Jacques PERRIN est né en 1919, à Levallois-Perret. Après les études secondaires à Aix-en-Provence, il fait deux années d’études supérieures à l’Institut de Chimie à Paris. Jeune officier durant la « drôle de guerre », il doit interrompre ses études. En tant qu’instructeur de conduite sur side-car, un grave accident met fin à son séjour dans l’armée. La convalescence lui donne du temps pour lire des philosophes en vogue comme Bergson, Bachelard et aussi Pascal. Cette réflexion le conduit à la décision capitale : devenir prêtre. Après cinq années au Grand Séminaire de Nice, Jacques entre au noviciat de la Compagnie de Jésus en 1946.

Après le noviciat, il est envoyé au collège Saint-Michel de Saint-Étienne pour deux années de régence comme professeur d’anglais et responsable de division. En 1950, il est au scolasticat de théologie à Lyon-Fourvière, il y est ordonné prêtre au terme de la seconde année. Et, après une troisième année d’études, il fait son troisième an à Paray-le-Monial. Il est alors envoyé à Rome pour deux années d’études en théologie morale. Ce sera sa spécialité, que d’abord il enseignera à Fourvière durant quatre ans. C’est de ces années-là que date le fameux Calvez-Perrin, Église et société économique, chez Aubier, qui fera référence sur l’enseignement social des papes (de Léon XIII à Pie XII).

A partir de 1960, ce sera Marseille, où sa compétence en morale – morale sociale, morale économique – se déclinera sous des formes diverses : comme aumônier des ingénieurs, cadres et dirigeants d’entreprises, aumônier du MCC, comme animateur du Secrétariat Social – instance de réflexion et de formation dans la tradition du catholicisme social à Marseille –, chargé du Centre d’étude et d’action sociales, comme rédacteur à l’hebdomadaire Semaine Provence, où il a tenu régulièrement une rubrique économique sous le nom de Jacques Levallois, et, à nouveau, comme professeur de morale sociale, au séminaire de Toulon, à Marseille, à Aix La Baume, et aussi au Tchad où il a effectué plusieurs séjours pour y enseigner au séminaire. Et c’est vers lui que beaucoup – beaucoup d’entre nous en tout cas – se tournaient ; c’est lui que beaucoup écoutaient volontiers, quand il s’agissait de questions sociales ou quand il s’agissait d’entrer dans la richesse et la complexité des réalités marseillaises.

Durant toutes ces années, en communauté, il lui a été demandé, à divers moments, d’exercer les charges de supérieur, ministre, économe, sous-ministre, vice-supérieur. Et il a exercé les responsabilités qui lui étaient confiées avec les qualités que connaissaient ceux qui vivaient avec lui : l’attention fraternelle, la discrétion, l’élégance, le souci de présence à ses compagnons dans leurs ministères, de présence aux réalités du monde et de l’Église, et la distance critique, bienveillante et pleine d’humour, si précieuse pour modérer les conflits.

Quand le grand âge s’est annoncé, quand la promenade quotidienne au parc du 26ème centenaire n’a plus été suffisante pour tenir debout, il a souhaité demeurer à Marseille chez les Petites Sœurs des Pauvres. Et, là, se trouvant de nouveaux complices chez les résidents, en la personne notamment des pères Olivieri et Daniel Gilbert, avec les visites de ses compagnons et de sa famille, et grâce à l’attention minutieuse, quotidienne et stimulante de Madame Castro, Paulette, il a pu continuer à faire fructifier, dans la patience des jours, les talents de sagesse qu’il avait reçus. Jacques nous a quittés, dimanche 24 juin, dans la paix et la confiance en ce qui lui était donné.

Christian BARDET sj (Marseille) et Patrice PERRIN