Charles LE DÛ Né le 10 janvier 1937 à Briec, dans le Finistère, dans une fratrie qui comptera huit enfants, fier de ses origines bretonnes et paysannes, travailleur valeureux au manuel et à l’intellectuel, causeur abondant et chanteur à la voix claire, blagueur de préférence (avec une partie de répertoire heureusement abandonnée en cours de route), Charles Le Dû affichait souvent une jovialité réconfortante pour ses compagnons et ses nombreux interlocuteurs. Manière peut-être de voiler les réactions d’un cœur sensible au malheur des autres et aux tristesses de la vie ?

Après le parcours de formation classique, dont une régence au Proche Orient, il est ordonné prêtre après la théologie secouée des années 1968 à Fourvière. Heureux aumônier d’étudiants à Brest pendant trois ans, il est appelé par l’obéissance à fonder un centre spirituel dans la maison de Penboc’h en 1975, mais, là, les jeunes compagnons qui lui sont adjoints lui font tous faux bond : rude épreuve de se retrouver seul à un tel moment ! Il a connu des jours plus heureux à partir de 1984, non sans quelques crises à surmonter là aussi, comme père spirituel de jésuites en formation et assistant national de la CVX où il a laissé un beau souvenir et gagné beaucoup d’amitiés diverses.

Il a été le confident de beaucoup au cours de ses divers ministères d’accompagnement et de retraites dans des lieux comme Penboc’h, Toulouse, La Baume-lès-Aix, Montpellier, Saint-Herblain, avec une activité importante de prédilection auprès de religieuses, souvent en Bretagne où demeuraient ses attaches. Eprouvé encore jeune par des problèmes de santé, il allait de l’avant plus ou moins prudemment. Dynamisme et moments de lassitude cohabitent. Mais une gaieté habituelle de parole domine, recouvrant peut-être une perception plus tragique de la vie et de l’Église, ainsi que l’obscurité d’une foi tenace ?

En 2020, sa santé se dégradant, Charles est appelé à rejoindre, selon son expression, son « avant-dernière adresse » : la Communauté Pedro Arrupe et l’EHPAD Maison Soins et Repos à Vanves. A la veille de son départ, dans son discours pour le jubilé de son ordination presbytérale, le 12 juillet 2020, il rend grâces pour les amitiés forgées avec les jésuites, résistant aux crises les plus violentes. Il mentionne aussi ses supérieurs : « Ils m’ont fait confiance, m’ont soutenu dans les passages difficiles et périlleux. Ils m’ont confié des charges que j’imaginais d’emblée au-dessus de mes forces. Par là, ils ont su tirer de moi, sinon le meilleur, du moins plus que je n’aurais cru pouvoir donner. C’est grâce à ces défis, mais aussi à leur soutien fraternel, je dirais à cette complicité, que je suis là aujourd’hui. C’est la fidélité du corps, malgré mon indignité et mes infidélités. »

Il poursuit à Vanves son chemin d’humanisation. Ayant dû renoncer aux nombreuses retraites qu’il prêchait dans l’ouest et au-delà, il garde quelques accompagnements. Il fait aussi profiter toute la communauté de ses aptitudes chorales, ainsi que de la force, de la profondeur et de la liberté de ses homélies. S’ils sont loin les jours des histoires drôles, il conserve le réel humour d’une forte personnalité chaleureuse, communicative, et déterminée quand il le faut. Charles, qui se savait en sursis, nous a quittés brutalement au matin du 8 décembre 2022.

P. Jacques Gebel sj, communauté jésuite Pedro Arrupe à Vanves
P. Edouard O’Neill sj, communauté du Châtelard à Francheville

Dans le cadre d’une retraite de méditation au Monastère La Paix-Dieu à Anduze, Charles Le DûDÛ avait été interviewé sur le thème de l’espérance :