Né en 1929 à St-Hilaire-de-Mortagne en Vendée, Armand n’avait pas quatre ans au décès de sa mère. Confié à l’Assistance publique puis accueilli par ses grands-parents maternels, les jugements portés sur son père et la perte de sa maman ont engendré en lui une angoisse qui est remontée surtout les dernières années de sa vie, avec des souvenirs douloureux : « Quand j’avais sept ou huit ans, j’allais au Bureau de Bienfaisance de la mairie où on me donnait un bon pour aller chercher du pain. Nous étions assistés ».

Après des études secondaires au petit séminaire de Chavagnes-en-Pailler, il entre au noviciat de Laval. Lors de ses cinquante ans de vie religieuse, il écrira : « C’est dans la Compagnie de Jésus que j’ai trouvé le bonheur et la vie. C’est vraiment là que je suis né. La Compagnie de Jésus, c’est ma famille pour toujours. » Il suit le parcours habituel en 13 années, du noviciat jusqu’au Troisième An, avant son envoi à Nantes comme aumônier des Equipes enseignantes, promoteur de l’Apostolat de la Prière et du Mouvement Eucharistique des Jeunes (M.E.J.).

A 43 ans il est nommé directeur du Centre spirituel de La Barde, en Périgord. Sept ans plus tard, Supérieur à Saint-Denis de la Réunion, il assume pendant cinq ans, dans la totale confiance du diocèse, des responsabilités qui le marquent. De retour en métropole, il est nommé Supérieur à Penboc’h, où il restera 27 ans, exerçant à deux reprises la fonction de Supérieur.

C’est à 82 ans qu’il arrive à Pau ; il y souffre de l’éloignement de la Bretagne et des relations qu’il y a longuement tissées : il y retournera souvent pour des retraites et demandera avec insistance à rejoindre la maison des prêtres du diocèse de Vannes à Sainte-Anne d’Auray. Dures années ! S’il perdait ses repères et était physiquement diminué, il gardait une lucidité, attention et mémoire que l’on ne soupçonnait pas en le voyant apparemment si passif, désorienté, malhabile.

Homme de conviction, il parlait lentement, sans éclats, ne se payait pas de mots, ne cherchait pas à briller. Avec son souci de clarification et de simplicité, il pouvait paraître carré, mais sa grande sensibilité lui permettait d’écouter en profondeur ceux qui se confiaient à lui. Travailleur, il lisait et se tenait au courant avec le souci d’amener à mieux se situer dans le monde présent. Pensons aux « lundis de Penboc’h » qu’il a créés où l’on abordait dans la foi des problèmes de société. En communauté il était présent, cordial et fraternel. –  et n’a cessé, malgré ses propres angoisses, de proclamer la tendresse du Christ : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et je vous donnerai le repos ». 

Guy LEPOUTRE sj (Pau)