Méditation du P. Vincent Klein sj pour entrer en Carême

En ce début de Carême, le P. Vincent Klein sj partage sa méditation poétique qui invite à la primauté et la radicalité de ce chemin vers Pâques vécu dans le cœur à cœur avec Dieu.

Şahin Sezer Dinçer – Pixabay

Vraiment tu es un Dieu jaloux !
Tu détestes l’aumône qui suinte le m’as-tu vu
Mais tu ne montres pas le chemin ecclésial
D’un engagement solidaire fécond.

Tu m’invites plutôt à la pauvreté radicale d’un cœur
Où ne se joue rien de moins que l’offrande de ma vie.
Tu ne regardes pas le don, mais bien le donateur,
Qu’il s’appelle Zachée[1] ou qu’il n’ait pas plus de nom
Que cette humble veuve versant ses deux piécettes.

Jésus et la femme adultère, peinture de Titien

Peinture de Titien représentant Jésus et la femme adultère.

Vraiment, tu es un Dieu jaloux !
Tu détestes dans les prières les mises en scène égocentrées
Mais tu ne considères pas notre besoin
De communier aux sources de la fraternité ?

Tu m’invites plutôt à l’obéissance parfaite d’un cœur sans partage
Cherchant ce Dieu caché dans le désert d’une cellule.
Tu défends avec violence le temple sacré de ton corps,
Jusque dans l’inertie de cet homme descendu devant toi
Ou dans l’abandon d’une femme jetée en pâture à tes pieds.

María Laura Romero Sierralt – Unsplash

Vraiment, tu es un Dieu jaloux !
Tu détestes qu’un sacrifice consenti puisse justifier un abus de pouvoir
Mais tu ignores la force communautaire
D’un jeûne qui serait pourtant chaque fois réinventé.

Tu décides plutôt d’oindre ma tête d’un parfum pascal
Et de laver mon visage dans les eaux chastes du baptême.
Tu t’aventures même jusqu’à abandonner ton corps nu
Aux mains d’un membre du sanhédrin et d’un notable d’Arimathie
Ou encore aux pleurs de la magdaléenne au jardin de la rencontre.

Note : [1] Littéralement : « celui qui fait l’aumône ».