P. Antoine Venkalapati (19.06.2022)
Antoine est né à Montroche (Ile Maurice) en mars 1941, d’une famille de sept enfants, originaire du Nord de l’Inde. Même s’il n’y est donc pas né, Antoine gardera un attachement à l’Inde, y faisant une partie de sa formation jésuite, apprenant l’Hindi et à jouer avec qualité du sitar, s’engageant ensuite activement à l’IMCA (Indo Mauritian Catholic Association), groupement fondé en 1952 à Maurice afin de réunir tous les indo-catholiques et assurer pour eux « Assistance et Promotion » (leur devise).
Après quelques études secondaires, Antoine s’embauche à 17 ans comme employé dans une des nombreuses usines sucrières qui, à l’époque, couvraient le pays et lui assuraient une belle santé économique. Il y travaillera six ans, avant de frapper à la porte des jésuites, qui l’envoient à Madagascar pour son noviciat.
En juin 1966, il prononce ses premiers vœux à Tananarive, et se voit engagé vers le statut de Frère, sans doute davantage au vu de ses qualifications académiques jugées assez moyennes que selon un discernement vocationnel éprouvé. En 1968, il part à Patna, capitale de l’Etat du Bihar (N-E de l’Inde), où il restera trois années pour son juvénat. Puis il rentre à Maurice, s’impliquant dans de nombreuses activités caritatives et au service de l’IMCA. En 1976, nouveau départ pour l’Inde : à Bangalore (Karnataka) où il effectue son troisième an. Et le 2 février 1978, il prononce ses grands vœux à Maurice, au titre de Coadjuteur temporel, en l’église Notre-Dame de Lourdes (Rose Hill), paroisse anciennement administrée par les jésuites dont la Résidence saint Ignace est toute proche.
C’est alors que s’amorce un tournant dans son itinéraire religieux. Pensant de plus en plus que cette vocation de frère ne lui correspond pas, Antoine demande à devenir prêtre, dans la Compagnie. Le dossier est envoyé à Rome, et le P. KOLVENBACH accède à cette orientation. Dès lors, un nouveau cycle s’engage pour Antoine. Il lui faut compléter son bagage d’études : deux ans au Centre Sèvres pour la philosophie, trois ans au Kenya pour la théologie. A la suite de quoi, il est ordonné diacre le 9 janvier 1988 à Nairobi, et prêtre le 31 juillet suivant à Port-Louis (Maurice) par le cardinal MARGEOT. Le même jour, il prononce ses derniers vœux en qualité de Coadjuteur spirituel.
Une autre route apostolique s’ouvre pour lui. Antoine s’investira essentiellement en paroisse : une douzaine d’années à St François-Xavier (Port-Louis), treize ans à Notre-Dame des Anges (Mahébourg), et d’autres églises où il sera vicaire dominical. Il y était particulièrement attentif à la liturgie, montrant une certaine rigueur, qui pouvait sembler une rude sévérité, dans les domaines des chants, de la musique, des mouvements d’enfants de chœur… mais sachant aussi montrer un bon visage de pasteur, attentif à chacun, particulièrement aux petits, aux malades (il sera aumônier quelques années à l’hôpital Candos). Il avait également souci de se former dans des domaines qui ne lui étaient pas d’abord familiers : donner les Exercices spirituels, avec un séjour prolongé à Penboc’h, la réflexion éthique et l’accompagnement des malades, lors d’une année de recyclage à Paris-Blomet.
Avec l’âge, voilà que les ennuis de santé arrivent, d’abord un fort diabète, puis un cancer des os qui se déclare. Antoine est obligé d’arrêter toute activité apostolique. Il est installé dans le service médicalisé de Bethesda, la Maison des prêtres ainés du diocèse, où il va passer les deux dernières années de sa vie.
De nombreux témoignages attestent d’une profonde transformation intérieure : constamment alité, Antoine accueille tout un chacun avec un grand sourire, la paix de Dieu a fait sa demeure en son cœur, il est le bon serviteur qui entend déjà la promesse : « Entre dans la joie de ton Maître ». Au petit matin du 5 juillet, le Seigneur l’attendait sur le rivage.
P. Patrice de La Salle sj,
Ile Maurice
Article publié le 24 juin 2022