœux par les enfants pour les détenus. Ces cartes sont distribuées durant la messe de Noël à la prison pour égayer les cellules, pour marquer très concrètement que, derrière les murs, les détenus ne sont pas oubliés.  Quelle richesse !

D’abord, l’accueil de l’imprévu : la neige qui s’invite, le détenu qui se trompe de transport, l’ex-détenue qui nous confie que, ce jour-là, c’est son anniversaire…C’est la fête !

Une structure bien rodée néanmoins. Chaque rencontre commence par un chant ou une prière et par l’écoute du témoignage d’une personne en congé pénitentiaire pour l’occasion ou d’un(e) ancien(ne) détenu(e), accompagné(e) d’un  membre de l’aumônerie. Paroles fortes : « je suis Papa. Je ne vois pas grandir mon enfant » ou « Respectez-vous vous-mêmes, les enfants.  C’est parce que je ne me suis pas respecté, que tout a commencé …»

Vient ensuite le temps de réalisation des cartes par les enfants. L’échange avec nos invités continue. Des trésors de créativité se déploient pour offrir, comme le dit si joliment J., ancien détenu, « une fenêtre sur le monde extérieur ».

L’atelier se termine par un repas festif plus informel, sans oublier la traditionnelle partie de foot.  D. témoigne : « pour moi, c’est là que cela s’est vraiment passé. Un groupe de filles est venu me parler et j’ai vraiment senti que j’étais aussi autre chose qu’un prisonnier. C’était bon de l’entendre dire par des enfants. »

Noël de la fragilité, Noël de l’humanité partagée, Noël de la rencontre et de l’enrichissement mutuel… Joyeux Noël !

Astrid Gaudissart
Communauté dominicale du Christ-Roi, Luxembourg

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Article publié le 17 décembre 2019

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