Noël en Grèce : « Créer des ponts entre les peuples »
La communauté jésuite de Grèce anime le centre Pedro Arrupe à Athènes, en lien avec JRS (Jesuit Refugee Service), qui assure un soutien scolaire pour 170 enfants de 6 a 17 ans, de 17 nationalités différentes. Argyro Haztiantoniou, le responsable de ce centre, relate la fête de Noël qu’il s’apprête à vivre dans un contexte multiculturel, dont l’enjeu est l’unité.
Au sein du Centre Arrupe géré par JRS (Jesuit Refugee Service) Ellada à Athènes, j’ai à cœur de transmettre chaque année le message de Noël dans une population multiculturelle, où beaucoup d’enfants ne sont pas chrétiens. Lors de la préparation de cette année, mon regard est tombé sur quatre petites filles originaires de Syrie. Avec leur difficultés pour s’exprimer en grec, il leur était difficile de participer pleinement aux préparatifs. En revanche, étant restées quelques années en Turquie avant d’arriver en Grèce, elles parlaient turc. Je leur ai donc proposé de préparer une chanson de Noël en turc.
D’autres enfants syriens ont tout de suite contesté ma réaction, en raison de l’invasion de leur pays par la Turquie : ils ont dit que les petites filles ne devaient pas chanter en turc. Devant ces incompréhensions mutuelles, j’ai engagé un dialogue avec les enfants pour leur expliquer la différence entre la politique d’un pays avec ses voisins et les relations entre les peuples. Je leur ai dit qu’il était important de respecter la culture et la langue d’un pays, même si c’était un pays ennemi d’un point de vue politique, afin de créer des ponts entre les peuples. Pour illustrer mon propos, je leur ai donné l’exemple du Centre Arrupe où tous les enfants venant de différents pays arrivent à se respecter l’un l’autre et à s’écouter.
Cet événement m’a fait prendre conscience du véritable message de Noël que nous voulons transmettre avec le Centre Arrupe : créer des ponts n’est pas facile et c’est souvent un long apprentissage. Mais l’incarnation du Christ nous montre le chemin vers l’unité, vers et avec d’autres hommes et femmes. J’espère que cette fête de Noël que nous vivrons au Centre Arrupe sera un message pour toutes les familles : nous pouvons nous accepter les uns les autres, au-delà des étiquettes, que l’on soit turc, syrien, grec, ou autre. Je souhaite que nous ayons un cœur qui voit et entende la particularité et l’originalité de chacun.