Retour sur les ordinations diaconales de sept jésuites à Paris

Sept jésuites ont été ordonnés diacres le samedi 1er mai en l’église Saint-Ignace à Paris. Retour sur ce temps de joie.

La célébration

Désiré Andriatsiferana, Joel S’Souza, Garrett Gundlach, Dag Heinrichowski, Charles Niyigena, Donna Fulgence Ramarozatovo et Joseph Soren ont été ordonnés diacres le samedi 1er mai en l’église Saint-Ignace à Paris par Mgr Laurent Le Boulc’h, évêque de Coutances et Avranches.

Les 7 diacres et l'évêque

Les sept ordinants sont étudiants au Centre Sèvres -Facultés jésuites de Paris et seront ordonnés prêtres pour la Compagnie de Jésus dans leur Province. Ils ont choisi comme citation pour leur ordination diaconale une citation de saint Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus, tirée des Exercices Spirituels :
« En todo amar y servir · en tout aimer et servir ».

La présentation des sept jésuites

Le P. François Boëdec sj, Provincial d’EOF, a présenté au début de la célébration, les sept jésuites venant de cinq Provinces jésuites différentes. Un moment touchant qui montre les liens fraternels qui unissent les compagnons jésuites entre eux. 

L’homélie de Mgr Laurent Le Boulc’h, évêque de Coutances et Avranches

Monseigneur Laurent Le Boulc’h a prononcé une homélie suite à la proclamation de l’Evanigle selon saint Marc 10, 46-52, qui raconte la guérison de l’aveugle Bartimé.

Homélie « Dans l’Evangile de Marc, Jésus réussit la prouesse de convertir la foule de Jéricho. ‘Appelez-le’. Jésus demande à la foule de cesser de faire rempart entre les pauvres et lui et de devenir un passage entre Bartimé jusqu’à lui.

En devenant aujourd’hui des diacres en vue du ministère de prêtre dans la Compagnie de Jésus, vous recevez la charge d’aider sacramentellement l’Eglise à entrer réellement dans la conversion de la foule de Jéricho. Ordonnés diacres, vous serez dans l’Eglise et dans votre congrégation, l’écho de la Parole de Jésus qui retourne la foule du côté de Bartimé en lui disant ‘Appelez-le’. Vous aiderez l’Eglise, dans la fidélité à saint Ignace, à devenir chemin vers la rencontre des pauvres et de Jésus. Ayez l’ouïe assez fine pour entendre non seulement les souffrances les plus criantes et scandaleuses du monde actuel, mais aussi celles qui ne font pas de bruit.

Vous serez alors, au long de vos existences ministérielles, ces hommes qui ont reçu la grâce dans l’Eglise, d’entendre l’appel de Jésus et qui, humblement, trouvent leur joie à Le servir dans le service de leurs frères et sœurs pour l’annonce de l’Evangile. ‘Que Dieu Lui-même achève en vous ce qu’Il a commencé’, comme dit le rituel.« 

A quoi correspond le diaconat ?

prostrés 1 Le terme diacre vient du grec et signifie « serviteur ». Par l’ordination, le diacre est configuré au Christ serviteur, lui qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 45).  Ayant reçu les dons de l’Esprit Saint qui le fortifient, le diacre assiste l’évêque et les prêtres dans le ministère de la Parole (proclamation de la Parole et prédication), de l’autel (pendant la messe) et de la charité (présence aux personnes les plus pauvres et les plus fragiles) en se montrant le serviteur de tous. Au nom de l’Église, il peut baptiser et recevoir le consentement des époux.

Venant d’Inde, de Madagascar, des États-Unis, d’Allemagne et du Rwanda, les sept ordinants illustrent la dimension internationale de la Compagnie de Jésus. Cette dimension à l’échelle du monde a été signifiée de différentes manières au cours de cette célébration, en particulier par les lectures et les chants en plusieurs langues.

La dimension internationale de la Compagnie de Jésus

En raison de situation la sanitaire et de la limitation du nombre de personnes présentes dans l’église, la célébration était retransmise en direct sur YouTube et Facebook pour permettre, notamment, aux familles de la suivre.

Le mot de remerciement des ordinants

Charles Niyigena, originaire du Rwanda, adressa ces mots à l’assemblée, au nom des sept nouveaux diacres :

« ‘Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie.’ C’est avec ces mots du psaume 117 que j’aimerais, au nom des nouveaux diacres, vous adresser un petit mot, pour vous exprimer notre gratitude. […] Ce que nous venons de recevoir aujourd’hui nous dépasse largement. Au jour de notre ordination, quelques mots retentissent encore au-dedans de nous : ‘Dieu éternel et tout puissant, tout indigne que je sois devant Toi, mais comptant sur Ta grâce et sur Ta bonté infinie et poussé par le désir de Te servir.’ Ces mots, nous les avons prononcés le jour de nos premiers vœux et nous les avons répétés chaque année. Ils ont un sens particulier aujourd’hui. […] Dieu qui se donne à nous en premier et suscite en nous le désir de le servir.

A vous tous, compagnons de la Province d’Europe Occidentale Francophone, vous nous avez accueillis comme des frères. Merci de nous faire découvrir un autre visage de la Compagnie et de nous permettre de goûter déjà l’universalité de sa mission. Bien que nous soyons tous les sept des étrangers, nous ne nous sommes pas sentis comme des étrangers. Nous sommes chez nous. Et ça c’est aussi grâce au travail de toutes celles et ceux qui nous ont aidé à naviguer dans la bureaucratie et l’administration française, afin de rendre notre séjour le plus agréable possible.

Un remerciement aussi aux religieuses et religieux rencontrés avec qui nous avons pu tisser des liens. […] Aux professeurs du Centre Sèvres grâce à qui nous avons pu entrer dans l’intelligence de la foi et nous confronter aux défis du monde et susciter une réflexion personnelle pour y répondre. »

Une pensée bien sûr pour les parents qui ont ouverts des chemins, qui ont été « ces solides fondations » grâce à qui « nous tenons ».

Aux amis et connaissances des Etats-Unis, d’Allemagne, de France, d’Inde, de Madagascar et du Rwanda. « Grandement merci pour votre fidélité ».

« Chers frères et sœurs, ce jour ne marque pas la fin du chemin pour nous. Comme pour Bartimé, il vient à peine de commencer. »

« Merci » dans les 7 langues.

Portraits des nouveaux diacres

Désiré ANDRIATSIFERANA (Madagascar – Vanves)

Né le 3 septembre 1982 à Ambositra (Madagascar), Désiré a cinq frères et une sœur religieuse. Il a grandi dans une famille catholique très croyante, qui, chaque soir, priait pour les vocations. Désiré a fait ses études secondaires au collège protestant d’Ambositra. Il a découvert la Compagnie à travers le MEJ, dont l’aumônier était jésuite. Après le bac en 2003, il a accompli un stage d’un an, puis un an de pré-noviciat, et est entré au noviciat à Antananarivo, le 1er octobre 2005. De 2007 à 2012, il a d’abord fait deux ans de juvénat, puis trois ans de philosophie, et une année de régence au Centre de formation professionnelle de Bevalala, à Antananarivo. Pour sa deuxième année de régence en 2013, il a été envoyé au sud à Tuléar, dans une paroisse de brousse, où il a œuvré pour l’apostolat de la jeunesse. De 2014 à 2016, il a passé les deux premières années de théologie à l’ITCJ d’Abidjan, entrecoupées de deux années en tant qu’aide du directeur du second cycle à Saint-Michel de Tana. C’est en octobre 2018 que Désiré a repris la théologie au Centre Sèvres de Paris. Outre la théologie, un domaine intéresse particulièrement Désiré : les questions sociales.

Joel DSOUZA (Inde – Vanves)

Né à Bombay en 1983, Joel est l’aîné de deux frères, tous deux séminaristes. Joel a grandi dans la foi grâce à sa famille, son école et sa paroisse locale. La vie inspirante de son directeur d’école – un prêtre diocésain, une forte expérience religieuse, la découverte des jésuites à 15 ans et les missions prêchées par les Rédemptoristes ont été les expériences fondatrices de sa vocation au sacerdoce. Après des études d’ingénieur, il a travaillé dans le domaine du webmarketing, explorant en même temps la possibilité d’une vie religieuse. Joel est entré au noviciat en 2012. Il a fait ses études de philosophie à Chennai. Pour sa régence, il a été envoyé à la périphérie de sa province, où il a enseigné à l’école des jésuites et a été responsable de l’internat des garçons. Depuis 2018, il fait partie de la communauté de Vanves et poursuit ses études de théologie au Centre Sèvres. Il exerce un ministère spirituel à la Maison de la parole à Meudon, au sein d’une équipe qui anime des récollections mensuelles.

Garrett Philip GUNDLACH (Etats-Unis – Beyrouth)

Né au cœur des Grands Lacs, Garrett vient du nord des États-Unis. Scout et frère aîné de quatre garçons, il n’est pas étonnant qu’il ait rejoint les jésuites, ensemble en communauté et en aventure. C’est au sein d’une faculté jésuite qu’il a découvert l’Évangile, la joie et la solidarité avec les déshérités du monde. À ces fins, il a exploré des ministères auprès des migrants hispanophones et des personnes sans-abri pendant ses études. Il est entré dans la Compagnie dans le Minnesota et a prononcé ses veux en 2012. A Chicago, il a fait un Master of Social Work (MSW) en santé mentale et migration, suivi de trois ans de régence parmi les amérindiens Lakȟóta. Il vient de terminer son premier cycle de théologie au Centre Sèvres en 2020. Pendant toutes ses études, il a noué des amitiés profondes avec des migrants à Chicago et à Paris. Il réside actuellement à Beyrouth, où il étudie la langue arabe, et commence un master en dialogue islamo-chrétien.

Dag HEINRICHOWSKI (Allemagne – Sèvres)

Dag est né le 31 mars 1991 à Hambourg, au nord de l’Allemagne, où il a grandi avec ses deux frères aînés. En 2010, après ses études secondaires, période marquée par le scoutisme, la vie paroissiale et la musique, il a travaillé pendant un an avec les personnes sans-abris. Grâce à cette expérience, il a découvert une autre dimension de l’Église et de sa ville natale. Devenu séminariste diocésain, il a étudié la philosophie et la théologie à Francfort et en Suède (Uppsala et Stockholm). Il a été en contact avec plusieurs jésuites et a découverte les Exercices Spirituels, ce qui a éveillé en lui le désir d’entrer dans la Compagnie de Jésus pour vivre et construire avec d’autres personnes, à partir de l’expérience d’un Dieu qui surprend. Après le noviciat, il a effectué sa régence au Canisius-Kolleg à Berlin, où il a accompagné les jeunes dans leurs activités et leur processus pour devenir « une personne pour les autres ». Cet été, il terminera son séjour de deux ans à Paris avec une licence canonique en théologie fondamentale.

Charles NIYIGENA (Rwanda – Raynouard)

Né au Rwanda, Charles est le dernier d’une famille de quatre garçons. Il a été élevé dans la foi chrétienne. Témoin de la Providence divine dès son plus jeune âge après la mort de son père, Charles a senti le désir de servir les autres alors qu’il était encore au lycée. Il faisait alors sienne les paroles du psalmiste, « comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? » (Ps. 115). En 2006, il est entré au noviciat Notre Dame de la Route, à Cyangugu, puis il a fait des études de philosophie à Arrupe Jesuit University (alors Arrupe College/Université du Zimbabwe), de 2008 à 2012. Pendant deux ans et demi, il a fait sa régence au complexe scolaire St Ignace à Kigali (Rwanda), où il a exercé diverses fonctions administratives et éducatives. De 2015 à 2018, il a suivi des études supérieures en éducation à l’université catholique de l’Afrique de l’Est à Nairobi (Kenya), avant de regagner le Centre Sèvres pour le premier cycle de théologie.

Donna Fulgence RAMAROZATOVO (Madagascar – Vanves)

Donna est né en novembre 1983 à Fiadanana-Fandriana (Madagascar) ; deux frères et une sœur sont nés après lui. Dès son enfance, il a éprouvé le désir de devenir prêtre, après avoir entendu un prêtre chanter la messe de minuit. Il a grandi dans la spiritualité ignatienne grâce au MEJ, qu’il a cotoyé pendant plus de dix ans avant de commencer sa formation jésuite. Après un an de stage dans l’enseignement et un an de prénoviciat, il est entré au noviciat à Analamahitsy (Antananarivo), le 1er octobre 2007. Il a ensuite fait deux ans de juvénat au Scolasticat Ambanidia (Antananarivo) pour étudier les langues et la littérature. En 2011, il a suivi un premier cycle de philosophie au Philosophat Saint Paul Ambanidia, puis un deuxième à Kimwenza Kinshasa (R.D. Congo). En 2016, il est retourné au Scolasticat Ambanidia pour la régence. Depuis 2018, il est en France pour le premier cycle de théologie.

Joseph SOREN (Inde – d’Assas)

Joseph est né en 1987 à Sangrampur, dans le Jharkhand (Inde). Il est l’aîné de quatre enfants et a fait toute sa scolarité chez les jésuites. Fréquentant les jésuites depuis son enfance, il a vu de près leur engagement, notamment dans le domaine de l’éducation, de la pastorale et de l’apostolat social. C’est leur inspiration qui l’a incité à rejoindre la Compagnie pour participer à leur engagement au service de Dieu au sein de son peuple. Il a rejoint le noviciat en 2005, suivi d’une année de juniorat, puis il a fait sa régence dans une école en tant qu’enseignant et responsable d’internat. Entre 2011 et 2016, il a poursuivi sa formation en mathématiques à St Xavier, Ahmedabad, et a étudié la philosophie à Pune. Enfin, il a repris ses études supérieures de mathématiques avant de venir en France en 2018. Il est passionné par Dieu, qui continue de labourer à travers son peuple. Dieu nous invite tous à prendre part à son œuvre.

Retour sur les ordinations diaconales des années précédentes : 

En savoir + pour devenir jésuite, être jésuite

Article publié le 6 mai 2021

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