Étienne Amory Étienne est né en 1927, à Casteau (Mons) dans une fratrie qui comptera 8 garçons. Avec un grand respect, ses parents auront à cœur de lui offrir une scolarité qui honore sa grande sensibilité et ses dons artistiques : Étienne a fait ses primaires à domicile, avant de rejoindre le conservatoire de Mons, puis celui de Bruxelles.

Il avait, très jeune, exprimé le désir de devenir prêtre, et il ne souhaitera pas attendre d’être un musicien virtuose pour rejoindre le noviciat en 1948.

Son parcours de formation dans la Compagnie eut, lui aussi, une coloration particulière, puisqu’il fut enrichi par plusieurs années d’études liturgiques à Paris, de 1960 à 1963, où l’exemple et le soutien fraternel du P. Gélineau l’encouragèrent à déployer tous ses dons et son sens de la pédagogie pour soutenir et propager le Renouveau liturgique, que vivait alors l’Église de Vatican II.

Durant 6 étés consécutifs, Étienne Amory a été sollicité en ces domaines par le clergé canadien, tandis qu’il mettait ses compétences et son enthousiasme au service des jésuites belges et, bien vite, des diocèses de Wallonie, notamment par les enseignements qu’il a longtemps donnés à l’Institut d’études théologiques (IET) et à Lumen Vitae. Tel qu’Étienne était bâti, il s’agissait, bien sûr, moins de conférences très structurées que d’animations chaleureuses – souvent improvisées – de séminaires en pastorale.

Viennent alors ce qu’il appelait « 18 années de bonheur et de fécondité apostolique ».

En 1983, Étienne devient curé à Blocry (Louvain-la-Neuve). Vie paroissiale foisonnante, créative, qui brasse tous les âges, les sensibilités, les milieux sociaux, et qui ne l’empêche pas d’être visiteur de prison, ni de participer activement, côté jésuite, à l’expérience communautaire dispersée de la diaspora.

Quand, à 75 ans, atteint par la limite d’âge, le P. Amory doit quitter Blocry, son sens de l’accueil pastoral trouve un nouvel élan. Pour la Communion de La Viale, il rejoint, en Lozère, un petit hameau de silence et de prière, ouvert à qui recherche la paix.

Durant cette période, lui qui n’est pas vraiment un écrivain, trouve le temps de ciseler Veilleur, où en est l’aurore ? le livre qu’a préfacé (2008) le Cardinal Danneels, où Étienne fait mémoire de belles rencontres à travers lesquelles, à Blocry et ailleurs, le Royaume de Dieu se faisait tout proche.

Mais la maladie d’Alzheimer rode. Étienne en reconnaît lucidement la progression inexorable. Elle nécessitera sa nomination à La Colombière, en 2014, où famille, compagnons, amis et personnel médical auront à cœur d’accompagner jusqu’à sa délivrance cet homme dont aucune infirmité n’aura pu ternir le lumineux sourire. Celui des anges musiciens. Celui de son Maître.

P. Philippe Robert sj, communauté jésuite La Colombière à Bruxelles