Justice et développement : l’apostolat social
Dès la création de la Compagnie de Jésus, Ignace a désiré s’investir avec et pour les plus pauvres, apprenant à leur école à découvrir le visage du Christ pauvre et serviteur.
Marcher aux côtés des pauvres et des exclus
« Marcher aux côtés des pauvres et des exclus » est la deuxième des quatre Préférences apostoliques universelles, ces orientations que suivront les jésuites dans leurs missions pour les dix prochaines années, pour servir au mieux le monde et l’Église. Cette deuxième Préférence apostolique récuse toute recherche d’élitisme et demande, non pas de travailler pour ou en faveur des pauvres, mais de marcher à côté d’eux, à côté de notre monde et des personnes blessées dans leur dignité, en promouvant une mission de réconciliation et de justice.
Nous avons là un axe très fort : nous rendre proches, être des « prochains ». C’est l’idée maîtresse de Fratelli tutti, la dernière encyclique du pape, et bien sûr de la parabole du bon Samaritain. Comment agir ? Nous pouvons le faire en rejoignant les personnes là où elles sont, ou en les accueillant dans nos communautés, nos familles et nos institutions.
> « Marcher avec les pauvres et les exclus » : en savoir + sur cette Préférence apostolique universelle
> « L’apostolat social : cheminer avec les exclus de notre monde » : lire le dossier avec le Fr. Jérôme Gué sj, Délégué à l’apostolat social
> En savoir + sur les quatre Préférences apostoliques universelles
Qu’est-ce que l’apostolat social ?
L’apostolat social de la Compagnie de Jésus a cette conviction que toute personne est appelée à avoir sa place dans la société. Cette conviction est habitée par notre foi selon laquelle chaque être humain compte pour Dieu. Aussi, les jésuites cherchent à favoriser une approche d’inclusion pour accueillir toute personne et pour mettre en œuvre la mixité sociale. Les personnes défavorisées ne sont plus considérées comme des personnes à aider, mais comme des collaborateurs, au même titre que tout autre individu. Ce facteur d’inclusion peut être très puissant, en luttant à la racine de l’exclusion sociale, en désamorçant les tensions sociales dues au rejet des uns et des autres selon des préjugés, et en témoignant concrètement de la force de réconciliation du Royaume de Dieu.
Les jésuites veulent favoriser l’esprit de la démarche de Diaconie de l’Église qui vise à mettre au centre de nos communautés les personnes en situation de précarité, tout en étant marqués par l’approche ignatienne. Ils souhaitent ainsi vivre la rencontre et l’amitié avec tous comme une grande richesse, à la suite du Christ. L’apostolat social a donc pour horizon d’habiter toutes les missions de la Compagnie de Jésus. Plus spécifiquement, il concerne des jésuites, des laïcs et des religieux(ses), des associations, des œuvres et des institutions, engagés au service de la justice et auprès des milieux populaires.
La formation des jeunes en difficulté
Chaque année en France, près de 100 000 jeunes sortent de l’école sans diplôme ni qualification. Le réseau Loyola Formation cherche à donner une chance à ces jeunes avec la pédagogie ignatienne qui favorise l’engagement dans leur formation et leur vie. Loyola Formation fédère 13 établissements liés aux jésuites : centres de formation professionnelle, écoles de production (dont l’AFEP), et centres d’accompagnement scolaire (ARPEJ).
L’accueil des étrangers
Le Service Jésuite de Réfugiés (JRS) a pour mission d’accompagner, servir et défendre les personnes déplacées de force. En France, l’activité Welcome Jeunes développe des activités co-animées par tous. Avec le réseau Welcome en France, le JRS anime un réseau de familles d’accueil pour les demandeurs d’asile. Le JRS Belgium visite les réfugiés détenus en centres fermés ainsi que les familles placées en maisons de retour. Le projet belge Uptogether organise dans les trois régions du pays des réseaux d’hospitalité qui accueillent des migrants déboutés.
Par ailleurs, le Centre d’initiatives et de services des étudiants de Paris (CISED) à Saint-Denis et le Coup de Pouce Université (CPU) à Lyon accompagnent en français des étudiants internationaux dans leurs études. Ces deux initiatives sont fédérées dans le réseau Rosae, avec d’autres centres ayant des liens avec des jésuites.
Le développement de la pensée sociale de l’Église
Pour éveiller à une prise de conscience des questions clés de notre société, développer une analyse critique et promouvoir des engagements responsables, le Centre de Recherche et d’Action Sociales (CERAS) et le Département d’éthique publique du Centre Sèvres en France et le Centre AVEC en Belgique proposent des formations et des débats sur ces sujets. Ces structures publient entre autres les revues Projet en France et En Question en Belgique et contribuent à mieux faire connaître la doctrine sociale de l’Église. Depuis Rome, le Secrétariat pour la justice sociale et l’écologie édite en français la revue Promotio Justiciae qui apporte des témoignages sur le terrain à partir des expériences et réflexions du monde entier.
La spiritualité et le partage de vie
Dans des paroisses, des prisons et des communautés qui accueillent des personnes handicapées, les compagnons jésuites participent aux activités qui permettent un développement personnel et spirituel de tous, par la convivialité, l’accompagnement et les célébrations. Le Centre Spirituel Penboc’h en Bretagne a pris de nouvelles orientations pour accueillir les personnes en situation de précarité ou de handicap, tout en développant en même temps des propositions pour les acteurs du monde économique, associatif et politique.
Par ailleurs, une demi-douzaine d’implantations communautaires permet à des compagnons jésuites de partager ensemble la vie concrète des quartiers populaires, avec des engagements paroissiaux et associatifs locaux. Une manière de voir le monde depuis Toulouse-Bagatelle, Saint-Denis Basilique, La Plaine Saint Denis, Marseille-Airbel, Saint Etienne-Montreynaud et le Mans…
Le volontariat international et l’aide au développement
Avec Inigo Volontariat – le service jésuite du volontariat international – basé à Paris et l’ONG FUCID à l’Université de Namur, les jésuites proposent aux jeunes de plus de 18 ans de vivre une expérience de volontariat international avec une sensibilisation aux relations Nord-Sud, d’une durée de 1 à 24 mois en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Les Œuvres Sociales et Éducatives des Jésuites au Tiers-Monde (OSEJTM) à Bruxelles et l’Œuvre des Missions / Fondation jésuite pour la solidarité internationale à Paris collectent quant à elles des dons pour soutenir de nombreux projets de développement.