P. Albert HUART sj (06.09.2018)

Homme sage, travailleur infatigable, collaborateur modeste, Albert HUART a consacré toute sa vie à la Province de Calcutta, dont il a été socius et archiviste, après avoir été au service de Saint Xaviers’ College (les facultés jésuites), comme professeur, doyen et recteur. C’était aussi un proche de Mère Teresa, à qui la future sainte s’était ouverte de sa nuit de foi. Né à Namur, le 28 mars 1925, Albert est le cadet de quatorze enfants. Son père, l’avocat Louis Huart, anobli au titre de baron, eut une longue carrière politique comme bourgmestre (maire) de Namur durant trente ans, député et sénateur.

Après les humanités au Collège Notre-Dame de la Paix (Namur), Albert entre au noviciat à Guirsch (Luxembourg belge) le 9 août 1943. Une rencontre décisive avec un missionnaire jésuite éclaire son avenir : il sera missionnaire en Inde. Après une année au juvénat indien de La Pairelle et la philosophie à Eegenhoven (Louvain), Albert consacre trois ans aux « études indiennes » au Campion Hall d’Oxford. En 1953, il arrive en Inde et rejoint le théologat de Kurseong. C’est là qu’il est ordonné le 27 avril 1957. Après le Troisième An à Hazaribagh, il rejoint la communauté Saint-François-Xavier à Calcutta, où il réside presque sans discontinuer jusqu’à son retour en Belgique.

Le P. Albert Huart enseigne essentiellement l’histoire et les sciences politiques. À l’enseignement, il joint très vite des tâches administratives : il est pendant 25 ans vice-principal (préfet des études et de discipline) et, de 1983 à 1989, il est recteur de l’ensemble de Saint-François Xavier. Il est aussi pendant plusieurs années consulteur du Provincial. « Je suis resté 25 ans dans des postes de responsabilité administrative », écrit-il. « Y fus-je malheureux ? Loin de là. Ces postes demandaient beaucoup d’interaction avec les étudiants. Et en Inde, ceux-ci […] donnent à leurs éducateurs beaucoup de confiance affectueuse et de reconnaissance ».

En 1994, Albert est nommé recteur du noviciat et du juvénat de la Province jésuite. Il y donne les Exercices spirituels et des enseignements aux juvénistes et aux novices. Deux ans plus tard, il est appelé à devenir Socius du Provincial, charge qu’il exerce jusqu’en 2008. Travailleur infatigable, Albert a joué un rôle important dans l’essor de la Province de Calcutta et de ses institutions. Sa dernière fonction, de 2009 à 2013, est celle d’archiviste de Province. Le Père HUART est aussi écrivain : il travaille à faire connaître l’œuvre de ses prédécesseurs jésuites au Bengale et traduit en anglais divers ouvrages sur l’histoire de la mission de Calcutta.

Durant plusieurs années, il est le Père spirituel de la maison-mère des Sœurs de la Charité. Mère Teresa s’était ouverte à lui de sa « nuit mystique », confidence qu’Albert avait gardée secrète. Après la mort de la fondatrice et les débuts du procès de béatification, Albert reçoit la mission d’ouvrir les courriers nombreux de Mère Teresa, dans lequel elle parlait de ses nuits de foi. Albert publie alors, avec l’encouragement du P. Provincial et du Postulateur, des extraits de ces lettres, révélant au grand public la longue épreuve de la future sainte.

De retour en Belgique en 2013, Albert rejoint sa ville natale de Namur. Homme sage et de bon conseil, il est l’admoniteur du supérieur de la communauté. En 2016, il rejoint Saint-Claude La Colombière, où il retrouve des anciens de Calcutta. Son état de santé lui interdit tout ministère, mais il assume pleinement la mission propre de la communauté. Toujours aimable et d’humeur égale, il est au milieu de ses frères un artisan de paix. Il a quitté les siens brusquement : victime d’une chute, il est décédé à l’hôpital le 6 septembre. Ses compagnons ont, durant ces années, profité de sa sagesse et de sa grande paix intérieure.

Jean-Marie FAUX sj, Guy VANHOOMISSEN sj et André de L’ARBRE sj

Article publié le 24 octobre 2019

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