Edmond Vandermeersch Fils d’industriel du textile, Edmond Vandermeersch entre au noviciat jésuite en 1939, après des études à La Providence d’Amiens. Après le noviciat, il entame une formation classique, marquée par le STO (Service de Travail obligatoire) comme mineur de fond dans le Pas-de-Calais, et la lecture des œuvres de Léonce de Grandmaison.

Après son ordination presbytérale en 1953 et son Troisième An, il est nommé directeur de cycle à Saint-Joseph de Lille (où il avait aussi été régent), puis recteur de ce même Collège en 1960. Ses qualités de négociateur et d’ouverture d’esprit au moment d’opter pour la loi Debré, d’en faire accepter le principe et la réalité et d’en poursuivre la mise en œuvre, lui valent d’être nommé adjoint du secrétaire général de l’enseignement catholique à
Paris en 1964. Chargé des questions pédagogiques et de la politique générale, Edmond souhaite accélérer le rapprochement avec l’enseignement public. C’est sa manière de comprendre la déclaration du Concile Vatican II sur l’enseignement, dont il traduit le texte latin dans l’édition
française des actes du Concile.

Dans le tourbillon de l’après 68, à son départ du secrétariat général, il rejoint des jésuites ayant tenté de repenser la pédagogie, en particulier le P. Pierre Faure sj, auquel il succède comme directeur du Centre d’Études Pédagogiques (CEP) et de la revue Pédagogie. Edmond s’engage aussi comme journaliste, auteur de plusieurs articles, qui font date, sur l’enseignement catholique et, plus largement, sur les questions éducatives. Travaillé par la question laïque, il établit une sorte de passerelle entre les milieux laïques et les mondes religieux. Membre fondateur du cercle Condorcet de Paris et de la commission Laïcité de la Ligue de l’enseignement, il prend position en faveur de la loi Savary entre 1981 et 1984.

Pour autant, Edmond ne renonce jamais à des activités pastorales et à son ancrage profond dans la Compagnie de Jésus : assistant Vie chrétienne dès 1964, délégué à la 32e Congrégation générale, prêtre animateur de la chapelle Saint-Bernard de Montparnasse, supérieur de la communauté de Clichy, ministre en paroisses dans l’Eure et le Puy-de-Dôme…

Sans regrets pour un passé auquel il a participé avec des hauts et des bas, Edmond poursuit sa réflexion, toujours en éveil sur les questions liées à l’avenir de l’Église, à l’école, à la laïcité, voire à l’organisation même de l’EPHAD Maison Soins et Repos de Vanves, où il était en communauté depuis 2012. Pleinement citoyen, il reçoit en 2013 la médaille d’or de la ville de Clichy. On lui doit aussi plusieurs ouvrages : La guerre scolaire a bien eu lieu, en collaboration avec Jean Battut et Christian Join-Lambert (1995) ; Prières glanées, avec Monique Hébrard (2002) ; École, Église et
laïcité (2008).

Conscient de ce qu’est un monde sécularisé, sorti de l’univers religieux, Edmond n’est pas nostalgique d’une école et d’une Église triomphantes et d’un autre temps, mais sans acrimonie, car il savait ce qu’il leur devait. Homme d’Église ouvert, marqué par le Concile Vatican II, essayant de le
faire vivre à sa mesure, il laisse le témoignage d’un homme d’Évangile, d’action et de réflexion, d’un intellectuel habité par sa foi, ouvert aux périphéries et à l’écoute des signes du temps.

P. Jacques Gebel sj (Vanves),
largement inspiré du témoignage de M. Bruno Poucet
(Professeur émérite à l’Université de Picardie Jules Verne)