Jacques Berleur Né à Namur (Belgique) le 22 juillet 1938, Jacques BERLEUR a rejoint la Compagnie de Jésus en novembre 1961 avec le diplôme d’ingénieur civil de l’Université Catholique de Louvain. Au terme de sa formation de jésuite en philosophie, il arrive, de manière discrète, aux Facultés Universitaires Notre Dame de la Paix (FUNDP) à Namur avec la charge de la surveillance du home des étudiants de Sciences économiques ; puis, il gagne Fourvière (Lyon) pour y suivre le programme de théologie et y être ordonné prêtre le 26 juin 1971.

Un futur collègue, qui est en train de finaliser, pendant cette période, la création de l’Institut d’Informatique des FUNDP, note ceci : « Ayant demandé au recteur Jacques DENIS, si un jésuite pouvait rejoindre l’Institut pour prendre en charge les dimensions d’ordre épistémologique et psychosociologique de l’informatique, il me répondit de prendre contact avec toi, Jacques, précisant « il est ingénieur ». Le contact fut positif. Tu nous rejoignais lors de l’année académique 1972-1973. » Ces dimensions, Jacques va les porter à un niveau d’excellence. Bourreau de travail, il sera présent sur tous les fronts : enseignement (professeur de méta-informatique, de philosophie et de sciences religieuses), publications aussi variées que prolifiques, conférences, gestion du Centre religieux universitaire (CRU), lien fort avec le mouvement LST (Luttes Solidarités Travail), attention au Tiers-Monde.

Devenu directeur de l’Institut en 1979, il assumera parfaitement cette responsabilité au point d’être reconnu par ses pairs apte pour le rectorat. Il y succédera en 1985 au Père TROISFONTAINES et exercera cette fonction pendant deux mandats. Devenu émérite en 2003, il continuera à travailler dans la réflexion éthique du monde informatique et au service de l’Association des établissements jésuites d’enseignement supérieur en Europe et au Liban.

Jacques a été perçu comme une personne aux idées engagées, ce qui n’est pas simple là où règne la liberté académique. Il avait une vision tranchée des valeurs qui doivent sous-tendre, dans toute l’Université, l’enseignement, la recherche et les services à la société. Il ne manquait pas de les rappeler dans chacun de ses discours lors des rentrées académiques. Il avait le courage de porter sa vision au prix de ce qu’un collègue qualifie de « tourmentes dans lesquelles il était l’épicentre ».

À l’écoute d’abord, Jacques s’informait soucieux qu’il était de bien cerner l’objet de la rencontre. Généreux de son temps, il entrait alors en dialogue. Il tenait à expliquer patiemment sa ligne de conduite. Les divergences s’estompaient vers un apaisement qui débouchait sur des résultats clairs, compréhensibles, décevants, parfois, mais précieux.

Jacques est décédé ce dimanche 26 avril 2020 après-midi à la Résidence ‘Les Lauriers’ de Namur (la Plante). Homme responsable, philosophe pointu, ingénieur curieux, accueillant, souriant, chaleureux, courageux, ouvert aux autres et à l’amour de Dieu. Mais aussi, homme de souffrance, de doute, pas toujours compris, vivant une vieillesse fragile. Son rire sonore résonne encore dans les oreilles de celles et ceux qui l’ont connu.

Il a trouvé la paix à laquelle sa vie lui donne largement accès et il reste avec nous.

Pierre DEVOS sj