P. André DERVILLE sj (01.04.2017)

André a fait ses études au Collège St-Joseph de Lille. Dès qu’il a 18 ans, à l’été 1944, il s’engage comme volontaire dans la Première Armée française, ce qui le conduit en Allemagne et en Autriche, puis à l’École militaire de Coëtquidan. Se sentant appelé à la vie religieuse, il contacte des cisterciens, des carmes, des franciscains… pour choisir finalement les jésuites (en raison, disait-il, de leurs longues études) qui ne lui étaient pas inconnus, du fait de sa scolarité, mais aussi de ses deux oncles jésuites.

Après le Troisième An, André est envoyé en 1959 au scolasticat des Fontaines à Chantilly pour travailler au Dictionnaire de Spiritualité. C’est lui qui mène cette vaste entreprise à son terme en 1996. Ce qui le met en contact avec beaucoup d’auteurs spirituels et de contributeurs variés. Il acquiert ainsi une grande érudition. Lorsque Chantilly est transformée en Centre culturel, André travaille à la bibliothèque et entretient beaucoup de relations avec les hôtes, notamment les étudiants et doctorants étrangers. Ce qui lui vaudra d’être invité au Japon et d’y nouer de très fidèles amitiés.

Mais il ne se limitait pas au Dictionnaire de Spiritualité : en plus des retraites il exerçait des ministères auprès de marginaux, prostituées ou drogués. Il aimait s’asseoir à la table des pauvres et des pécheurs, avec la conscience d’être lui-même pécheur pardonné. À la fermeture de Chantilly en 1998, puis de la rue Monsieur à Paris, il part en 2013 pour l’EHPAD « Soins et Repos » de Vanves. Là-bas, il aime à rendre service et il le fera chaque jour … jusqu’à parfois encombrer quelque peu le personnel ! Mais comment arrêter un désir si profond ?

André lisait beaucoup et avec grand profit. Il aimait à dire qu’il devait son entrée dans la Compagnie notamment à la fréquentation des Pensées de Pascal ! Et de fait, ce style d’écriture l’a bien inspiré puisqu’il nous laisse onze cahiers de « pensées » qu’il rédigeait depuis sa retraite. Dans le cahier n°11, il écrivait : « La lutte en moi de l’Esprit et de la chair s’inscrit dans la Création nouvelle inaugurée par le Christ ressuscité. Dès lors, cette lutte mienne concerne tout autant moi et le monde dont je suis solidaire. »

Beaucoup parmi nous ont pu goûter par la rencontre d’André, cet alliage de la chair et de l’esprit. Un alliage subtil, parfois cocasse et souvent aimable. Que l’on se souvienne de son amour de la vie, de son goût pour cette humanité bien incarnée, et de sa façon d’apprécier pleinement la vie dans les belles œuvres, les beaux paysages, les beaux auteurs ou plus ordinairement dans la bonne table ou les bons whiskys !  –  La dernière phrase du dernier cahier ne dit-elle pas quelque chose du fond de son cœur : « Vive la foi qui espère ! »

Yves MOREL sj et Sylvain CARIOU-CHARTON sj (Vanves)

Article publié le 20 octobre 2017

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