P. Edouard HERR sj (22.08.2017)
Son accent le trahissait … et nous réjouissait : provenant du petit « Grand-Duché » de Luxembourg, Edouard HERR maîtrisait parfaitement le luxembourgeois, le français, l’allemand et l’anglais. Entré à 20 ans en 1943 au noviciat d’Arlon, il n’y passe qu’une année : dès la seconde année il entame le cycle de maîtrise (5 ans) en sciences économiques et sociales à l’Université jésuite de Namur. Est-ce alors qu’il a contracté le virus de la connaissance ? Toujours est-il qu’il n’eut de cesse depuis lors de rester informé des courants sociaux et politiques qui traversent le monde. Il épluche revues et journaux et fait l’heureux désespoir des bibliothécaires qui attendent le retour des nombreux ouvrages qu’il a empruntés.
Suit la réflexion philosophique à Eegenhoven-Louvain (à la fondation de l’IÉT) ; puis la théologie en anglais à Delhi en Inde ; et enfin en recherche doctorale, « l’étude éthique et théologique de la violence », thème d’actualité s’il en est, en Europe et ailleurs.
Sa thèse passée à Louvain-la-Neuve, il revient à Bruxelles, son pays d’adoption, comme professeur de théologie morale à l’IÉT et à Lumen Vitae. Doté d’une immense culture et d’une vraie bibliothèque d’articles spécialisés, Édouard était, intérieurement et parfois même extérieurement, de tous les débats sociopolitiques. Par ailleurs, sa vive curiosité, sa finesse d’analyse, son intelligence bienveillante, ont été mis au service des institutions de la Compagnie et de nombreux autres.
Mais son attention au monde n’éclipse en rien son souci d’apôtre : dans la réalité de l’entreprise, dans la construction européenne, dans les conflits internationaux, Edouard cherche les traces du Royaume de Dieu et travaille à son avènement. Ainsi s’explique son sujet de thèse en théologie morale : la violence. Et s’expliquent aussi ses choix de suivre en Inde son deuxième cycle de théologie, – et d’accueillir amicalement les pauvres qui frappent à la porte de la communauté.
Il fallait écouter Edouard ; ce n’est pas pour rien qu’il fut un consulteur estimé, percevant bien les tenants et aboutissants des questions et la pertinence des solutions proposées. Avec d’éminentes qualités de diplomate, il avait aussi le don de l’amitié, chaleureuse, fidèle. Toujours très discret sur lui-même, il nous a surpris par son décès, tout à fait inattendu, à l’aube du 22 août, fête de Marie, reine des Cieux.
Xavier DIJON sj et Alain MATTHEEUWS sj (Bruxelles-Théologat)
Article publié le 24 septembre 2018