Geo Longrée Le P. Georges LONGRÉE, ou plutôt le Père Geo – où Geo tout court – est né à Liège en 1923, second d’une famille de trois enfants. Il a fait ses études secondaires au Collège Saint-Servais avant d’entrer au noviciat jésuite de Jésus en 1942. Après le noviciat, transféré à Guirsch à cause de la guerre, il suit la formation classique des jésuites de l’époque, tout en faisant sa théologie avec les jésuites français à Enghien où il est ordonné prêtre le 31 juillet 1955.

Après une année d’enseignement au Collège de Tournai, Geo est envoyé au Congo : il y fait un bref passage de deux années par le petit séminaire de Kikwit. Des soucis de santé le font rentrer rapidement, et il est dispensé du Troisième An. En Belgique, il passe une année au Collège Saint-Michel (Bruxelles) où il avait déjà vécu sa régence, puis il est envoyé, dès 1960, au Collège Saint-François-Xavier de Verviers. Il restera dans la cité lainière jusqu’à sa retraite.

Geo aime rappeler qu’il n’avait pas été un bon élève à Liège ; c’est surtout sa modestie qui parle. Il est évident qu’il y a en lui un souci du plus petit. Il ne supporte pas que les forts écrasent les faibles ; ses élèves sentent aussi combien il les aime. Dans la cour de récréation, on le repère à l’attroupement d’élèves qui l’entourent.

Le Collège n’est pas pour lui qu’un lieu d’enseignement, mais bien un lieu de vie et d’éducation. Croisade eucharistique et mouvement des cadets occupent une bonne partie de son temps et de son cœur. Il a sa manière propre de proposer Jésus-Christ sans rien imposer. Combien de jeunes il a touché par sa simplicité et son souci du plus petit ! Il les entraine à donner un coup de main dans les CSA (Chaînes de Service et d’Amitié) ou dans les groupes « Foi et Lumière ».

En 1984, quand l’Institut des Saints-Anges est rebaptisé Institut Saint-François-Xavier II, Geo rejoint quotidiennement la nouvelle école qui vient d’intégrer le réseau jésuite. Tous les jours, il lui faut vingt minutes pour parcourir le demi-kilomètre qui sépare le Collège de l’Institut ; les rencontres sont nombreuses sur le chemin : tel ancien élève, la mère d’une connaissance, le père d’un de ses protégés du Quart-Monde, la fille d’une ancienne, autant de stations où Geo s’attarde, tant sa cordialité est spontanée. C’est à Saint-François-Xavier II qu’il termine sa carrière dans l’enseignement en 1988.

Retraité, Geo est toujours jeune et le Provincial a repéré son souci des plus petits. Il l’envoie, avec deux autres jésuites, commencer une implantation communautaire en milieu populaire dans les quartiers Nord de Liège. Le voilà donc de retour dans sa ville natale : pendant dix années, il travaille dans la paroisse Sainte-Foy, attentif surtout aux petites gens du Quart-Monde : visites, camps pour enfants, écoles de devoir…

Après une dizaine d’années, il demande au Provincial la permission d’accompagner le curé de la paroisse qui vient de prendre sa retraite, sur les hauteurs de Cité Ardente, en milieu rural. Le voilà prêtre auxiliaire dans la paroisse de Lantin, puis dans l’Unité Pastorale des Douze (Juprelle). Il y reste pendant pratiquement vingt années, installé dans une petite maison ouvrière, choyé par ses voisins, choyant ses deux chats. Il rejoint ses compagnons jésuites liégeois une à deux fois par semaine « pour la réunion hebdomadaire et … pour les frites du mercredi ».

Geo sillonne les villages, sur sa petite moto, en vrai pasteur de ces communautés rurales. Les paroissiens ne s’y sont pas trompés : le plus franciscain des jésuites ou encore le mauvais élève qu’il prétend avoir été, a touché bien des cœurs et fait verser bien des larmes quand il s’est éteint à l’âge de 97 ans – il ne souhaite pas mourir vieux ! Pour ses funérailles, l’église de Juprelle apparaît bien petite pour accueillir tous ceux qui lui rendent hommage.

Thierry DOBBELSTEIN sj