Aîné d’une famille nombreuse de neuf enfants, François REY est né le 3 juillet 1938. Sur le conseil d’un ami prêtre de ses parents, il fait ses études à l’école apostolique de Cormontreuil, jusqu’au premier bac. Cette période est marquante par les grands jeux missionnaires organisés dans le parc de l’école.

Après ces six années passées à Cormontreuil, ses parents veulent qu’il fasse sa philo dans le lycée laïque de Besançon, avec un professeur athée et rationaliste. Après son 2e bac, il entre en toute liberté au noviciat. Sa formation jésuite associe l’histoire à la philosophie et la théologie. Il est ordonné prêtre en 1970.

Ses premières missions le font passer par Amiens et Francheville. Au Collège de la Providence, il est adjoint au père spirituel du second cycle ; au Châtelard, il est adjoint au directeur du Centre spirituel, aidant ce dernier à ne pas s’enliser dans les tâches administratives. La proximité de la communauté de la rue des Fantasques à Lyon lui permet d’avoir un lieu de parole libre et de vivre une profonde fraternité avec Denis Vasse et ses compagnons. La Compagnie continue encore à miser sur sa disponibilité pour rendre de nombreux services d’administration et de gestion : le voilà
pendant dix années en région parisienne, comme ministre, économe et travaillant à la Coordination Missionnaire.

François est attiré par le Tchad, où il se rend régulièrement pour aider l’économe du diocèse de N’Djaména. Dès 1987, il y est envoyé et transcrit à la Province d’Afrique Occidentale. Il est nommé supérieur à Kabalaye et délégué du Provincial pour le Tchad. La paroisse de Mardjan Dafack lui permet de déployer son goût pour les activités pastorales, qu’il vit dans une grande proximité avec les gens. Après sept ans à N’Djamena, c’est à Sahr qu’il s’installe pour mieux exercer la responsabilité de supérieur régional. Il y reste jusqu’à son retour en Europe en 1999.

En France, il retrouve d’abord des tâches administratives. Puis, dès 2003, il redécouvre la paroisse de Lanslebourg. L’évêque de Chambéry le nomme curé à Notre-Dame de l’Alliance, en Haute Maurienne. Son arrivée permet à sa créativité de se déployer pour le renouvellement de la pastorale en haute montagne : les sept clochers de cette paroisse sont situés entre 1300 et 1800 mètres d’altitude. Il sait ouvrir sa maison pour accueillir largement : de nombreux compagnons jésuites en profitent pour des temps de repos et d’écriture. Il aime retrouver régulièrement les jésuites de sa
communauté de Grenoble, spécialement Michel Rondet. Il leur partage combien il est solidaire du peuple de ses paroissiens. Quand il prêche, il le fait toujours avec ses tripes : ses homélies sont enracinées dans la Bible et dans l’épaisseur de la vie humaine. Ayant traversé lui-même des moments difficiles, François résonne très fortement aux questions qui se posent à ses contemporains. « Le P. Rey, c’est comme s’il savait ce qu’était être une mère et avoir perdu son enfant, être un travailleur et avoir perdu son emploi, et tout cela en ouvrant l’espérance. »

La Compagnie a pu profiter de son amour des plus petits et des personnes handicapées : dès 2014, il rejoint la communauté de soins et repos de La Chauderaie (Francheville) pour en devenir le supérieur. Pendant cinq années, il accompagne les compagnons les plus fragiles, jusqu’à leur dernier
souffle. Il s’implique aux côtés de chacun, au point de s’épuiser lui-même. Il a une manière toute personnelle et empreinte d’une délicatesse étonnante pour la célébration des derniers adieux aux compagnons décédés.

En 2019, François a droit à un temps sabbatique. Il aurait aimé le vivre en Algérie. L’attrait de l’Afrique est toujours présent, mais les contraintes administratives rendent ce projet impossible. Il arrive un an plus tard à Lille, pour accompagner les compagnons aînés de la rue des Stations. C’est de manière tout à fait imprévue qu’une crise cardiaque le surprend le 8 octobre 2021.

P. Léo Scherer sj,
Francheville-La Chauderaie