P. François EVAIN (19.04.2020)

François Evain François EVAIN est né le 21 septembre 1920, à Sedan. Officier de cavalerie, son père a marqué la famille par son amour des chevaux. N’a-t-il pas légué à François une forte dose d’esprit chevaleresque ? François respirait la vigueur, la vaillance, l’ambition, toujours prêt à rendre compte de ses convictions, à proclamer la saine doctrine de l’Église romaine, à pourfendre quelque position jugée peu orthodoxe. Tout cela allié à une gentillesse et à une affabilité souriante.

Après les études secondaires au collège de Metz et de Reims, il entre au noviciat de Florennes, en 1938. Suivra le cycle connu de la formation. Juvénat à Villefranche-sur-Saône, puis philosophie à Vals – heureuse philosophie qui lui permit de s’engager dans une licence universitaire. En 1946, c’est la régence au collège de Metz, comme professeur de philosophie. Puis vient la théologie à Enghien (Belgique), avec l’ordination sacerdotale et le Troisième An à Wépion.

En 1953, se détermine son orientation intellectuelle, par le Biennium de philosophie à la Grégorienne à Rome. Le voilà bien assis dans la chaire de philosophie : professeur d’ontologie pour les jeunes jésuites à Vals. Puis, le gros morceau : de 1958 à 1973, il est professeur de philosophie au grand Séminaire de Madagascar (Antananarivo).

De retour en France pour sept ans, il est envoyé au Centre « Les Fontaines » à Chantilly, comme adjoint du directeur et enseignant l’histoire de la philosophie. Il est surtout très pris par son doctorat ès Lettres qu’il soutient en 1977. Pouvons-nous affirmer que les années de professeur de philosophie à l’Université Grégorienne de Rome (1980 à 1988) furent le couronnement de sa vie professionnelle ? Il ne faudrait pas oublier qu’il fut le spécialiste reconnu d’Antonio ROSMINI. Son travail « Être et Personne » fait autorité ; ces études ont pris de longues années d’un dur labeur.

En 1988, nous retrouvons François, heureux au Centre culturel « Les Fontaines » à Chantilly, pour dix années pendant lesquelles il a occupé divers postes : animateur culturel, ministre, adjoint du directeur, collaboration à Christus, écrivain et traducteur. Vient alors le temps des larmes : en 1998, Chantilly, la prestigieuse, ferme. Brusquement, il faut quitter la Tourelle pour la modeste résidence de Rouen, à la Rougemare. Petite consolation qu’il relevait : la communauté s’appelle résidence missionnaire. Sa mission, reçue de l’évêque : « service de discernement et d’accompagnement spirituel ». Pendant une douzaine d’années, François va pouvoir « missionner », riche de son passé de formateur, d’ouverture aux questions de l’Église et du monde. Dans le diocèse, il participe à la formation permanente ; il tient une conférence mensuelle à la radio (22 000 auditeurs) sur les questions sociales, morales, spirituelles. Il excelle à présenter les textes pontificaux avec clarté et force. Dans le diocèse et hors diocèse, ce sont des retraites et de la formation à l’accompagnement. Original, deux cents personnes en accompagnement par correspondance annotée.

À partir de 2006, il est devenu le référent des week-ends spirituels de la congrégation ignatienne des Sœurs de Saint-Aubin-lès-Elbeuf. À partir de 2010, il est leur aumônier, avec la participation active à leurs lieux de mission. Une sœur de l’équipe d’animation écrit : « Il était très apprécié par sa jovialité, sa culture, sa connaissance des Exercices et sa capacité à transmettre avec simplicité les rudiments de la vie spirituelle. Courtes et percutantes, ses homélies ont été des balises pour notre foi. Il avait cette capacité de rendre le Seigneur accessible à tous. »

En 2014, les troubles de la maladie s’accentuant, il rejoint l’EPHAD de Vanves. À la fin d’une vie, remplie à ras bord, il aime revendiquer, avec le psaume, « vieillissant, il fructifie encore ».

André METZ sj

Article publié le 14 septembre 2020

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