P. Bertrand Cassaigne (14.01.2022)

Bertrand Cassaigne Après quelques années comme aumônier d’étudiants à Toulouse, Bertrand Cassaigne rejoint, en 1979, la maison de Vanves dont il sera ministre pendant cinq ans, et qui abrite le CERAS (et sa Revue Projet) ainsi que la rédaction des Cahiers de l’actualité religieuse et sociale (CARS). Il quittera le CERAS en décembre 2021, trois semaines avant sa mort.

À partir de 1984, au 14 de la rue d’Assas, il collabore plus spécialement aux CARS, revue qui devient Cahiers pour croire aujourd’hui, puis Croire
aujourd’hui, dans laquelle il couvre l’actualité sociale. Au cours des 21 ans du CERAS à la rue d’Assas, il devient adjoint au rédacteur en chef de Projet. Il est vite reconnu pour ses qualités de relecteur des articles, à la fois sur le fond et la forme : le mot « cassaignisation » reste dans les mémoires des responsables et collaborateurs de la revue ! Il anime avec le P. Alain Thomasset sj un séminaire au Centre Sèvres sur les itinéraires spirituels de militants chrétiens qui donnera lieu à un ouvrage imposant, publié en 2013 : Quand la foi est sociale. Bertrand participe ensuite au processus de réflexion qui prépare la décision (en 2005) d’implanter le CERAS à Saint-Denis.

Membre du CERAS pendant 42 ans, Bertrand en a été le « pilier », assurant la continuité, évoquant au besoin les réflexions menées antérieurement sur telle ou telle question, veillant à ce que l’expertise universitaire n’occulte pas le souci du « terrain » (il disait plus volontiers « territoire »), soucieux de toujours rappeler « ce qui se joue » dans les questions traitées et notamment leurs dimensions collectives. Sa très vaste culture était aisément, mais toujours discrètement, mise au service de tous dès qu’il s’agissait de réfléchir sur le fond, quand il fallait construire la problématique d’une session ou établir le fil directeur d’un dossier de Projet. Bertrand était l’homme du travail de fond : méprisant le clinquant et le rapide, il aimait
être sollicité pour des accompagnements de groupes, même peu nombreux, à suivre dans la durée. Dans les dernières années, fragilisé par une santé défaillante, il avait de menues attentions vis-à-vis de chacun, dévoilant ainsi pudiquement son désir intérieur de service.

Un autre aspect important de la vie de Bertrand a été la fondation de la communauté de Cergy en 1991. Il fut précieux dans les nombreux discernements communautaires sur la manière dont chacun pouvait s’engager dans la vie des quartiers populaires de la ville nouvelle ; cet aspect était au cœur du projet de la communauté. Investi dans la Maison de Quartier de Cergy-Saint-Christophe, il en est devenu membre du conseil d’administration, comme habitant. De là, il a participé à la Fédération des Centres Sociaux du Val d’Oise, trouvant le juste équilibre entre membre comme habitant, représentant d’une maison de quartier, et finalement personne ressource avec tout son potentiel d’accompagnement d’équipes de travailleurs sociaux. Il faisait très attention, avec toute son expertise, à ne pas dominer ou prendre la place des autres. Il a aussi fait, en tant qu’habitant du quartier, partie du conseil de quartier, lieu de démocratie participative dans la ville. Il était ainsi au cœur de la vie de la cité, avec ses enjeux de vie collective, notamment les enjeux de relation entre habitants, associations et politiques.

Luttant contre la maladie, il a souhaité rejoindre la communauté de Pau, proche de son terreau familial. C’est là qu’il s’est éteint en ce début d’année 2022.

P. Grégoire Le Bel sj,
Saint-Denis-La Plaine

Article publié le 20 janvier 2022

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