Né à La Suze-sur-Sarthe en juillet 1929, Bernard SESBOÜÉ était entré au noviciat de Laval en 1948, après sa scolarité au Collège jésuite du Mans. Après ses années de philosophie et de théologie à Chantilly (1952-1961) et son ordination sacerdotale le 7 septembre 1960, il fit son Troisième An à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire), puis partit à Rome où il soutint une thèse de doctorat sur Basile de Cesarée. Revenu en France, il enseigna la patristique et la dogmatique à la Faculté de théologie jésuite de Lyon-Fourvière puis au Centre Sèvres. Il publia de très nombreux ouvrages.

Enseignements, conférences, publications, engagement dans le dialogue œcuménique, participation à la Commission théologique internationale : l’œuvre de Bernard SESBOÜÉ impressionne par son ampleur, qui lui a valu une réputation bien au-delà de la France.

C’est d’abord l’œuvre d’un professeur qui, pendant une quarantaine d’années, a enseigné la patristique et la théologie dogmatique. Héritier du « retour aux Pères » jadis illustré par Henri de LUBAC, il avait à cœur de transmettre à ses auditeurs les richesses de la tradition, ainsi que de les ouvrir aux nouvelles questions de notre temps. Éminent pédagogue, il était reconnu pour l’exceptionnelle clarté de ses cours, et pour le don qu’il avait d’accompagner les étudiants dans leur parcours théologique.

De ses publications (une quarantaine de livres, et de très nombreux articles), on retiendra d’abord celles qui ont trait à la patristique : ayant consacré sa thèse de doctorat au Contre Eunome de Basile de Césarée, il édita cette œuvre dans la collection « Sources Chrétiennes » ; il écrivit aussi un beau livre sur l’un des premiers Pères de l’Église, Irénée de Lyon.

Mais ce sont sans doute les deux volumes de son ouvrage Jésus-Christ l’unique Médiateur (1988 et 1991) qui peuvent être considérés comme sa contribution la plus importante à la théologie dogmatique : Bernard SESBOÜÉ y propose un diagnostic sur les conceptions du salut qui ont eu cours depuis l’époque ancienne jusqu’au XXe siècle, puis s’engage dans un parcours de théologie biblique pour montrer comment Jésus-Christ offre son salut à l’humanité et quelles « catégories » permettent d’en rendre compte aujourd’hui.

Son apport à la théologie dogmatique ne s’arrête pas là : non seulement Bernard SESBOÜÉ a traité de bien d’autres sujets (ainsi dans ses livres sur l’Esprit Saint, sur Marie, etc.), mais il a produit en 1999 un ouvrage de synthèse sur la foi chrétienne (Croire : invitation à la foi catholique pour les femmes et les hommes du XXIe siècle).

Sa contribution à l’ecclésiologie, enfin, mérite d’être spécialement soulignée. Outre des ouvrages de fond, il faut rappeler son engagement courageux sur des questions actuellement débattues, en particulier la question des « ministères » confiés aux laïcs chargés de mission (comme en témoigne son livre de 1996 : N’ayez pas peur : regards sur l’Église et les ministères aujourd’hui). Surtout, Bernard SESBOÜÉ a été un acteur de premier plan dans le dialogue œcuménique, en particulier dans le cadre du Groupe des Dombes.

Dans un petit livre sur Léonce de GRANDMAISON, Bernard SESBOÜÉ citait une phrase de ce dernier : « Tous les travaux des spécialistes ne valent que pour nous donner accès à la source : arrivé près d’elle, que celui qui a soif s’agenouille, et qu’il boive. » Il faut remercier Bernard d’avoir tant aidé, par ses propres travaux, à mieux connaître cette source et à s’y désaltérer. Bernard SESBOÜÉ avait reçu l’onction des malades le lundi 20 septembre. Il s’est éteint paisiblement, à l’âge de 92 ans, le mercredi 22 septembre, à Lille.

Michel FÉDOU sj